Les médias , La France Insoumise, Macron et le Rassemblement National

samedi 19 janvier 2019.
 

La statégie médiatique au service des puissants se résume en une seule phrase : Tout sauf La France Insoumise. La mise en œuvre de cette stratégie se révèle néanmoins élaborée lorsque l’on prend le temps de l’analyser.

La grande bourgeoisie dispose de quatre viviers politiques pour assurer sa domination qui sont les suivants (par ordre de préférence décroissant ) :

- la droite et le centre

la sociale démocratie libérale

la sociale-démocratie moins libérale mais atlantiste

l’extrême droite en dernier recours.

Les forces plus ou moins anticapitalistes NPA, France Insoumise sont ignorées ou combattues car elles proposent une réelle alternative au système économique dominant.

Nous ne reviendrons pas ici en détails sur notre analyse de l’appareil médiatique. Rappelons qu’il ne faut pas mettre dans le même sac tous les journalistes concernant la propagation de l’idéologie libérale dominante.

Nous avons dénommé "agents de l’action idéologique" (AAI) les professionnels de l’information dont les journalistes qui ont pour fonction d’assurer la reproduction de la classe dominante.

Nous les avons sous- classés en : théologiens, prêtres et soldats.

Les deux premiers sont chargés d’élaborer et de transmettre sereinement l’idéologie ultralibérale et les soldats de neutraliser les mouvements politiques alternatifs surtout si leur base électorale devient relativement importante.

C’est évidemment le cas de La France Insoumise.

Les stratégies médiatiques utilisées sont assez semblables à des stratégies militaires : attaque frontale par la calomnie, sur l’intégrité morale, la propagation de fausses nouvelles, la déformation, la censure, l’effacement partiel ; la neutralisation par la valorisation de mouvements concurrents minoritaires latéraux (en cette période : PS, Génération, Debout la France, EELV).

Une tentative de division tantôt interne, tantôt avec les alliés du mouvement est également une stratégie d’attaque utilisée.

Ces tentatives de neutralisation latérales ne réussissent pas forcément comme on l’a vu avec l’échec de la survalorisation de l’espace médiatique de Benoît Hamon.

Cette action peut avoir trois effets : siphonner quelques voix vers des mouvements minoritaires ; renforcer le RN comme cela se passe dans de nombreux pays pour l’extrême droite ; augmenter les abstentions et les votes blancs.

On comprend alors l’attitude plus ou moins agressive de Mélenchon et des adhérents de France Insoumise à l’égard de certains médias.

Mais alors se pose une question : comment expliquer aussi l’agressivité de l’extrême droite vis-à-vis des médias ?

Certains vont jusqu’à comparer Mélenchon, Jean-Marie Le Pen, Donald Trump dans leur agressivité à l’égard des journalistes.

Ceci n’est-il pas en contradiction avec l’idée que l’extrême droite pourrait servir la classe dominante ?

Pour comprendre cette apparente contradiction, il faut analyser la stratégie médiatique des agents de l’action idéologique et de la grande bourgeoisie dont ils sont les serviteurs.

D’abord, on assure une visibilité suffisante à l’extrême droite pour que les thèmes centraux de celle-ci soient connus du grand public (sécurité, immigration, identité nationale…)

On peut vérifier cette affirmation en consultant les temps d’antenne de Marine Le Pen à l’occasion par exemple des dernières élections présidentielles supérieurs de 58 % à celui de Mélenchon.

En outre, la valorisation des faits divers générateurs d’insécurité constitue une base continue accompagnant le chant libéral quotidien notamment dans la presse locale qui entre en résonance avec les thèmes sécuritaires du RN.

Mais en même temps, les AAI dénigrent et déforment les positions du FN devenu RN.

L’effacement partiel du RN qui n’est pas invité à de nombreuses émissions, renforce donc le mécontentement de l’extrême droite. Mais globalement, couplée à la stratégie de neutralisation des forces politiques alternatives, cela permet à l’extrême droite de réaliser un score électoral relativement important.

Pour empêcher un débouché de cette popularité essentiellement construite médiatiquement, sur le plan de la représentation dans les assemblées, le mode de scrutin et le découpage électoral sont, comme pour La France Insoumise, très défavorables à l’extrême droite.

Cela permet ainsi d’instrumentaliser l’extrême droite comme épouvantail pour une partie de l’électorat dit de gauche et de l’électorat de droite.

Évidemment, Macron a fait pleinement appel à cette stratégie qu’il utilisera encore pour les élections européennes. On a d’un côté les démocrates, les « progressistes » et de l’autre les « populistes », les « nationalistes » ; entre les deux : rien. France Insoumise n’existe pas ou est reléguée dans les rangs des « populistes », entretenant ainsi la confusion.

En France, comme en Allemagne, les deux premiers viviers n’étant plus suffisants pour assurer la base politique de la grande bourgeoisie, celle-ci a décidé de fondre ses deux premiers viviers en un seul : C’est l’opération Macron ou la coalition Merkel–SPD.

Pour neutraliser France Insoumise, dans ce nouveau contexte, la grande bourgeoisie favorise la formation d’un front social-démocrate en donnant un espace médiatique à celui-ci.

L’opération Benoît Hamon–Raphael Glucksmann par un attelage Génération-Place publique est en cours...

Mais une difficulté de taille vient de survenir : l’autonomisation de la gauche historique du PS formera une coalition avec France Insoumise fondée sur un grand nombre de convergences (Marie-Noelle Lienemann, Emmanuel Maurel...). A cela, une coalition avec le PCF n’est pas exclue (Francis Parny, communiste insoumis).

C’est dans ce contexte que l’on pourrait envisager un coup de force judiciaro-médiatique contre France Insoumise.

L’effet immédiat d’une telle offensive est évidemment la montée du RN et quelques miettes ailleurs.

La grande bourgeoisie a donc actuellement 2 fers au feu en cas d’échec de « l’ultra centre » macronien : un nouveau front social-démocrate plus ou moins libéral très difficile à développer et le RN.

Pour éviter à tout prix l’accès au pouvoir d’une coalition à gauche incluant France Insoumise, les serviteurs politiques de la grande bourgeoisie vont donc redéfinir le mode de scrutin ou le découpage électoral pour que le RN puisse, éventuellement avec un apport d’une partie de la droite, accéder au pouvoir.

Face à cette situation, France Insoumise devra faire preuve d’une bonne unité d’action et d’une grande activité militante.

Hervé Debonrivage


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