L’animateur de CNews Jean-Marc Morandini condamné à un an de prison avec sursis pour corruption de mineurs

mardi 13 décembre 2022.
 

Jugé pour corruption de mineurs sur deux jeunes de 15 ans et un autre de 16 ans, l’animateur de CNews a été condamné lundi à un an de prison avec sursis.

Les juges n’ont donc pas cru à l’amnésie de Jean-Marc Morandini et ne partagent pas son humour. La 15e chambre du tribunal judiciaire de Paris a condamné lundi l’animateur à un an de prison avec sursis. En plus d’une obligation de réparation, le tribunal a notifié une obligation de soin. L’animateur est désormais inscrit au Fijais, le fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Le tribunal a donc suivi les réquisitions du procureur de la République qui, « inquiet pour l’avenir » et déplorant l’absence de toute « prise de conscience », avait requis un an de prison avec sursis et une obligation de soin.

Jugé le 24 octobre pour corruption de mineurs sur deux jeunes de 15 ans et un autre de 16 ans, l’animateur de CNews avait juré ne pas avoir d’attirance pour les enfants et plaidait tantôt l’humour, tantôt l’amnésie. On lui reprochait de nombreux messages envoyés à deux jeunes de 15 ans, en 2013 et en 2015-2016, qui consistaient pour l’un à évoquer des scénarios sexuels et, pour le second, à lui demander d’envoyer une photo de lui dénudé. Il était aussi accusé d’avoir attiré un autre jeune dans un « traquenard » : un casting où ce dernier devait se masturber devant l’animateur.

« Le tribunal ne peut qu’interroger le sérieux du casting litigieux et voit dans sa démarche une volonté de pervertir la sexualité de cet adolescent en l’invitant à se dénuder puis à se masturber. La brutalité de cette intrusion est confirmée par le traumatisme important révélé par l’expertise psychologique », a expliqué la présidente ce lundi. Et d’ajouter à propos des échanges SMS : « Le tribunal retient que la récurrence des échanges à connotation sexuelle malgré le malaise exprimé par le mineur caractérise non pas seulement un humour lourd mais bien une volonté de forcer les limites de cet adolescent, alors même qu’il avait manifesté sa gêne. » La présidente a tenu à préciser que Jean-Marc Morandini « n’est ni un prédateur ni un pédophile ». Ce dernier annonce d’ores et déjà faire appel.

Mediapart republie ci-dessous l’article « Jugé pour corruption de mineurs, Jean-Marc Morandini plaide l’amnésie et l’humour », mis en ligne le 24 octobre 2022.

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Ce procès n’aurait sans doute jamais existé sans les révélations des Inrocks en juillet 2016. Mais il n’a rien à voir avec cette enquête qui avait secoué le PAF et dans laquelle des comédiens accusent Jean-Marc Morandini d’avoir profité des castings pour les pousser à s’exhiber nus.

Lundi, devant la 15e chambre du tribunal judiciaire de Paris, il s’agit cette fois-ci de trois autres personnes pour qui le battage médiatique de 2016 avait fait remonter de sales souvenirs. Romuald*, Clément* et Simon* avaient fini par prendre attache avec la justice et dévoiler les échanges qu’ils avaient pu avoir avec l’animateur de CNews. Des échanges qui ont eu lieu bien avant 2016 et qui valent à Jean-Marc Morandini d’être poursuivi pour « corruption de mineurs ».

Pour « la sérénité des débats », la défense tente d’abord d’obtenir le huis clos afin que la presse sorte de la salle. Mais les plaignants, mineurs au moment des faits et sans doute plus légitimes à l’exiger, tiennent à la publicité des débats. Le tribunal rejette la demande. L’audience pourra être tweetée et chroniquée. « C’est cocasse cette demande pour quelqu’un dont l’activité principale est de rendre publics les faits divers », ne manque pas de souligner Me Anthony Mottais, l’un des avocats des parties civiles. Trois heures avant, en effet, le présentateur star de la chaîne parlait de la mort de Lola sur CNews, avec quatre invités dont l’un des porte-parole de Zemmour.

Des échanges à caractère sexuel avec un fan de 15 ans

Romuald d’abord. En mars 2013, le père de ce jeune garçon de 15 ans tombe sur une correspondance que celui-ci entretient avec Jean-Marc Morandini. L’animateur avait ajouté Romuald sur Twitter après l’avoir rencontré brièvement sur le plateau de l’une de ses émissions. Par DM, l’animateur échange de nombreux messages à caractère sexuel. Dans des récits très détaillés, il imagine Romuald lui faire une fellation, évoque des photos intimes, le questionne sur ses pratiques masturbatoires ou lui demande s’il « bande ».

Morandini : « Mdr, tu es si coquin derrière ton air sage. »

Romuald : « Oui je sais, il ne faut jamais se fier aux apparences. »

Morandini : « J’adore Et tu veux toucher aussi mdr ? »

Romuald : « Ça c’est plus compliqué à dire, et toi ? »

Morandini : « C’est toi le plus jeune alors tu décides ! »

Le père de Romuald contacte le 119 qui le dirige vers la brigade des mineurs. Il produit les messages qu’il a pu capturer sur le téléphone de son fils mais pense que celui-ci n’est pas prêt à déposer plainte. Il écrit aussi à Jean-Marc Morandini pour lui intimer l’ordre de cesser toute conversation avec son fils qui n’a que « 15 ans ».

Immédiatement, l’animateur répond qu’il a cessé d’échanger avec lui depuis trois semaines, date à laquelle il aurait découvert sa minorité. Connaissait-il son âge lorsqu’il sollicitait des photos ou parlait de fellation ? Jean-Marc Morandini ne se souvient de rien mais jure tout de même qu’il le croyait majeur. La juge, sceptique, liste les indices qui auraient pu sonner comme des avertissements. À chaque fois que Romuald s’était rendu sur le plateau de Morandini, c’était systématiquement accompagné d’un de ses parents. Dans les conversations, il précisait parfois vouloir répondre plus tard, le temps que sa mère le fasse « réciter » une leçon d’histoire. Sur sa photo de profil, Romuald faisait aussi très jeune, bien plus proche de 15 ans que de 18.

Il m’a demandé si la nudité me dérangeait, si je prenais ma douche nu, si j’acceptais d’envoyer une photo nu de moi.

Jean-Marc Morandini tient tête à la juge, ne voit pas vraiment le problème et s’en prend à la famille de Romuald. « Vu les échanges que nous avons eus, je pense qu’à aucun moment il n’a été choqué. Je pense que le problème c’est que son papa, rabbin, a découvert ces échanges avec un homme », argumente-t-il, regrettant ensuite qu’il n’y ait pas l’intégralité de la correspondance. Elle prouverait selon lui que le jeune était parfois à l’initiative.

Certains messages, en tout cas, fragilisent la défense de Morandini. Comme lorsqu’il s’inquiète et craint que la mère du jeune garçon découvre leur conversation. « Ouf », écrit-il quand Romuald écarte cette possibilité. « Soutenir qu’il ne connaissait pas son âge, c’est de la mauvaise foi », s’agace le procureur, regrettant l’absence du jeune garçon. Après les révélations des Inrocks, Romuald avait déposé plainte et livré d’autres messages à la brigade des mineurs. Il a soudainement changé de version et souhaité se désister sans que cela empêche le parquet de maintenir ses poursuites.

Des photos d’un enfant de 15 ans contre un stage

En novembre 2019, Simon dépose une main courante avant d’être lui aussi reçu par la brigade des mineurs. Il revient alors sur les échanges qu’il a eus, toujours sur Twitter, quatre ans auparavant, alors qu’il n’avait que 15 ans. Déçu de ne pas pouvoir faire un stage de troisième, il écrit à Jean-Marc Morandini et dévoile son intérêt pour le monde des médias avant que la conversation ne dérive. « Il m’a demandé si la nudité me dérangeait, si je prenais ma douche nu, si j’acceptais d’envoyer une photo nu de moi », raconte Simon, très ému. Les messages montrent cette fois-ci que Morandini n’a aucun doute sur la minorité de son interlocuteur.

Pour se défendre, l’animateur plaide l’humour : « C’est une vanne, certes lourde peut-être, mais c’est une vanne. » Un véritable comique de répétition alors. Jean-Marc Morandini a demandé pas moins de 41 fois une photo de nu en moins de deux mois. « J’ai fini par lui envoyer une photo d’un sexe que j’avais trouvé sur Internet », explique Simon en larmes. « Je l’ai repoussé, repoussé et j’ai craqué en envoyant une photo car c’était le seul moyen d’avoir accès aux médias. Je viens d’un milieu modeste, c’était ma seule porte », lâche Simon qui ajoute avoir eu un véritable « sentiment de honte ».

Les échanges montrent un jeune garçon mal à l’aise, contraint de rappeler lui-même la loi.

Simon : « Ça devient très très bizarre comme conversation. »

Morandini : « Bah, on arrête alors, mais j’attends ma photo. »

Simon : « En fait, je suis mineur. Donc, je ne veux pas de problème. »

Morandini : « En même temps, il n’y a rien de grave. Tu t’amuses comme tu veux. »

Le présentateur de CNews promet de le faire venir visiter ses locaux ou fait miroiter une rencontre avec Cyril Hanouna. « Une photo et je t’invite à Paris », insiste l’adulte. « Oh comme vous forcez », recadre l’adolescent. « Il n’y a rien de grave », rétorque l’ex-présentateur de NRJ 12 qui dément toute proposition sexuelle, parle « d’un simple défi » et reconnaît seulement quelques « erreurs et maladresses ».

Un casting comme « traquenard »

En 2016, Clément aurait aussi repensé à son histoire et souhaité déposer plainte. Il explique qu’en 2009, alors qu’il a 16 ans, il a été contacté par une certaine Claire sur un site de casting. Derrière ce pseudo se cache Jean-Marc Morandini. Il lui propose de passer un casting chez lui pour un remake de Ken Park. Un film comportant de nombreuses scènes violentes et pornographiques, interdit aux moins de 16 ans puis de 18 ans en France. Un pur « traquenard », selon Me Francis Szpiner, l’avocat de Clément et de l’association La Voix de l’enfant que le jeune avait d’abord sollicitée.

Jean-Marc Morandini affirme que le projet de film était confidentiel mais bien réel. Me Szpiner balaie les arguments de l’animateur qu’il qualifie de « prédateur qui se servait de sa notoriété ». Comment croire qu’il comptait tourner ce film alors qu’il n’avait pas acheté les droits, pas trouvé de scénariste ni de metteur en scène et qu’il n’avait parlé de son projet à personne, pas même à son compagnon de 20 ans ?

Clément revient sur ce rendez-vous « traumatisant ». Selon lui, Jean-Marc Morandini lui avait montré des extraits violents du film avant de lui demander de se déshabiller puis de rejouer une scène de masturbation. Face au refus du jeune garçon, Jean-Marc Morandini se serait ensuite montré humiliant. « Il m’a dit que j’étais coincé et que j’avais un petit sexe et que pour le rôle, je n’étais pas assez développé. Il m’a montré les photos d’autres acteurs en me disant qu’ils avaient un plus gros sexe », explique Clément, qui aurait alors trouvé le courage de quitter l’endroit. L’animateur ne se souvient de rien, mais dément catégoriquement : « Quand je reçois un acteur, je ne vais pas l’insulter. Je ne m’en souviens pas, mais cela ne me ressemble pas. Je ne reconnais aucun des mots. » Et pour l’âge ? « Il m’a peut-être dit qu’il avait 18 ans… »

La prise de conscience n’est pas là. Elle n’existe pas chez monsieur Morandini et évidemment cela m’inquiète pour l’avenir.

Le procureur à l’audience

À la barre, Jean-Marc Morandini se montre parfois désinvolte, parfois hautain. « Je me retrouve au tribunal pour trois conneries », lâche-t-il par exemple avant d’être immédiatement corrigé par la présidente : « Vous êtes ici pour trois délits. » Au fil des débats, le ton est moins arrogant. La star de CNews dit souffrir depuis 2016 et concède une certaine « insouciance ». « Mon image publique devait se coller au personnage de NRJ 12, une chaîne qui avait pour thème principal la télé-réalité et la sexualité », lâche-t-il, reconnaissant avoir pu « être dépassé par ce personnage » qui était, selon lui, sans cesse sollicité par de jeunes fans : « Mon personnage médiatique aujourd’hui sur CNews est beaucoup plus proche de ma réalité. On ne me sollicite plus comme on me sollicitait à l’époque d’ailleurs, sauf pour des invectives politiques. »

Ses avocates tentent de décrédibiliser les parties civiles, de pointer certains témoignages contradictoires et d’affirmer qu’à chaque fois, une seule version existe puisque Jean-Marc Morandini a oublié l’essentiel. « On sait tous que le temps nous permet certaines déformations ou reconstitutions. Que les souvenirs ne sont pas toujours exacts », lance Me Corinne Dreyfus-Schmidt pour qui les preuves manquent cruellement. Elle demande une relaxe.

Pour le procureur en revanche, un système semble au contraire se dessiner. Morandini aurait mis en place un « hameçonnage » pour pêcher plusieurs victimes. « On est dans une sérialité. On sait que des mails et messages sont envoyés par dizaines », estime-t-il : « Morandini vient nous dire que c’est de l’humour avec pour seule défense ses fameux smileys. C’est difficilement tenable. J’ai beaucoup de dossiers de pédocriminalité où l’on constate au contraire que les adultes utilisent les codes de l’enfant pour mettre en confiance. C’est une stratégie d’approche. Ces smileys sont à charge et non à décharge », lance-t-il avant de demander une peine d’un an avec sursis. « La prise de conscience n’est pas là. Elle n’existe pas chez monsieur Morandini et évidemment cela m’inquiète pour l’avenir. »

Pendant les sept heures d’audience, Jean-Marc Morandini n’a cessé de dire qu’il ignorait la minorité de la plupart des plaignants et qu’il n’avait aucun attrait pour les mineurs. « Si j’avais su la minorité de Romuald, j’aurais immédiatement cessé mes échanges », a-t-il insisté.

Des messages qui fragilisent un peu plus sa défense

Dans d’autres affaires pourtant, il s’est montré moins scrupuleux. Dans des messages datant de 2012 envoyés à un autre de ses fans et récupérés par Mediapart, Jean-Marc Morandini montrait là encore que la minorité ne lui posait aucun problème.

Gabriel*, 17 ans à l’époque, le remerciait de l’investissement qu’il pouvait consacrer à son public. « C’est gentil ! Tu as l’air tout jeune sur ta photo ! Tu as quel âge ? », interrogeait alors l’animateur qui officiait sur Europe 1 et NRJ 12. « Je suis jeune ! J’ai 17 ans exactement… », répondait Gabriel. « Tu as l’air d’en avoir 14 ou 15 sur ta photo :-) », remarquait-il. La discussion s’est ensuite poursuivie et comme pour certains plaignants au procès, l’animateur a demandé que Gabriel lui envoie des photos.

Tu sais en France la majorité sexuelle est à 15 ans :-)) Il suffit juste de vouloir :-)

Des messages de Morandini consultés par Mediapart

Quelques mois plus tard, lorsque le jeune lui souhaite son anniversaire, Morandini se fait plus précis.

« Je te souhaite un excellent anniversaire. Profites-en-bien. Je t’embrasse fort », lance le jeune garçon.

« Merci ! Et c’est quand les bisous en vrai ? :-) », interroge Jean-Marc Morandini.

« Je ne sais pas. Une fois que j’aurai mes 18 ans ? ;-) »

Réponse de l’animateur : « Tu sais en France la majorité sexuelle est à 15 ans :-)) Il suffit juste de vouloir :-) »

Dans une autre enquête de Mediapart révélée en mai dernier, le présentateur montrait qu’il se soucie vraiment peu de l’âge des personnes qu’il souhaite voir nues. À l’occasion d’une affaire d’agression sexuelle sur mineur jugée en 2021, des échanges entre le mis en cause et l’animateur de CNews ont été retrouvés par les enquêteurs. Ils montraient comment Jean-Marc Morandini avait pu inciter son « ami » à lui envoyer des photos de son filleul de 16 ans dénudé.

Arnaud C. et Jean-Marc Morandini ont en effet échangé une centaine de messages entre mai et août 2017. La correspondance a lieu sur WhatsApp, « la seule messagerie protégée et cryptée », selon l’animateur. Arnaud C. raconte ensuite qu’il veut séduire son filleul pendant ses vacances, en précisant d’emblée à l’animateur que celui-ci n’a que 16 ans. Il ajoute qu’il « attend ça depuis deux ans » et détaille ce qu’il souhaite lui faire sexuellement, avant d’envoyer une photo de lui en compagnie du jeune garçon.

« Tu m’enverras les photos de tes vacances », demande alors l’animateur, qui semble regretter de ne recevoir que « des photos pros », montrant le garçon en tenue de sport au triathlon et pas du parrain avec son filleul. « Oui oui bien sûr. On part ce week-end. Il sait pas mais la première nuit à l’hôtel y a qu’un lit 2 places donc il va devoir dormir avec moi », répond alors Arnaud C. La nuit en question sera celle lors de laquelle Arnaud C. agressera son filleul et pour laquelle il sera condamné.

Dans ces mêmes conversations, Jean-Marc Morandini reçoit aussi sans broncher d’autres photos volées du jeune de 16 ans, dont l’une montre son entrejambe habillé, cadré de très près. À aucun moment Jean-Marc Morandini ne stoppe la conversation ou ne montre une quelconque gêne. Au contraire, il l’incite à lui envoyer d’autres images, comme lorsque Arnaud C. envoie une photo de son filleul sous la douche. « Il prenait une douche dans un endroit public, donc en calbut », précise Arnaud C. Réponse de Jean-Marc Morandini : « Beh fo enlever lol ».

Lorsque le parrain lui précise qu’il a enlevé son caleçon la nuit précédente, l’animateur répète à plusieurs reprises « je crois que ce que je vois », comme pour l’inciter à lui faire parvenir des photos du jeune garçon nu. À la surprise des avocats présents au procès, l’animateur n’a malgré tout jamais été inquiété par la justice, ni même auditionné. Une décision « invraisemblable », selon l’avocat de la victime.

Jean-Marc Morandini aura en tout cas une seconde échéance judiciaire liée aux révélations des Inrocks. Accusé de harcèlement sexuel par de jeunes comédiens majeurs, il sera jugé devant le tribunal judiciaire de Paris pour « harcèlement sexuel » et « travail dissimulé », mais la date de ce procès n’est pas encore fixée.

S’agissant de l’audience tenue ce lundi, le jugement sera rendu le 5 décembre.

David Perrotin


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