Assemblée nationale. Deux blocs de droite contre un bloc de gauche : Macron reste « dangereux ! »

samedi 2 juillet 2022.
 

+1 + 1 + 1 = 2

Macron est faible, l’Assemblée est forte ?

Il faut se méfier des jugements à l’emporte-pièce.

Certes, Macron n’a plus la majorité absolue et cela va lui compliquer la tâche pour faire voter un certain nombre de lois. Mais il n’est pas si isolé que l’on croit.

La Webb télé Le Média .tv dans son émission « L’instant Porcher » du 22/06/2022 attire notre attention sur le fait que Macron peut compter pour le vote d’un certain nombre de lois antisociales sur l’appui de LR ou du RN.

On peut écouter l’émission en cliquant sur le lien suivant :

https://www.lemediatv.fr/emissions/...

Il est important d’observer les résultats suivants :

Le nombre de sièges de Ensemble (245) augmenté du nombre de sièges de LR (64) donne 309 sièges, ce qui donne un chiffre supérieur à la majorité absolue (289).

Or ces deux formations politiques partagent des vues semblables pour défendre les intérêts du patronat au détriment de ceux des salariés : le blocage des salaires par exemple

Ils sont d’accord pour diminuer les effectifs des services publics, d’accord pour accroître les privatisations. Et évidemment ils sont d’accord pour prolonger l’âge de la retraite à 65 ans.

Supposons, par hypothèse, que le RN s’oppose comme la NUPES,à la retraite à 65 ans. Le nombre de sièges de la NUPES (151 semble-t-il) ajouté au nombre de sièges du RN (89) donne environ 250 sièges. Ainsi, même avec un vote commun contre la retraite à 65 ans, cette contre-réforme des retraites a toutes les chances d’être votée.

Remarquons que même une coalition tactique de circonstances, comme le souhaite, d’une manière irréaliste, Emmanuel Todd, entre la NUPES et le RN avec 231 sièges, et ne peut battre Ensemble qui dispose de 245 sièges à lui tout seul.

En prenant un autre exemple comme celui d’une loi sur le passeport vaccinal à laquelle sont opposés à la fois la NUPES et le RN, celle-ci a toutes les chances d’être votée sauf si une partie de LR ou d’ Ensemble s’y oppose.

Mais globalement, il existe des convergences de fond sur le plan économique entre Ensemble, LR, le RN : une hostilité à partager des richesses équitablement produites par la population active. Ces trois organisations politiques sont bien de droite et défendent prioritairement les intérêts de la classe dominante, c’est-à-dire les intérêts de la grande bourgeoisie qui a construit leur popularité électorale grâce à ses médias privés et publics qu’elle contrôle complètement.

Remarquons que l’organisation de l’abstention (par différentes techniques que nous ne détaillerons pas ici) par la même bourgeoisie permet à celle-ci aussi de se maintenir au pouvoir, notamment avec l’aide des intellectuels anarcho bourgeois.

L’existence d’un groupe pour le RN va permettre d’une manière précise de juger de la réalité de leur ambition sociale à partir de la réalité de leur vote à l’Assemblée nationale. On pourra constater aussi, à l’épreuve du vote ce que vaut sa dénonciation du libre-échange, de l’emprise de la haute finance sur l’état...

La base du RN qui s’est élargie depuis les années 1980 pourra ainsi juger sur pièces.

On pourra aussi constater, avec plus de netteté, de la convergence de vue entre Ensemble et le RN sur les questions de sécurité et la promotion de lois liberticides comme on a pu le constater avec le vote de la loi sur la sécurité globale.

Évidemment la description faite ci-dessus a un caractère théorique et simplificateur.

LR n’a pas intérêt, compte tenu de de son implantation locale et dans la perspective des élections futures, à faire une alliance stable avec Ensemble. Le RN qui ne veut pas être désavoué par sa base populaire, n’a pas intérêt à voter systématiquement des lois antisociales.

Dans un tel contexte, la tâche de la NUPES va être ardue et elle n’a aucun intérêt pour sa survie à se diviser.

Néanmoins elle pourra sans doute compter pour affirmer sa force sur l’appui du mouvement social qui va se développer avec une certaine intensité dans les entreprises et dans la rue.

Si une dissolution proche de l’assemblée nationale semble peu probable, sa probabilité de réalisation va augmenter avec le temps.

Si la dissolution avait lieu au cours ou après un mouvement social de très forte intensité cela n’assure pas pour autant une nouvelle assemblée favorable à la NUPES comme l’ont montré les événements de mai 1968.

Pour prévenir une telle éventualité, il faudrait que les forces politiques, syndicales et associatives de l’union populaire conjuguent leurs forces pour une action militante de terrain tous Azimuts.

À cela s’ajoutent les impondérables pouvant être liés à des commissions d’enquête parlementaires révélant, par exemple, des corruptions d’un niveau jamais atteint dans notre pays.

Deux problèmes qui sont restés en sourdine pendant la campagne électorale vont ressurgir. Quelles vont être les positions des différentes composantes de l’Assemblée nationale à l’égard de la politique de la France en Ukraine et de sa dépendance aux États -Unis ? Comment gérer la crise sanitaire et quelle politique vaccinale ?

Rappelons que 18 000 soignants sont encore suspendus alors que l’hôpital est en état d’asphyxie et que le rapport d’enquête sénatoriale sur les effets secondaires des vaccins vient de paraître.

Nous n’avons volontairement pas parlé des grands défis qui s’annoncent : crise sociale sans précédent du fait de l’inflation galopante, d’un accroissement de la précarité, etc. ; la crise climatique ; un effondrement financier notamment de la valeur de l’euro possible ; les conséquences économiques dévastatrices en Europe du fait des sanctions économiques à l’égard de la fédération de Russie, etc. Jean-Luc Mélenchon, dans différentes interventions, a très bien présenté ces problèmes qui s’annoncent.

** Hervé Debonrivage

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