Forces de l’ordre aux Champs-Élysées le 16 mars : inorganisation ? laisser-faire ?

dimanche 24 mars 2019.
 

Forces de l’ordre aux Champs-Élysées le 16 mars inorganisation laisser-faire ?

Une partie de la police elle-même s’interroge sur la rationalité des ordres donnés aux forces de l’ordre face à quelques centaines de « casseurs ».

1) Violences sur les Champs-Élysées : "On était en mesure d’intervenir, on ne nous a pas autorisés à le faire", dénonce l’Unsa-Police

Source : France Info https://www.francetvinfo.fr/economi...

Invité à réagir sur franceinfo aux violences sur les Champs-Elysées samedi en marge de la mobilisation des "gilets jaunes", le secrétaire général du syndicat Unsa Police, Philippe Capon, met en cause "ceux qui n’ont pas donné les instructions" aux forces de l’ordre présentes sur les lieux.

Deux jours après un samedi marqué par les violences aux Champs-Élyséeet alors que le gouvernement a reconnu des dysfonctionnements dans l’organisation du maintien de l’ordre, le secrétaire général du syndicat Unsa Police Philippe Capon met en cause lundi 18 mars sur franceinfo "ceux qui ont décidé que ça se passe comme ça et qui n’ont pas donné les instructions" pour que les forces de l’ordre interviennent pour empêcher la casse.

Franceinfo : L’État est-il en faute après les violences de samedi sur les Champs-Élysées ?

Philippe Capon  : On savait que la manifestation de samedi allait être dure, difficile. Je reprécise que les policiers et les forces de l’ordre perdent toute initiative, c’est-à-dire qu’elles n’agissent que sur ordre, elles n’interviennent que sur ordre. Donc quand on est en manifestation, quand devant nous à 50-100 mètres, des casseurs sont en train de tout casser, les policiers se disent "Pourquoi on n’intervient pas ?" Parce qu’ils n’ont pas les ordres d’intervenir, ça il faut que la population le sache. C’est un choix, on a laissé casser un certain nombre de choses, je pense qu’il y a des responsabilités. Il y a beaucoup de collègues qui m’ont appelé, qui m’ont dit ce n’est pas normal ce qui s’est passé. On était en mesure d’intervenir, on ne nous a pas autorisés à le faire. Je mets en cause ceux qui ont décidé que ça se passe comme ça et qui n’ont pas donné les instructions pour que ça se passe autrement. Dans l’organisation du dispositif, on a mis douze compagnies de CRS à sanctuariser l’Elysée, faut le faire, mais est-ce que ce sont aux CRS de sanctuariser l’Elysée alors que ce sont des spécialistes du maintien de l’ordre, de l’intervention ? Le ministre de l’Intérieur l’a encore redit lors d’une cérémonie CRS à Vélizy la semaine dernière, et les CRS, on ne les a pas utilisées comme on aurait dû les utiliser ce samedi.

France info Certains disent que le gouvernement a laissé faire les violences pour décrédibiliser le mouvement des "gilets jaunes". Qu’en pensez-vous ?

Je ne pense pas que le cynisme puisse être poussé jusqu’à cette situation, ce n’est pas possible qu’on puisse laisser faire ce qui s’est passé samedi. Après, je pense qu’il y a un problème d’organisation, du maintien de l’ordre sur Paris depuis maintenant plusieurs semaines. Il y a double autorité entre la Direction de l’ordre public et de la circulation et la Direction de la sécurité publique des commissariats, il faut que tout ça puisse évoluer sur un commandement unique, une gestion unique. Des services sont concurrents et posent problème dans l’organisation du maintien de l’ordre et dans l’intervention du maintien de l’ordre sur Paris. Ça a été dénoncé et il faut que le ministre de l’Intérieur puisse réagir avec un commandement unique, une gestion unique, une direction unique.

France info Les mouvements des "gilets jaunes" sont-ils trop difficile à maitriser ? N’étiez-vous pas assez nombreux ?

Il y avait 40 forces mobiles, donc escadrons de gendarmerie mobile et compagnies de CRS, à disposition du préfet de Police de Paris pour gérer le maintien de l’ordre sur la capitale. Les mouvements sont effectivement compliqués. Le mouvement des gilets jaunes s’est peut-être radicalisé, mais les casseurs profitent de l’opportunité de ce mouvement pour venir tout casser. "Gilets jaunes" ou autres, ils s’en foutent. Ils sont là pour casser avec la volonté de nuire, de s’en prendre aux forces de l’ordre. On a quand même assisté à une escalade qui est pour moi inadmissible, avec des véhicules de police qui ont dû reculer parce que les casseurs voulaient s’en prendre directement à eux, vouloir s’en prendre physiquement, on a vu ces images de manifestants qui voulaient ouvrir un véhicule de gendarmerie, pas avec de bonnes intentions. Et s’ils avaient réussi à sortir les gendarmes du fourgon je pense que ça se serait très mal passé. On est quand même dans une escalade qu’on n’avait pas forcément connue de personnes qui veulent s’en prendre physiquement aux forces de l’ordre et qui n’ont pour moi rien à voir avec le mouvement des "gilets jaunes".

Fin de l’interview

2) « On dirait qu’on les laisse faire ! » : des CRS dénoncent le manque d’anticipation de l’acte 18

Source : R T France 17 mars 2019, https://francais.rt.com/france/6012...

Marqué par des violences concentrées dans le VIIIe arrondissement parisien, l’acte 18 des Gilets jaunes aurait-il pu être mieux anticipé ? Des CRS se montrent confus quant à la stratégie adoptée en amont d’un événement qui s’annonçait à risques.

Forcé d’écourter son escapade à la montagne, le chef de l’Etat s’est exprimé dans la soirée du 16 mars sur les débordements parisiens à l’occasion du 18e acte des Gilets jaunes. Ainsi, réitérant des propos déjà tenus le 26 février, Emmanuel Macron a de nouveau estimé que « tous ceux qui étaient là [s’étaient] rendus complices », appelant de ses vœux à « des décisions fortes, complémentaires » pour que ces violences « n’adviennent plus ». « Nous n’y sommes pas » a-t-il constaté. C’est flagrant, à partir du moment où on n’anticipe pas un dispositif qui était annoncé à risques avec aucun contrôle en amont.

Un échec qui a été dénoncé au sein même des forces de l’ordre alors que selon certains professionnels, l’événement aurait pu être mieux anticipé. Ainsi, David Michaux, secrétaire national CRS à l’UNSA Police, a dénoncé auprès de France Info une mauvaise gestion des priorités : « C’est flagrant, à partir du moment où on n’anticipe pas un dispositif qui était annoncé à risques avec aucun contrôle en amont ». « C’est quand même énorme d’avoir environ 1 000 fonctionnaires de police spécialisés dans le maintien de l’ordre cantonnés, comme on a pu le connaître dans tous les événements qui ont précédé décembre », a encore déploré le syndicaliste.

C’est pas croyable, on dirait qu’on les laisse faire ! C’est quoi l’objectif ?!

Un fiasco également ressenti par un autre CRS, dont les propos ont été rapportés du terrain parisien par le journaliste Wladimir Garcin-Berson du Figaro : « C’est pas croyable, on dirait qu’on les laisse faire ! C’est quoi l’objectif ?! », se serait ainsi indigné l’officier entendu par le journaliste, alors qu’il conversait « discrètement » avec ses coéquipiers, « lors d’une pause aux alentours des Champs ».

Un porte-parole du syndicat Unité SGP Police-FO a pour sa part déploré la non-déclaration de manifestations : « On ne pouvait pas sécuriser ces manifestations. Il n’y avait rien de déclaré. Il a fallu un peu de temps à mes collègues pour sécuriser les Champs-Élysées », a ainsi expliqué le syndicaliste

fin de l’article


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