Depuis le 15 septembre 2023, les usines General Motors, Ford, Stellantis et d’autres sont en grève demandant une augmentation salariale de 36 % sur 4 ans (dont 18 % pour la première année) et une diminution du temps de travail hebdomadaire de 40 à 32 heures.
Etats-Unis : la grève dans l’automobile s’étend à 38 usines supplémentaires !
Une semaine après le début de la grève historique de l’automobile aux Etats-Unis, Shawn Fain, le président du syndicat UAW, a annoncé ce vendredi que la grève s’étend désormais à 38 usines supplémentaires.
Source : Révolution permanente.
https://www.revolutionpermanente.fr...
Rédaction internationale. 22 septembre
Le président de l’UAW (United Auto Workers) a annoncé ce vendredi, à l’occasion d’un live Facebook suivi par près de 40 000 personnes, l’extension de la grève commencée une semaine plus tôt. Shawn Fain a expliqué que les négociations avaient avancé avec Ford, mais que GM et Stellantis « avaient encore besoin d’un gros coup de pouce », les deux géants de l’automobile ayant refusé pour l’instant toutes les propositions avancées par le syndicat.
Ce vendredi à midi (heure américaine), les travailleurs de l’UAW étendront donc la grève à 38 centres de distribution de pièces détachées de General Motors et de Stellantis, situés dans vingt Etat. Les trois usines déjà en grève depuis le 15 septembre, lorsque les conventions collectives sont arrivées à échéance sans accord pour les prochaines, vont le rester, a-t-il ajouté. La direction du syndicat avait choisi jusqu’alors de ne pas appeler à la grève généralisée dans toutes les usines, mais de commencer par des grèves partielles, et de mobiliser seulement 13 000 des 146 000 membres de l’UAW dans les « Big Three ».
Fain a également « invité » le président Biden à « rejoindre » les piquets des travailleurs. Une tentative, à l’approche des élections présidentielles de l’année prochaine, de faire peser ses exigences alors que le président américain se trouve dans une position délicate, entre nécessité de soutenir le syndicat (pour maintenir une posture électorale) et volonté d’éviter un conflit qui se durcisse et devienne incontrôlable. Aussi, le flirt avec Biden est une arme à double tranchant.
Comme le souligne Enid Brain dans un article récent pour Left Voice : « la lutte de la classe ouvrière américaine limite la capacité de manœuvre de Biden et du Parti démocrate. Le large soutien de la population à la grève de l’UAW -et aux grèves en cours à Hollywood- combiné au besoin de Biden de consolider le soutien de la classe ouvrière industrielle du Midwest avant les élections de 2024, lui a imposé d’adopter une position davantage pro-ouvrière que lors des grèves précédentes, comme celle des travailleurs du ferroviaire qu’il avait contribué à briser. Cette fois, Joe Biden a dû non seulement prendre acte de la grève, mais se prononcer en faveur des travailleurs. Mais, dans le même temps, sa prise de position a démontré que son objectif principal était de faire en sorte que la grève se termine rapidement pour éviter qu’elle ne devienne plus puissante et audacieuse et qu’elle finisse par perturber davantage l’économie américaine. Biden est inféodé aux exigences d’une économie fragile et qui est devenue l’un des éléments centraux de sa campagne de réélection. Le président américain a donc besoin que cette grève soit la plus courte et la moins perturbatrice possible ».
Toutes les enquêtes d’opinion montrent que la grève des travailleurs de l’automobile face à l’inflexibilité des entreprises jouit d’une énorme popularité. La réalité cependant, est que même Ford, présentée comme Fain comme étant ouverte au dialogue et à des concessions, n’est pas prête, pour l’instant, à lâcher grand-chose. Aucune entreprise n’est disposée à avancer sur l’une des revendications les plus ambitieuses des grévistes, à savoir la réduction de la journée de travail de 40 à 32 heures sans réduction de salaires. Certains journalistes et médias ont déjà commencé à mener la charge, cherchant à faire le distinguo entre les revendications acceptables et celles qui ne le seraient pas et expliquant qu’une partie des revendications n’existeraient que pour mieux forcer les entreprises à négocier sur les autres. Il s’agit d’une tentative de limiter le pouvoir de négociation du syndicat et la force de frappe des grévistes, d’autant plus que l’UAW n’a pas ouvertement démenti ces rumeurs.
Dans le même temps, la stratégie adoptée par la direction du syndicat pourrait finir par nuire à la grève elle-même. En l’absence d’une grève généralisée, incluant l’ensemble des 146 000 travailleurs, qui permettrait de faire la démonstration de toute la force de frappe de la classe ouvrière unifiée de l’automobile, le scénario d’une défaite est envisageable. Jusqu’à présent la direction du syndicat mène la danse et la base n’a pas ou très peu son mot à dire. Au-delà du prestige gagné par Fain parmi les travailleurs pour son positionnement plus militant que les autres dirigeants syndicaux, pour qu’une victoire advienne, il faudra que la base intervienne activement dans la grève.
Comme le souligne Tristan Taylor, militant de Left Voice à Detroit : « la demande des travailleurs des Big Three de faire grève ensemble est venue de la base Ce processus doit se poursuivre : les membres de base de l’UAW doivent décider collectivement de leur propre destin, y compris de leurs revendications et de la manière de riposter. Cela signifie que les travailleurs eux-mêmes doivent décider quelles sont les usines qui doivent rejoindre la grève et quand elles doivent le faire. Les dirigeants syndicaux ne doivent pas cacher aux travailleurs la stratégie de leur propre grève […] Les travailleurs sont enthousiastes à l’idée de se battre avec leurs frères et sœurs syndiqués. Organisés à la base, ils doivent décider quelles sont les usines qui doivent être fermées. Comment cela doit-il se faire ? Les comités de grève locaux composés des travailleurs de chaque usine doivent élire des délégués régionaux pour frapper ensemble. Les comités locaux et régionaux devraient coordonner le soutien important apporté par la population et solliciter le soutien d’autres syndicats. Il s’agirait d’une étape importante pour la constitution d’un comité national de la grève capable de coordonner tous les efforts pour faire aboutir les revendications importantes des grévistes »
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Lire aussi :
Dans Révolution permanente. Etats-Unis. Vers une démonstration historique de la force de frappe de la classe ouvrière ? https://www.revolutionpermanente.fr... * dans les Échos du 21/09/2023 : pourquoi une grève historique ?
https://www.lesechos.fr/industrie-s...
** HD
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