Le Parti Socialiste du Congrès d’Epinay (13 juin 1971) à nos jours (article du site national PS)

mercredi 18 octobre 2006.
 

Première partie : La Convention des Institutions Républicaines

Le 13 juin 1971 à Epinay la CIR, le parti de François Mitterrand depuis 1964, a cessé d’exister pour se fondre dans un nouveau parti socialiste. La CIR est née au moment où les partis de gauche traditionnels subissaient une crise grave et se déchiraient. La CIR n’avait qu’un objectif : l’unification de la gauche non communiste, prélude à l’union de la gauche tout entière.

6 et 7 juin 1964 - Convention préparatoire des Institutions Républicaines au Palais d’Orsay, à Paris

24 et 25 avril 1965 - deuxième session de la CIR à Paris. La CIR accepte le projet de Grande Fédération de Gaston Defferre et participe aux négociations en vue de sa constitution 18 juin 1965 - échec des négociations : Gaston Defferre renonce à sa candidature à l’élection présidentielle 13 juillet 1965 - réunion, à l’initiative de la CIR, de représentants de la CIR, de la SFIO, du parti radical et des clubs 9 septembre 1965 - François Mitterrand annonce sa candidature à la présidence de la République 10 septembre 1965 - signature de la Charte de la FGDS 8 et 9 octobre 1965 - troisième session de la CIR à Paris. Ralliement officiel à la candidature de François Mitterrand 9 décembre 1965 - François Mitterrand est élu président de la FGDS 5 et 19 décembre 1965 - élections présidentielles

12 et 13 mars 1966 - quatrième session de la CIR à Lyon. François Mitterrand demande un resserrement des structures de la fédération et préconise la constitution d’in contre-gouvernement 11 et 12 juin 1966 - constitution du contre-gouvernement 11 et 12 juin 1966 - cinquième session de la CIR à Paris (politique étrangère et politique intérieure) 14 juillet 1966 - publication du programme de la FGDS 5 et 6 novembre 1966 - sixième session de la CIR à Clichy 22 décembre 1966 - déclaration commune PCF-FGDS : accord sur les désistements réciproques en vue des élections législatives (lors des précédentes élections la SFIO était engagée avec le MRP et le CNIP d’Antoine Pinay dans le Cartel des Non mais Guy Mollet avait fait une ouverture en principe sur quelques cas, entre les deux tours)

20 janvier 1967 - accords électoraux entre la FGDS et le PSU (ils permettront au PSU d’obtenir en mars 4 élus) 28 janvier 1967 - septième session de la CIR à Paris : élection d’un nouveau groupe permanent (la direction) 5 et 12 mars 1967 - succès de la gauche aux élections législatives. La CIR obtient 16 élus dont notamment Roland Dumas, Georges Fillioud, Georges Dayan, André Rousselet, Louis Mermaz, André Labarrère, Louis Périllier, Michel Dreyfus-Schmidt et Claude Estier 27 avril 1967 - le principe de la pondération de la représentation des différentes formations de la FGDS aux organismes dirigeants est adopté 11 mai 1967 - désignation du bureau politique « pondéré » de la FGDS 27et 28 mai 1967 - neuvième session de la CIR à Rennes (problèmes de l’emploi) 4 et 5 novembre 1967 - neuvième session de la CIR à Paris (politique étrangère) 15 novembre 1967 - accord au sein du bureau politique de la Fédération sur le resserrement des structures de la Fédération 16 et 17 décembre 1967 - congrès du Parti Radical à Toulouse qui approuve le projet de réforme de la Fédération

26 et 27 janvier 1968 - le congrès de la SFIO réuni à Suresnes approuve les nouvelles structures de la Fédération 3 et 4 février 1968 - le comité central élargi de de la CIR approuve les nouvelles structures 24 février 1968 - publication de la déclaration commune PCF-FGDS. Bilan des convergences et des divergences entre les deux formations (c’est l’amorce d’un programme commun) 23 et 24 mars 1968 - dixièmes assises de la CIR à Toulouse (problèmes de la région) 28 mai 1968 - conférence de presse de François Mitterrand qui préconise, eu égard à la situation, la constitution d’un gouvernement provisoire sous la direction de Pierre Mendès-France (mais le général de Gaulle de retour de Baden Baden où il a rencontré le général Massu, chef des troupes françaises stationnées en Allemagne, renonce au referendum envisagé et prononce la dissolution de l’Assemblée Nationale) 23 et 30 juin - Elections législatives. Défaite de la gauche. Malgré la présence systématique de candidats PSU la presque totalité des sortants FGDS-CIR maintiennent leurs scores au premier tour voire progressent (en particulier Georges Fillioud et André Labarrère) ; les sortants de la CIR améliorent au second tour le score de la gauche au second. Tous les sortants CIR - sauf François Mitterrand - sont néanmoins battus. 5 et 6 octobre 1968 - Onzième session de la CIR à Levallois-Perret. La CIR réclame la constitution d’un nouveau Parti Socialiste. 7 novembre 1968 - dernière réunion du comité exécutif de la FGDS. François Mitterrand démissionne de son poste de président. 23 et 24 septembre 1968 - le congrès du Parti Radical refuse de participer à la création du nouveau parti

29 et 30 mars 1969 - douzième session de la CIR à Saint-Gratien 27 avril 1969 - referendum sur la région et la réforme du Sénat. Démission du général de Gaulle. Alain Poher, président du Sénat, deviendra Président par intérim avril-mai 1969 - graves divergences entre la SFIO et la CIR sur le choix d’un candidat de gauche à l’élection présidentielle (« l’opération Stop-Mitterrand » décrite par l’universitaire Roger-Gérard Schwartzenberg, futur député et ministre radical de gauche) 4 mai 1969 - le congrès d’Alfortville , congrès constitutif du nouveau parti socialiste, se tient sans la CIR. Il désigne Gaston Defferre comme candidat à l’élection présidentielle 1er juin 1969 - premier tour de l’élection présidentielle : Gaston Defferre obtient 5% des voix (un certain nombre d’élus socialistes ont voté et fait voter pour Alain Poher dès le premier tour) 11 au 13 juillet 1969 - congrès d’Issy-les-Moulineaux et constitution définitive du nouveau parti socialiste avec la SFIO, la majeure partie de l’UCRG (Union des clubs pour le renouveau de la gauche, d’Alain Savary et Pierre Bérégovoy) et de l’UGCS (Union des Groupes et Clubs Socialistes, de Jean Poperen) et quelques conventionnels dissidents (André Labarrère, Michel Dreyfus-Schmidt) 6 et 7 décembre 1969 - treizièmes assises de la CIR à Saint-Denis. La CIR réitère ses propositions en vue de l’unification des socialistes. Elle accepte de mener avec le PSU des actions communes à la base. François Mitterrand propose un plan pour l’élaboration d’un Contrat Socialiste

23 et 24 mai 19670 - quatorzième session de la CIR à Saint-Fons. Discussion du Contrat Socialiste novembre - journées nationales de la CIR à Château-Vhinon ? François Mitterrand relance l’idée d’une unification des socialistes et préconise la fusion du parti socialiste et de la CIR 12 et 13 décembre 1970 - quinzième session de la CIR à suresnes. Les conventionnels approuvent par 587 mandats contre 102 les propositions de François Mitterrand 17 décembre 1970 - première réunion de la Délégation nationale pour l’unification des socialistes

1er février 1971 - la Délégation nationale rend publique un « appel pour l’union des socialistes » et les règles de préparation du congrès d’unification 16 mai 1971 - journée de la CIR à Vienne, dans l’Isère. Etude des propositions relatives aux structures du nouveau parti 11 au 13 juin 1971 - congrès d’unification des socialistes à Epinay-sur-Seine

Au lendemain du congrès d’Epinay, François Mitterrand sera Premier Secrétaire, Claude Estier, secrétaire national à la presse, Georges Fillioud, secrétaire national à l’organisation et à la propagande et Pierre Joxe Secrétaire national à la Formation

Deuxième partie : François Mitterrand d’Epinay à l’Elysée

En 1971 le congrès d’Epinay a fait, après quelques errements passés, le choix de l’union de la gauche. Premier Secrétaire de 1971 à 1981 François Mitterrand a méticuleusement construit un nouveau parti et l’a préparé à l’exercice des responsabilités gouvernementales. D’un parti largement dominé par le PC il a réussi à faire le le premier parti de la gauche et le premier parti de France.

1971 :

11 au 13 juin : congrès de l’unité des socialistes 16 juin : François Mitterrand est élu Premier secrétaire 7 juillet : première rencontre avec le PCF 20 juillet : participation du PS à la journée unitaire contre la guerre du Viet Nam 6 et 7 novembre : conférence nationale « Socialisme et Culture » avec Edmonde Charles-Roux, Paul Guimard, Claude Manceron ... 11 et 12 novembre : François Mitterrand rencontre Fidel Castro et Salvador Allende au Chili 18 novembre : premier numéro de « Combat Socialiste » 18 et 19 décembre : le Comité Directeur examine le projet de programme du PS

1972 :

janvier : parution du premier numéro de « L’Unité » (hebdomadaire du parti, dirigé par Claude Estier) 11 et 12 mars : Convention Nationale de Suresnes ; adoption du Programme du PS : « Changer la vie » 16 mars : le PS propose au PCF d’ouvrir des négociations sur le Programme commun 26 mars : Convention Nationale de Suresnes, appel à l’abstention ou au vote nul lors du referendum du 23 avril sur l’Europe 24 juin : le Comité Directeur examine le projet de Programme commun 27 juin : accord au sommet sur le Programme commun 2 juillet : création de la Fédération des élus socialistes 9 juillet : la Convention Nationale approuve le Programme commun de gouvernement de la gauche 12 juillet : signature officielle par le PS, le PCF et la minorité du Parti Radical (futur MRG) octobre : parution du premier numéro du « Poing et la Rose » (bulletin interne adressé à l’ensemble des membres du parti) 14 octobre : création d’un comité permanent de liaison de la gauche 17 octobre : publication de la nouvelle édition de Programme du Parti, augmenté du Programme commun 31 octobre : première réunion du comité de liaison 1er décembre ; meeting unitaire pour le Programme Commun, à Paris, Porte de Versailles

1973 :

février : reparution de « La Revue Socialiste » sous la direction de Pierre Joxe 4 et 11 mars : élections législatives. L’UGSD (Union de la Gauche socialiste et démocrate, PS et MRG) dépasse le PCF 22 au 24 juin : Congrès de Grenoble (première session du Congrès ordinaire). Lionel Jospin entre au Secrétariat National 23 et 30 septembre : élections cantonales, poussée du PS 15 et 16 décembre : congrès national extraordinaire sur l’Europe, à Bagnolet

1974 :

23 et 24 mars : Congrès National sur la réforme des statuts à Suresnes (seconde session du Congrès ordinaire) avril : premier numéro de la Nouvelle Revue Socialiste (Maurice Benassayag, rédacteur en chef) 8 avril : Congrès extraordinaire : François Mitterrand désigné, à l’unanimité, candidat à l’élection présidentielle (suite à la mort du président Georges Pompidou) 5 et 19 mai : élections présidentielles ; élection de Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand obtient 49% des suffrages septembre : lancement de la souscription « pour acheter la maison du Parti » octobre : premier numéro du bulletin « Armée Nouvelle ». Elections législatives partielles favorables au PS. Début de la polémique du PCF contre le PS. 12 et 13 octobre : Assises nationales pour le socialisme » à Paris (adhésion de Michel Rocard et d’un certain nombre de militants PSU, associatifs ou syndicalistes, souvent proches de la CFDT) décembre : inauguration du nouveau siège, 7 bis, Place du Palais Bourbon

1975 :

janvier : premier numéro de « L’Unité Agricole » 31 janvier au 2 février : Congrès de Pau 3 et 4 mai : Convention Nationale sur les relations PS-PCF (rapport Jospin) 15 mai : premier numéro du bulletin de presse « PS info » 22 et 23 mai : rencontre des leaders des PS de l’Europe du sud 5 et 6 juin : entretiens sur l’économie à Suresnes (« Les réponses socialistes à la crise du capitalisme », avec Stephen A. Marglin et John Kenneth Galbraith, professeurs d’économie à Harvard, Oleg Bogomolev, directeur de l’Institut d’économie du système socialiste mondial, URSS, Wassily Léontieff, prix Nobel d’économie, François Perroux, professeur d’économie au Collège de France et Bronislaw Minc, universitaire polonais) 21 et 22 juin : Convention Nationale sur l’autogestion 23 juin : grand meeting socialiste à Paris 12 et 19 octobre : élection législative partielle de Châtellerault (candidature d’Edith cresson soutenue sur le terrain par les dirigeants et de nombreux parlementaires) 6 novembre : premiers « Entretiens du Jeudi » au siège du parti, destinés aux sympathisants et aux nouveaux adhérents 5 décembre : premier numéro du « Poing et la Rose-responsables » (bulletin interne destiné aux cadres du parti)

1976 :

10 janvier : première réunion des premiers secrétaires fédéraux 24 et 25 janvier : conférence des PS d’Europe du Sud , à Paris 14 et 15 février : conférence nationale du PS sur la santé 24 au 28 février : voyage de François Mitterrand en Algérie à l’invitation du FLN 7 et 14 mars : élections cantonales (le PS gagne 194 sièges, le PCF 75) 24 et 25 avril : conférence des sections et groupes d’entreprises à Massy (Essonne) 15 et 16 mai : Congrès national extraordinaire à Dijon (préparation des prochaines élections municipales) 3 juin : première édition du journal téléphoné « Allo PS » 5 au 8 juin : colloque PS-PC d’Union Soviétique, à Moscou, sur la crise économique 12 octobre : Forum de l’expansion sur « les socialistes face aux réalités économiques » 26 au 31 octobre : voyage de François Mitterrand en Israël 17 décembre : colloque sur « les femmes et le socialisme »

1977 :

13 et 21 mars : élections municipales ; l’opposition gagne 55 villes de plus de 30 000 habitants. La gauche dirige désormais 156 des principales villes de France (81 PS, 72 PCF) 21 avril : réunion des maires socialistes de grandes villes de France, à Dreux (dont Françoise Gaspard est devenue maire) 23 et 24 avril : séminaire de l’ISER (Institut de Recherche et d’Education Socialiste) sur « l’expérience suédoise », en présence d’Olof Palme 7 et 8 mai : 2e conférence des PS d’Europe du Sud, à Madrid 12 mai : face à face télévisé entre François Mitterrand et le Premier Ministre Raymond Barre, perturbé par la publication par le PCF de son chiffrage du Programme commun 17 mai : réunion au sommet PS-PCF-MRG et constitution du « groupe des quinze » pour actualiser le Programme commun 17 au 19 juin : Congrès de Nantes ; le PS accueille Felipe Gonzalez, vainqueur des récentes élections espagnoles ; présentation du nouvel hymne du PS « Changer la vie », en présence de son auteur Mikis Théodorakis 14 novembre : rencontre au sommet interrompue par le départ du MRG 21 au 23 novembre : échec et rupture des négociations sur l’actualisation du Programme commun

1978 :

6 janvier : entretien à Paris entre François Mitterrand et Jimmy Carter, président des Etats-Unis d’Amérique 7 et 8 janvier : Convention Nationale sur la défense 15 janvier : Convention Nationale sur les problèmes féminins 12 mars : premier tour des élections législatives ; le PS à lui seul devient le premier parti à gauche pour la première fois lors d’une élection nationale 13 mars : accord PS-PCF-MRG 19 mars : second tour des élections législatives ; échec de la gauche malgré le replâtrage tardif entre les 3 partis 28 mars : François Mitterrand est reçu à l’Elysée 30 mars : séminaire du Secrétariat National à Suresnes 5 juillet : François Mitterrand est reçu à l’Elysée (sur l’Europe) 8 juillet : le Comité Directeur unanime approuve une déclaration du Premier Secrétaire pour l’unité du parti 21 et 22 novembre : journées nationales du PS sur l’éducation et sur l’immigration. Adoption du manifeste européen par le Comité Directeur

1979 :

6 février : Convention Nationale sur le Projet Socialiste 18 et 25 mars : élections cantonales ; l’opposition obtient 54% des suffrages et gagne 189 sièges dont 154 pour le PS 6 au 8 avril : Congrès de Metz 25 mai : rassemblement à Paris des dirigeants socialistes européens, Fête du Printemps de l’Europe socialiste au Trocadéro (organisée par Jack Lang), avec notamment Willy Brandt, Mario Soares, Mélina Mercouri, Anker Jorgensen (premier ministre social-démocrate de Norvège) ... 10 juin : premières élections européennes à la représentation proportionnelle nationale (le PS obtient 23, 55% des voix) 28 juin : intervention de la police 12 cité Malesherbes, à la suite de l’émission de la radio libre « Radio Riposte ». La police expulse les élus et les militants présents. François Mitterrand et d’autres parlementaires seront inculpés le 24 août 20 août : discours de François Mitterrand à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), appel au développement d’actions unitaires à la base

1980 :

12 et 13 janvier : Convention Nationale sur le Projet Socialiste, « Pour la France des années 80 » 26 et 27 avril : Convention Nationale sur la situation internationale 28 avril : rassemblement national pour les libertés organisé par lez PS contre le projet d’Alain Peyrefitte « Sécurité et liberté » 31 mai et 1er juin : Convention Nationale sur la jeunesse 8 novembre : Comité Directeur, annonce de la candidature de François Mitterrand aux élections présidentielles 23 et 30 novembre : 7 élections législatives partielles ; le PS conserve ses 2 sièges et en gagne 2 autres 8 au 12 décembre : voyage de François Mitterrand aux Etats-Unis

1981 :

24 janvier : Congrès extraordinaire de Créteil. François Mitterrand candidat du parti à l’élection présidentielle. Lionel Jospin devient le Premier secrétaire. Premier grand meeting du candidat, Porte de Versailles, à Paris, le soir même 8 au 17 février : Voyage en Chine de François Mitterrand avec Lionel Jospin et Gaston Defferre 7 mars : François Mitterrand commence sa campagne à Beauvais 24 avril : dernier meeting de François Mitterrand à Toulouse 26 avril : premier des élections présidentielles 5 mai : débat télévisé entre François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing 10 mai : second tour de l’élection présidentielle, François Mitterrand est élu Président de la République. Fêtes de rues et manifestations spontanées dans la plupart des villes de France, en particulier Place de la Bastille, à Paris, où se rassemblent plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Troisième partie : Les congrès des années 70

De 1971 à 1981, le Parti socialiste, reconstruit, se prépare à la conquête du pouvoir. Ses congrès rythment cette marche par l’adoption de propositions qui constitueront le projet socialiste qui convainc une majorité de Français au printemps 1981. Congrès d’Alfortville : 4 mai 1969

Le nouveau Parti socialiste succède à la SFIO lors du congrès constitutif d’Alfortville, le 4 mai 1969. Gaston Defferre est désigné comme candidat à l’élection présidentielle de 1969.

Congrès d’Issy-les-Moulineaux : 11-12 et 13 juillet 1969

Alain Savary devient le premier secrétaire du Nouveau Parti Socialiste. Dans un contexte marqué par la division de la gauche à l’élection présidentielle de 1969, la Convention des institutions républicaines (CIR) ne participe pas à ce congrès. Le nouveau Parti socialiste, tout en étant favorable à l’union de la gauche, n’est toutefois pas prêt à une discussion programmatique avec le PCF. Jean Poperen, qui avait été exclu du PSU, rejoint le nouveau PS.

Congrès d’Épinay : 11-12 et 13 juin 1971

Ce congrès est celui de l’unification des socialistes : NPS, Convention des institutions républicaines et un certain nombre de nouveaux adhérents comme l’ancien MRP Robert Buron. Une nouvelle majorité se dessine, d’abord sur le choix de la représentation proportionnelle quasi-intégrale (seuil à 5%), contre un système plus compliqué, avec prime majoritaire et élimination des petites motions, préconisé par la direction sortante. La coalition Mauroy- Defferre-Mitterrand-CERES (51,26 % des mandats) l’emporte à nouveau lors du vote final sur celle de Savary-Mollet-Poperen (48,73 % des mandats). Concernant l’union de la gauche, la première coalition prônait un accord avec le PCF reposant sur l’élaboration d’un programme de gouvernement ; c’était aussi un choix tactique qui devait favoriser une dynamique politique au bénéfice des socialistes. La seconde coalition posait en préalable l’instauration d’un dialogue idéologique avec le PCF. François Mitterrand devient Premier secrétaire grâce au ralliement de la gauche du parti (CERES) et à l’appui de deux puissantes fédérations : les Bouches-du-Rhône de Gaston Defferre, et le Nord de Pierre Mauroy. Le congrès mandate sa nouvelle direction pour préparer un accord de gouvernement avec le PCF. La motion finale se réfère à la stratégie d’union de la gauche, à la rupture avec le capitalisme et au front de classe des travailleurs. Epinay marque le véritable départ du PS et renoue avec la synthèse traditionnelle du socialisme français : anticapitalisme, confiance dans l’action réformatrice de l’Etat, humanisme...

Convention de Suresnes : 11 mars 1972

Le PS adopte son programme “changer la vie” qui renouvelle le projet socialiste et lui donne une dimension autogestionnaire (construction du socialisme par l’articulation entre le mouvement “d’en haut” et le mouvement “d’en bas”). Les débats sur les institutions, l’Europe, l’autogestion et le contrôle, le retrait de la France de l’OTAN... sont tranchés par le vote. Le Programme commun est signé le 27 juin 1972 entre le PS et le PCF est le premier du genre signé par les deux partis depuis le congrès de Tours. Il sera contresigné par le MRG peu de temps après.

Congrès de Grenoble : 22 au 24 juin 1973

La motion de François Mitterrand obtient à elle seule 65,35 % au vote indicatif (Mitterrand, Mauroy, Savary), le CERES obtenant 21,02 %, la motion Mollet 8 % et la motion Poperen 5 %. Les affrontements sont vifs mais la synthèse est réalisée. Le Premier secrétaire rallie la quasi- unanimité du parti, à l’exception des molletistes, lors du vote final : sa motion “Pour un socialisme libérateur, un parti socialiste responsable” obtient 92 % des mandats. La ligne d’Epinay est réaffirmée.

Convention extraordinaire de Bagnolet : 15 et 16 décembre 1973

Cette convention débat de la construction européenne. François Mitterrand doit mettre sa démission dans la balance pour obtenir gain de cause : le texte qu’il propose, favorable à la construction européenne, est adopté à l’unanimité.

Convention de Suresnes : 23 et 24 mars 1974

Cette convention est consacrée à la réforme des statuts : création des sections d’entreprises, mode d’élection des dirigeants à la proportionnelle, institution d’un quota féminin (10 %)...

Les assises du socialisme : 12 et 13 octobre 1974

Ces assises ont lieu dans la dynamique de l’élection présidentielle de mai 1974, où François Mitterrand a frôlé la victoire. Elles marquent l’ouverture du Parti socialiste à la majorité de la direction du PSU (Michel Rocard, Robert Chapuis) et à des personnalités de la CFDT (Jacques Cherèque, Pierre Héritier) ainsi qu’à la “troisième composante” (vie nouvelle, GAM, Objectif socialiste...). Après le congrès d’Epinay, ces assises achèvent, pour l’essentiel, l’unification de la famille socialiste.

Le congrès de Pau : 31 janvier - 12 février 1975

Le PS se dit prêt à appliquer seul le programme commun, dans le cas d’une rupture de l’union de la gauche à l’initiative du PCF. Le CERES (25 % des mandats) entre dans la minorité. La majorité se regroupe ainsi : François Mitterrand, Gaston Defferre, Pierre Mauroy, Michel Rocard, Jean Poperen, Alain Savary. La minorité est dirigée par Jean-Pierre Chevènement et les animateurs du CERES. Il y a donc rupture de la coalition d’Epinay. Le “courant des assises” (rocardiens) se compte à l’aide de “l’amendement Martinet” mais il fait le choix de l’intégration dans la majorité. Le comité directeur (CD) compte désormais 130 membres. Sont également créés des postes de délégués nationaux pour seconder les secrétaires nationaux.

Convention nationale sur l’autogestion : 3 et 4 mai 1975

Les Quinze thèses pour l’autogestion, élaborées au sein d’une commission de travail, sont adoptées à l’unanimité par la convention. La convention ne reprend pas l’amendement additionnel (Seizième thèse) présenté par le CERES sur “l’initiative autonome des masses”. Ces Quinze thèses tournent autour de l’articulation du “mouvement d’en haut” et du “mouvement d’en bas”.

Congrès extraordinaire de Dijon : 14 et 15 mai 1976

Ce congrès extraordinaire a pour objet les relations PS/PCF dans la perspective des élections municipales de mars 1977. Il prévoit le principe de l’union de la gauche, sauf dans quelques situations particulières et en cas d’exigences excessives du PCF. Il y a donc un rejet des alliances de “troisième force”, encore en vigueur dans un bon tiers des villes lors des élections municipales de 1971.

Congrès de Nantes : 17 et 18 juin 1977

Le congrès a lieu au lendemain des élection municipales marquées par un vrai raz de marée en faveur des listes de gauche. L’alternance paraît proche et inévitable. Michel Rocard lance un débat sur les “deux cultures” qui traversent la gauche française. La majorité sort renforcée sur la ligne de la réaffirmation de l’union de la gauche. La motion Mitterrand obtient plus de 75 % des voix. Le CERES reste dans la minorité sur la base d’orientations radicales : rupture avec le capitalisme “en 100 jours”, nationalisations étendues, hausse importante du SMIC... Les congressistes découvrent le premier hymne du parti, paromes d’Herbert Pagani et musique de Mikis Théodorakis, “Changer la vie”.

Congrès de Metz : 6-8 avril 1979

L’enjeu de ce congrès est double : au delà du choix de la ligne politique se profile le choix à venir du candidat à la prochaine élection présidentielle. Parmi les points de débats : la conception de l’alliance avec les communistes après la rupture de 1977 : Pierre Mauroy et Michel Rocard souhaitent une démarche plus autonome pour le Parti socialiste, François Mitterrand estime que l’autonomie du PS, c’est de “tenir bon” et d’être “unitaire pour deux” même le le PC semble refuser l’union. Autres points de débat, l’évaluation du rôle du marché et des mécanismes de régulation économique, le degré de rupture avec l’ordre économique. Lors du vote final au congrès, la motion Mitterrand obtient 46,99 %, la motion Rocard 21,26 %, la motion Mauroy, 16,01 %, le CERES 14,4 %. Une première synthèse est réalisée au congrès entre les motions Mitterrand et Defferre qui atteignent presque la majorité absolue ; le CERES rejoint la synthèse après le congrès pour former avec Mitterrand la majorité du parti. Les courants Rocard et Mauroy constituent désormais les minorités du parti.

Convention nationale d’Alfortville : 12-13 janvier 1980

Elle procède à l’adoption du projet socialiste pour les années 80. Divisé en trois parties - comprendre, vouloir, agir - le projet socialiste doit orienter l’action des socialistes pour les années 80. Rupture avec le capitalisme et stratégie d’union de la gauche, volonté de s’affranchir de la logique du marché et des contraintes extérieures, affirmation de la souveraineté nationale face au processus d’intégration européenne et à la puissance américaine, le texte soumis aux militants est marqué par le volontarisme politique et économique ; il réunit 96 % des suffrages.

Quatrième partie Les congrès des années 80

Dans les années 80, la question pour le Parti socialiste est son rapport au pouvoir. Un grand nombre des 110 propositions sont réalisées, élu en 1981, François Mitterrand est réélu et le Parti socialiste reste le premier parti de France.

Congrès extraordinaire de Créteil : 24 janvier 1981

François Mitterrand est désigné à l’unanimité comme candidat à l’élection présidentielle. Lionel Jospin devient Premier secrétaire du Parti socialiste. Ratification des 110 propositions du candidat, inspirées du projet socialiste.

Congrès de Valence : 23 au 25 octobre 1981

Motion unanime présentée par le nouveau Premier secrétaire. Débat autour du rôle du parti dans le changement, ainsi que sur la notion de compromis (compromis entre “le pouvoir économique et le pouvoir socialiste”, compromis entre les “forces du changement et les forces de conservation”). L’adoption de cette notion marque le choix d’une transformation graduelle du système économique et de la société française.

Congrès de Bourg en Bresse : 28 au 30 octobre 1983

La motion Jospin obtient 77%, le CERES, 18% et la motion Richard- Lienemann, 5%. Les débats portent sur la politique économique suivie par le gouvernement depuis 1982 et surtout depuis mars 1983 : continuité, inflexion ou rupture par rapport à 1981 et au projet socialiste rédigé en 1980 ? Le CERES se bat pour une “autre politique” alors qu’Alain Richard et ses amis tentent de théoriser le virage de la rigueur (”du bon usage de la rigueur”). Le débat se termine par une synthèse générale et le parti apporte son soutien résolu à la politique du gouvernement de Pierre Mauroy. A la fin du congrès, le Premier ministre annonce les lois sur l’enseignement privé et sur les concentrations dans la presse.

Convention nationale d’Evry : 15 et 16 décembre 1984

Cette convention nationale a pour thème : la “modernisation et le progrès social”. Un certain nombre de débats sont ouverts : l’aménagement du temps de travail, le financement de la sécurité sociale... ainsi est avancée l’idée d’asseoir un prélèvement sur tous les revenus pour financer la sécurité sociale.

Congrès de Toulouse : 11 au 13 octobre 1985

La motion Jospin obtient 71,5% des mandats et la motion Rocard 28,5%. Ce congrès débat de la modernisation théorique du parti et de l’évolution de la pratique gouvernementale du PS après 4 ans de gouvernement de la gauche et le départ du parti communiste de ce gouvernement en 1984. La majorité conduite par Lionel Jospin et la minorité conduite par Michel Rocard parviennent à une synthèse. Le parti soutient l’effort mené par la politique de rigueur et de modernisation du gouvernement dirigé par Laurent Fabius. C’est lors de ce congrès qu’est présentée et retenue l’idée d’un revenu minimum garanti.

Congrès de Lille : 3 au 5 avril 1987

Motion unanime rassemblant tous les courants. Le parti rejette toute idée de dérive centriste. Les anciens premiers ministres, Laurent Fabius, Pierre Mauroy, et les anciens ministres Pierre Bérégovoy, Jack Lang, Edith Cresson, Henri Emmanuelli ainsi que Louis Mermaz reviennent au secrétariat national. L’idée d’un crédit-formation, offrant une deuxième chance aux exclus du système scolaire, figure dans la motion finale.

Convention nationale de Paris : 16 et 17 janvier 1988

Adoption du texte intitulé “Propositions des socialistes” pour l’élection présidentielle qui recueille 90 % des suffrages ; après de longs débats sur l’opportunité de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de victoire du candidat de la gauche à la présidence de la République, il est décidé d’en laisser l’appréciation à celui-ci.

Cinquième partie : La gauche au pouvoir -1981-1986

Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République. Le 16 mars 1986, la gauche perd les élections législatives. Pendant ces cinq années, les socialistes gouvernent la France.Le 10 mai 1981, l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République ouvre une période nouvelle dans l’histoire du socialisme français. C’est la première alternance politique entre la gauche et la droite sous la Ve République. Les élections législatives de juin sont un triomphe pour le PS : pour la première fois de son histoire, il obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale et devance nettement le PCF qui enregistre un recul certain. Pierre Mauroy forme un gouvernement auquel participent quatre ministres communistes.

Lionel Jospin succède à François Mitterrand à la direction du parti. Dans un premier temps, des mesures importantes conformes aux 110 propositions du candidat Mitterrand sont adoptées (abolition de la peine de mort, augmentation sensible du SMIC, du minimum vieillesse et des allocations familiales, possibilité de prendre sa retraite à 60 ans, nationalisations, décentralisation, nouveaux droits des travailleurs, etc.). Mais rapidement, la crise économique internationale et les faiblesses persistantes des entreprises françaises conduisent le gouvernement de Pierre Mauroy à opter dès 1982, et surtout en 1983, pour une politique de “rigueur économique”. Ces décisions découlent du choix fondamental de l’économie ouverte et de la construction européenne.

Les effets positifs de cette politique qui privilégie le renforcement de notre économie se font peu à peu sentir, sauf sur le front du chômage (ce qui entraine une baisse de la popularité des socialistes). Ceux-ci enregistrent de sévères reculs lors des élections municipales de 1983 et européennes de 1984. Cette même année, les manifestations en faveur de l’école privée contribuent à affaiblir le gouvernement et le PS. Le PCF critique de plus en plus nettement la politique du gouvernement auquel il participe. En juillet 1984, Laurent Fabius remplace Pierre Mauroy comme Premier ministre et forme un gouvernement auquel les communistes refusent de participer. Il définit une politique qui allie la modernisation et la solidarité.

Le congrès de Toulouse, en 1985, traduit l’évolution idéologique et politique du parti. Les socialistes perdent les élections législatives de 1986 mais réalisent un bon score (32 % des voix). François Mitterrand demeure président de la République et nomme Jacques Chirac à la tête du gouvernement. De 1986 à 1988 c’est la “cohabitation”. Le Parti socialiste est dans l’opposition ... mais avec un président de la République qui reste à son poste et n’entend pas demeurer “inerte”.

Sixième partie La gauche au pouvoir après 1988

La cohabitation a tourné court. Le tournant libéral voulu par Chirac jette des millions de personnes dans la rue. Un printemps étudiant fleurit même en hiver avec le mouvement contre la loi Devaquet. A la première occasion, les Français sanctionnent le gouvernement Chirac.En 1988, François Mitterrand, à l’issue d’une campagne offensive, est largement réélu avec 54 % des voix. Le candidat socialiste, qui a fait campagne sur le thème de la “France unie”, se prononce pour une certaine ouverture de la majorité. Les élections législatives donnent une majorité relative au PS. Michel Rocard est nommé Premier ministre. En intégrant des personnalités dites d’ouverture, issues de la ” société civile” et du centre, son gouvernement reflète la réalité de la majorité présidentielle, mais le PS est le seul grand parti à le soutenir. Dans le parti, le départ de Lionel Jospin du premier secrétariat provoque des tensions au sein du courant majoritaire mitterrandiste. Pierre Mauroy est élu Premier secrétaire contre Laurent Fabius. Deux ans plus tard, le congrès de Rennes voit s’opposer durement les partisans de la motion I (Mauroy-Mermaz-Jospin) et ceux de la motion 5 (Laurent Fabius). Finalement, Pierre Mauroy est réélu à l’unanimité après une synthèse générale qui associe à la direction du parti l’ensemble des courants qui s’étaient exprimés à travers la présentation de sept motions différentes.

Pierre Mauroy mène à bien une double modernisation :

Une modernisation statutaire et une réactualisation de la déclaration de principes au congrès de Rennes. Une modernisation idéologique avec le congrès de l’Arche consacré au projet socialiste. Par ailleurs, le PS se dote de nouveaux outils : création de la Fondation Jean Jaurès, du Centre Condorcet et de l’hebdomadaire “Vendredi”. Entre 1988 et 1992, le président de la République et les gouvernements de Michel Rocard (mai 1988 - juin 1991) puis d’Edith Cresson (juin 1991 - mars 1992) ont donné, à l’extérieur, la priorité à la construction européenne et à la définition d’un nouvel ordre international, après la fin de la guerre froide, l’effondrement du communisme en Europe et l’épreuve de la guerre du Golfe. A l’intérieur, les gouvernements se sont attachés à remplir les engagements pris par François Mitterrand en 1988 dans la “Lettre à tous les Français

Septième partie : 1993-1998 : de la défaite au rebond

Après dix ans d’exercice du pouvoir le Parti socialiste traverse une crise dont il ressort après un cycle de réflexion et de changements. Etats généraux ou Assises de la transformation remettent le PS en phase avec le reste de la gauche. Les succès électoraux de 1995 et la dissolution manquée confirment le rebond des socialistes.Le parti socialiste, bien que restant le premier parti à gauche, prend conscience de la nécessité de sa remise en cause et de sa reconstruction pour redresser son influence dans son électorat et notamment dans les milieux populaires. Lors du comité directeur du 3 avril 1993 qui suit la défaite aux élections législatives, une majorité des membres du comité directeur décide la démission collective de la direction et élit Michel Rocard Président du parti. Une direction provisoire se met en place et décide la réunion d’états généraux du parti. Quelques jours plus tard, le parti socialiste subit un deuil cruel lorsque le 1er mai 1993, Pierre Bérégovoy choisit de se donner la mort.

Aux états généraux de Lyon, en juillet 1993, la parole est donnée aux militants et sympathisants sur le bilan, le projet, la stratégie et le militantisme aujourd’hui. Les fédérations envoient 2358 délégués (militants et sympathisants) à Lyon. La procédure, inédite, est une réussite, et le rapport final est approuvé à la quasi-unanimité. Les états généraux confirment l’unité du parti remobilisé, sa stratégie de rassemblement à gauche et un redéploiement dans les réseaux associatifs et professionnels.

Au congrès du Bourget, en octobre 1993, trois textes sont soumis aux militants. La motion “Refonder” présentée par Michel Rocard, propose des options différentes sur cinq questions (réduction du temps de travail, commerce international, institutions européennes, institutions, mode de scrutin) sur lesquelles seuls les militants votant pour ce texte se prononcent. Elle obtient 83% des voix. Les deux autres motions défendues respectivement par Jean Poperen et Louis Mermaz obtiennent 11% et 6%. Le parti définit son programme sur trois thèmes principaux “réduction du temps de travail - nouvelle donne européenne - égalité continue des chances ” et s’engage dans la préparation des Assises de la transformation sociale. Son Premier secrétaire est élu pour la première fois par les congressistes et non plus par le comité directeur. Michel Rocard, confirmé à la direction du Parti par 80,92 % des votes du congrès, annonce qu’il conduira la liste socialiste aux élections européennes, sur laquelle la parité “un homme - une femme” sera respectée. Le redressement marqué par les élections cantonales de mars 1994 ne se confirme pas aux élections européennes de juin. La liste conduite par Michel Rocard n’obtient que 14,6 % des voix, talonnée par la liste de Bernard Tapie. Au conseil national du 19 juin, Michel Rocard est mis en minorité et un nouveau Premier secrétaire, Henri Emmanuelli, est élu. Il est confirmé par le vote des délégués au congrès de Liévin en novembre 1994. La motion présentée par Henri Emmanuelli recueille 92,15 % des voix contre une motion défendue par de jeunes militants, qui regroupe 7,85 % des voix. Henri Emmanuelli met en avant une volonté d’opposition au libéralisme dominant. Mais ce même congrès de Liévin, marqué à gauche, est également dominé par la perspective d’une candidature de Jacques Delors, encore président de la Commission européenne. En marge du congrès, François Mitterrand fait en quelque sorte ses adieux au parti et l’engage à rester fidèle à la ligne de l’union de la gauche.

En décembre, le retrait de Jacques Delors ouvre une période incertaine. Pour la première fois dans l’histoire, deux candidats à la candidature s’affrontent : Henri Emmanuelli et Lionel Jospin qui sont départagés par un vote direct et secret des militants. Le vote avantage largement Lionel Jospin. Ce dernier se trouve investi lors d’une convention de désignation le 5 février 1995, qui marque le lancement de la campagne présidentielle. Trouvant un ton juste, alliant volonté réformatrice et réalisme, réclamant un “droit d’inventaire” sur le bilan socialiste, Lionel Jospin réussit à être en tête des candidats du premier tour, avec plus de 23 % des voix et à regrouper 47,3 % des suffrages au second tour. Ce succès relatif permet de mettre en place les conditions d’un renouvellement pour le Parti socialiste. Quittant la Présidence de la République, François Mitterrand encourage les socialistes à affronter le cycle politique qui s’ouvre. Il meurt quelques mois plus tard, le 8 janvier 1996, salué par une imposante manifestation populaire, Place de la Bastille.

Sa période nouvelle est d’abord marquée par un changement de direction. En juin 1995, Henri Emmanuelli propose de s’effacer et de laisser à Lionel Jospin la responsabilité de conduire les socialistes. Celui-ci accepte à la double condition de réaliser l’unanimité des composantes du parti et pouvoir mener à bien une rénovation approfondie des idées et des structures. Une commission de rénovation se met en place et travaille tout l’été. Elle propose un programme de réformes. Celui-ci, comme l’élection de Lionel Jospin, Premier secrétaire, est soumis au vote direct et secret des militants lors de la Convention nationale du 14 octobre 1995. L’année 1996 voit le Parti socialiste tenir trois importantes conventions pour redéfinir son projet et préciser ses orientations programmatiques. Sa première s’est tenue les 30 et 31 mars sur “la mondialisation, Europe et la France”, la seconde, les 29 et 30 juin, sur “les acteurs de la démocratie” et la troisième, les 14 et 15 décembre 1996, a élaboré “nos propositions économiques et sociales”.

Le Parti ayant ainsi posé les bases d’un programme d’alternance politique pour les élections législatives de 1998, désigne ses candidats en mars 1997, avec une volonté de renouvellement et d’élargissement comme le montre la place faite aux femmes. Après la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Jacques Chirac le 21 avril 1997, le Parti socialiste est prêt pour faire face aux échéances. Après un premier tour favorable le 25 mai, la gauche obtient le 1er juin 1997 la majorité à l’Assemblée nationale avec les élus du Parti socialiste, du Parti communiste, des Radicaux de Gauche, des Verts et du Mouvement des Citoyens (la Gauche Plurielle)

Lionel Jospin est appelé par le Président de la République à former le Gouvernement, où toutes les composantes de la Gauche parlementaire sont représentées. Une nouvelle période de “cohabitation” commence. François Hollande succède à Lionel Jospin comme Premier secrétaire délégué du Parti. A la suite du Congrès de Brest en Novembre 1998, il est élu Premier secrétaire par les militants et un programme d’action est adopté pour les trois ans à venir, à la fois pour renouveler la doctrine socialiste et pour rénover ses pratiques et ses structures politiques.

Huitième partie Le Parti socialiste de 1997 au 29 mai 2005

Le divorce avec le pays n’a jamais eu lieu quoiqu’en disent certains. Malgré l’usure du pouvoir et l’échec de 93, les Français en 1995 avait porté la gauche avec Lionel Jospin en tête au premier tour de l’élection présidentielle. Cette « remontée » est confirmée en 1997 lorsque Jacques Chirac, conseillé alors par un certain Dominique de Villepin, décide de dissoudre l’Assemblée nationale.

Les socialistes, au sein de la gauche plurielle, emmenés par Lionel Jospin parviennent à battre la droite et à former un gouvernement qui va durer cinq ans. Lionel Jospin, Premier ministre permet pour la première fois à des Verts d’exercer des fonctions ministérielles.

La croissance économique au rendez-vous est stimulée et renforcée par une politique de gauche qui tranche avec 4 ans de conservatisme rigide et deux millions d’emplois sont ainsi créés. Le chômage recule. Les 35 heures, les emplois jeunes, la couverture maladie universelle, la police de proximité, le vote du PACS, la loi sur la parité, le passage réussi à l’euro, l’allocation personnalisée d’autonomie, autant de mesures qui réconcilient les Français avec l’idée qu’une politique de gauche peut changer le cours des choses et « que l’on tient bien ce que l’on dit ».

Mais, la dégradation de la situation intérieure avec notamment la montée de l’insécurité, de la violence exploitée par la droite, une période de « pré campagne » « particulièrement dure et angoissante » entre le « 11 septembre », « AZF » ou l’assassinat d’élus à Nanterre, puis pendant la campagne la multiplication des candidats, quelques erreurs stratégiques sur fond de montée des revendications sectorielles conduisirent à la défaite de Lionel Jospin, candidat du Parti socialiste, dès le premier tour de l’élection présidentielle. Les Socialistes, comme le reste des Français doivent choisir entre leur adversaire et leur ennemi. Entre Chirac et Le Pen. Ils feront leur devoir de démocrates

Les socialistes sont traumatisés par cette crise. Disqualifiés au premier tour comme en 1969 alors qu’ils ont changé la France comme jamais depuis 1981. Entre 2002 et 2003, les socialistes tirent donc le bilan de leur action au gouvernement tout en jouant leur rôle d’opposition. Lors du congrès de Dijon qui se tient en 2003, l’orientation de François Hollande est soutenue par les militants, face aux courant « Nouveau monde » d’Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon et Alain Vidalies et « Nouveau Parti socialiste » d’Arnaud Montebourg et Vincent Peillon.

Les socialistes parviennent à convaincre qu’ils sont une alternative crédible en remportant une victoire historique au printemps 2004 lors des élections régionales et cantonales puis lors des élections européennes. La quasi-totalité des 26 régions de France et la moitié des départements élisent un ou une président(e) socialiste. 31 eurodéputés socialistes représentent désormais la France au Parlement européen et constitueront la première force du groupe socialiste.

Cette année 2005 verra le PS célébrer à plusieurs reprises son « centenaire » et s’engager dans des auditions et réflexions avec la « société civile » en prévision de notre projet.

A l’automne de la même année, le PS se lance dans une innovation démocratique qui sera observée dans l’ensemble du pays. Un débat militant de deux mois sur le Traité constitutionnel européen qui doit être adopté bientôt par référendum dans le pays. Le 1er décembre les militants socialistes votent à 58 % pour que le PS fasse campagne en faveur du « oui ». Cette orientation, ce vote éminemment démocratique sont cependant « bafoués » par certains responsables, c’est une « première dans l’histoire de notre parti centenaire » qui provoque une crise. Ce choix politique du PS n’est pas suivi par une majorité de Français qui, le 29 mai 2005, rejettent le traité constitutionnel.

Neuvième partie Du referendum du 29 mai 2005 à nos jours

Au lendemain de la victoire du non au referendum du 29 mai 2005 (ratification du traité constitutionnel européen), le Premier Secrétaire convoque un congrès anticipé pour la mi-novembre, au Mans (Sarthe). Plusieurs motions sont en concurrence, principalement la motion de la direction sortante, celle du Nouveau Parti Socialiste qui met en avant la rénovation du parti (Arnaud Montebourg et Vincent Peillon rejoints par l’ancien Premier secrétaire Henri Emmanuelli) et la motion de Laurent Fabius, ancien numéro 2 du parti qui a dû quitter le Secrétariat national en raison de la campagne qu’il a menée pour le « non » au referendum, contrairement au vote des adhérents, et qui se classe désormais à la gauche du parti.

Comme à Dijon, la motion du Premier secrétaire conserve une nette majorité (près de 54% des suffrages). La motion de NPS progresse (avec près de 24%) et celle de Laurent Fabius dépasse les 21%. Dans une climat politique marqué par les émeutes en banlieue, les socialistes choisissent de se retrouver sur une motion de synthèse. Le congrès décide que l’investiture du candidat à l’élection présidentielle se tiendra en novembre 2006. Le courant NPS s’étant divisé en commission des résolutions sur le choix de la synthèse, Arnaud Montebourg quitte le courant qu’il avait contribué à fonder et lance un nouveau courant : « Rénover maintenant ». François Hollande est désigné à nouveau comme Premier secrétaire.

Le projet socialiste est adopté le 22 juin par 85% des suffrages exprimés et ratifié le 30 juin par une Convention nationale. Il engagera les candidats du parti aux élections législatives et devrait inspirer largement le programme du candidat ou de la candidate à l’élection présidentielle. Une campagne d’adhésion s’appuyant sur la possibilité donnée aux nouveaux adhérents de voter le projet et surtout de participer au choix du candidat à l’élection présidentielle permet au parti à doubler ses effectifs, modifiant sa sociologie : baisse de l’âge moyen, féminisation plus grande, plus grand nombre de militants ayant un niveau d’études élevé, de salariés du secteur privé et de militants syndicaux et associatifs.

Dans une déclaration émouvante devant l’Université d’été du MJS, Lionel Jospin s’explique longuement sur son retrait de la vie politique le 21 avril 2002 mais renonce finalement à se porter candidat à l’élection présidentielle, fin septembre. Trois candidats se présentent au vote des militants : l’ancien Premier ministre et ministre des Finances, Laurent Fabius, l’ancien ministre des Finances Dominique Strauss-Kahn et la seule femme présidente d’un Conseil régional, Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes. Pour la première fois en France, un parti politique organise un débat entre ses candidats à la candidature. Le débat entre les présidentiables socialistes intéresse l’opinion, bien au delà du seul PS. Ségolène Royal l’emporte très largement dès le premier tour avec plus de 60% des voix devant Dominique Strauss-Kahn (plus de 20%) et Laurent Fabius (18%).


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message