Le bruit et la fureur médiatique contre Le Grand Méchant Mélenchon.

dimanche 31 décembre 2023.
 

Voici une analyse critique d’Acrimed des médias oligarchiques qui se coalisent pour la destruction politique de LFI et de Mélenchon.

Préambule

* Les médias de masse constituent le principal instrument idéologique de domination des oligarchies en place, visant à se maintenir au pouvoir par la fabrication du consentement à cette domination. Une analyse critique systématique des médias est donc nécessaire pour échapper ponctuellement ou globalement à cette domination qui envahit les esprits. L’article suivant montre, dans une situation précise, comment cette critique peut s’exercer.

Le site d’Acrimed et le site Investigaction sont deux références de qualité pour obtenir une analyse critique intelligente et approfondie des grands médias. Ils mettent en lumière les différentes techniques de manipulation de l’information : dissimulation de faits sensibles gênants pour le pouvoir économique et politique, propagande libérale, stigmatisation et marginalisation des porteurs d’une pensée critique alternative, dénigrement continu des opposants politiques dangereux pour le système en place, utilisation quasi systématique de la peur et de la division de la population, etc.

L’absence de toute pensée dans les discours médiatiques qui suivent montre l’état de mort cérébrale dans lequel gît le « corps journalistique » aujourd’hui en France.

*

L’acharnement médiatique contre Jean-Luc Mélenchon depuis 2012, toujours diabolisé, relève d’une construction fictionnelle rocambolesque.

On pourrait ainsi créer un feuilleton radiophonique analogue à « Signé Furax » qui a été un grand succès populaire entre 1956 et 1961 sur Europe 1.

**

Un tweet de Mélenchon et un concert d’indignations médiatiques

par Acrimed, mardi 12 décembre 2023

https://www.acrimed.org/Un-tweet-de...

Retour sur une « polémique » qui a agité le microcosme médiatique.

Le 3 décembre, sur LCI, le député LFI Manuel Bompard était invité de « L’événement du dimanche ». En fin d’émission, une intervention de Jean-Luc Mélenchon est diffusée dans laquelle il critique Marine Tondelier pour avoir affirmé qu’il était « débile » de crier « Allah Akbar » lors d’une manifestation pour le peuple palestinien – propos dont elle s’est excusée depuis – : « Va-t-en dans une cité populaire en tenant la main d’un Vert qui a expliqué que dire "Allah Akbar" c’est "débile" ! Vas-y, tu vas voir qui c’est le boulet, si c’est moi ou […] elle ! » Sur la foi de cet extrait, Ruth Elkrief soutient laborieusement que Jean-Luc Mélenchon encouragerait par là-même le communautarisme :

En fait, il faut aller dans une cité populaire, et… et… enfin moi j’essaye de comprendre ce qu’a dit… et c’est Marie [Chantrait] qui l’avait fait remarquer […] Ça veut dire… euh… une cité populaire… non, non, mais ça veut dire quoi ? Ça veut dire que, dans une cité populaire, tous disent « Allah Akbar », et il faut dire la même chose ? C’est pas vrai, c’est pas vrai, c’est pas vrai ! […] C’est limiter les habitants de ces cités populaires.

Sur X (ex-Twitter), Jean-Luc Mélenchon réagit :

Si l’on peut sans difficulté trouver à redire de ce type de communication, la sphère politico-médiatique s’emballe et s’illustre une nouvelle fois par son sens de la proportion : en dehors du soutien légitime que peuvent apporter des confrères face aux menaces dont fait l’objet la journaliste sur les réseaux sociaux [1], le tweet débouche en effet sur un éloge grandiloquent de Ruth Elkrief – Agathe Lambret mettra par exemple en avant « sa rigueur, son honnêteté intellectuelle », « une de nos consœurs les plus remarquables » dira Pascal Praud –, et sur un énième démontage de Jean-Luc Mélenchon, accompagné de nouvelles accusations d’antisémitisme. Tout est mélangé, et toute la corporation éditocratique se mobilise d’une seule voix.

Jugeons plutôt : Jean-Luc Mélenchon « se "Jean-Marie lepénise" chaque jour davantage » (Nicolas Domenach et Maurice Szafran, Challenges, 4/12) ; il est un « Hanouna de la gauche » (Yaël Goosz, France Inter, 5/12) ; « l’imam Jean-Luc Mélenchon » (Stéphane Manigold, RMC, 6/12) ; son tweet « suinte et sent très fort l’antisémitisme » (Romain Desarbres, X, 4/12) ; « éructations antisémites d’un bouffon à la retraite » (Raphaël Enthoven, X, 4/12). Et ainsi de suite, jusqu’à la lie… ou plutôt jusqu’à l’appel à boycott : « Peux-on [sic] imaginer que Mélenchon soit encore invité par les journalistes qu’il insulte à longueur de tweet. Donner la parole à tous les courants politiques est une chose, être maso en est une autre. Il faut savoir dire : ça suffit. » (Robert Namias, X, 3/12) Ou encore : « Le PDG TF1 doit dire que M. Mélenchon ne mettra plus les pieds sur notre chaîne » (Pascal Praud, CNews, 4/12). Jusqu’à cet échange éloquent sur l’état du débat politique et médiatique en France. RTL, 6 décembre :

- Amandine Bégot : Vous lui dites quoi ce matin [à Jean-Luc Mélenchon], « tais-toi » ?

- Gérard Larcher : Oui, ferme ta gueule.

- Amandine Bégot : Merci beaucoup Gérard Larcher.

Pas de quoi offusquer Nathalie Saint-Cricq, qui, sur France Inter (10/12), cite au contraire les propos du président du Sénat en s’esclaffant, revendiquant « un peu de légèreté » – une manière de « s’aérer un petit peu » – pour mieux conclure : « Je crois quand même, de ce que j’ai entendu autour de moi, que certains ont trouvé ça très appréciable que de temps en temps, les politiques disent ce que beaucoup pensent. »

Tous les éditorialistes ou presque auront tweeté leur soutien à Ruth Elkrief et leur « condamnation » du tweet de Jean-Luc Mélenchon (mais peu sembleront s’être indignés des propos de Gérard Larcher). Plusieurs jours durant, débats télévisés et éditos dans la presse auront été consacrés à cette « polémique », souvent dans l’outrance et le grand n’importe quoi. À l’instar d’un plateau unanimiste de Public Sénat le 9 décembre : alors que le présentateur formule sa question inepte – « Assiste-t-on à une dieudonnisation de Jean-Luc Mélenchon ? » –, un éditorialiste politique de Libération trouve plutôt « tentant » d’opter pour une formule que l’« on entend parfois », c’est-à-dire « une jean-marie-lepénisation dans la façon d’être présent dans le débat public ». « Je dirais même trumpisation, renchérit une journaliste politique de RMC. [...] Marine Le Pen se normalise, et lui, sort du champ républicain. » L’éditorialiste Nicolas Baverez confirme : « La bonne référence, vous l’avez dit, c’est Donald Trump » ; pousse encore un peu l’analyse : « C’est la même rhétorique que Vladimir Poutine », juste après avoir osé : « On est quand même le seul pays où l’on égorge les professeurs, donc maintenant, l’appel à égorger les journalistes. Parce que c’est quand même à ça que ça revient. » Qui met de l’huile sur le feu ?

Informer sur l’état du champ politique ? Critiquer la ligne de la première force politique de gauche ? Ou simplement disqualifier Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, contre lesquels les chefferies médiatiques sont mobilisées, très régulièrement, depuis des mois, ou devrait-on dire... des années. On peut les comprendre : de quoi parler, sinon de ça ? Guerres, crise climatique, inflation, bouleversements géopolitiques, triomphe des extrêmes droites ? La bulle politico-médiatique, ivre d’elle-même, en pleine démonstration de sa vacuité et de son inconséquence, a apporté sa réponse.

Post-scriptum : Seulement quelques jours après cette séquence, la journaliste guadeloupéenne Barbara Olivier-Zandronis fut évincée de la présentation du « 13h » de la radio RCI par la direction pour sa conduite sans complaisance d’une interview du président du RN Jordan Bardella (8/12), lequel la prit directement à partie pendant le direct : « Vous avez votre carte dans quel parti politique, Madame ? » ; « Vous m’agressez depuis à peu près neuf minutes. » On cherche encore la vague de soutien de toute la corporation à l’égard de cette journaliste sanctionnée pour avoir fait son travail, mais également ses grands cris de condamnation contre le président du RN. On cherche...

[1] Le lendemain, Gérald Darmanin annoncera, sur BFM-TV/RMC, avoir décidé, « vu les menaces de M. Mélenchon et d’autres, puisque c’est un déchaînement de haine sur Internet, de remettre une protection policière » à Ruth Elkrief.

**

Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

**

Annexe

Interview de Manuel Bompard sur LCI le 03/12/2023

https://www.youtube.com/watch?v=GGH...

Site d’Acrimed https://www.acrimed.org/

**

HD


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message