Voter PS a-t-il aujourd’hui un sens pour un humain de gauche ?

samedi 7 novembre 2015.
 

La perte de sens.

L’un des intérêts du café–bar auberge des Trois faisans est qu’il dispose de plusieurs salles dont l’une peut permettre d’organiser des réunions autour d’une grande table de ferme en bois massif.

Le décor est assez traditionnel : plafond avec poutres de châtaigniers apparentes, une grande cheminée à feu ouvert. Les murs sont ornés d’assiettes décoratives représentant des scènes de la révolution française de 1789 et de la Commune de Paris, de tableaux représentant les portraits de Jaurès, Babeuf, Marx Proudhon et du célèbre Jacques Élisée Reclus (1) Bref, un décor très classique.

Pierre Robès est l’animateur de la réunion sur le thème : voter PS a-t-il encore un sens pour un humain de gauche ?

(Pour ne pas dire humain d’abord de gauche ). (2)

– Je vois mal comment un humain d’abord de gauche pourrait voter PS ce parti n’étant plus un parti de gauche ! Pierre intervient alors :

– Oui, Charles, attend : c’est trop général ! Je vous propose d’essayer de faire un tour de table pour avoir l’avis de chacun. L’assemblée acquiesce.

La régression économique

–Pour moi, la loi Macron, c’est le dépeçage du code travail ! Un affaiblissement sans précédent des droits sociaux !

–T’as raison ! D’ailleurs le site "lesbrinsd’herbe engagés" a fait une excellente synthèse sur cette question.(3)

– Et par-dessus le marché, on a assisté à un déchaînement hystérique des médias contre le code du travail : on voit ici pour qui travaillent les médias ! (4)

–Autre fait sans précédent : Une réduction de 50 milliards d’euros de dépenses publiques et 40 milliards d’allégements fiscaux et de cotisations sociales pour les entreprises (5), et ce, au nom du pacte de responsabilité et de solidarité (des entreprises) soi-disant pour relancer la croissance et l’emploi.

C’est alors qu’un intervenant s’exclame :

De la compétitivité

Avec un peu d’austérité

Est très bon pour nos entreprises

Et permet une bonne reprise !

Un participant dit alors à son voisin en aparté

– C’est qui, celui-là ?

– Je n’sais pas mais il parle en octosyllabes !

Un autre participant intervient pour répondre à l’octosyllabiste :

– Mais non ! Ce genre de mesure a été prise dans le passé, à plusieurs reprises, et n’ont jamais donné de résultats probants en termes d’emploi et d’investissement ! Le rétablissement des marges sert plutôt à augmenter le montant des dividendes distribués . La France est actuellement au troisième rang mondial pour la distribution des dividendes aux actionnaires. De qui se moque-t-on ?

Coups de poignard contre les droits de l’Homme

Un intervenant ne veut pas trop s’éterniser sur les problèmes économiques…

– Il ne faut pas non plus se centrer uniquement sur la politique économique. Un scandale absolu est survenu le 21 novembre 2014 lorsque le gouvernement Hollande n’a pas voté les résolutions de l’ONU contre la glorification du nazisme, alors que 115 pays avaient voté pour ! (6)

– C’est une plaisanterie ?

– Non ! Un véritable scandale passé sous silence par les médias !

– C’est vrai, seul Politis a traité la question. Même Mediapart n’a pas daigné en faire un article de la Rédaction !

Un autre intervenant renchérit :

– Et la "loi renseignement " ?. Toutes les organisations syndicales de magistrats, les organisations qui défendent les droits de l’Homme et des association spécialisées dans le numérique étaient contre ce projet liberticide plaçant tous les Français sous surveillance. Cette loi a été votée grâce aux voix socialistes et de droite. En outre la protection des sources et des lanceurs d’alerte est toujours très insuffisante !.

– Il y a autre chose : le pouvoir judiciaire reste toujours sous le contrôle de l’exécutif par le refus du Sénat de réformer le Conseil Supérieur de la Magistrature de manière à le rendre indépendant de l’ exécutif . Une fois de plus des voix socialistes il du PRG se sont jointes à celles de la droite. De cette manière, le pouvoir politique peut toujours protéger qui il veut. Une honte ! Qu’attend Hollande pour provoquer un référendum pour modifier cette loi constitutionnelle ?

– Et pendant ce temps, les moyens supplémentaires accordés à la Justice sont dérisoires par rapport aux besoins de son bon fonctionnement La France reste donc en queue de peloton des pays de l’OCDE pour son budget accordé la Justice et le nombre de magistrats par habitant. (6)

Un mépris de l’électorat de gauche.

Un autre intervenant tient à rappeler l’attitude du gouvernement par rapport à une partie de son propre électorat.

– Oui, tout cela est bien vrai mais, outre la grande quantité de promesses non tenues, il faut aussi se poser la question : alors que François Hollande a pu être élu grâce aux 4 millions de voix des électeurs du FDG, Hollande, une fois élu, a-t-il pris en compte une partie des propositions du FDG ? Aucune n’a été prise en compte, pas même l’amnistie des syndicalistes condamnés. Cela témoigne d’un mépris total de l’électorat ancré à gauche. Ne serait-ce que pour cette raison, je n’ai pas du tout l’intention de voter PS quoi qu’il arrive

Le chantage à la peur : l’épouvantail FN que le PS ressort périodiquement du placard électoral

– Ah oui ? Et en cas d’un duel FN– PS ?

– Tu prends le cas le plus difficile mais je te réponds. Le PS considère paraît-il le FN comme la peste. Devrais-je donc choisir entre le générateur de peste et le propagateur de peste ?

– Comment ça ?

– Qui est responsable de la montée en puissance du FN sinon principalement, la politique régressive du gouvernement PS ? Qui est le fossoyeur des idées de gauche ? Qui instrumentalise le FN pour diviser la droite mais aussi pour neutraliser le FDG et aussi EELV et d’une manière générale "l’autre gauche" ?

– Tu n’es donc pas pour défendre l’unité de la gauche ?

La gauche élitaire médiatisée

– De quelle gauche parle-t-on ? Lorsque les médias parlent de La Gauche, en fait ils parlent du PS. Le FDG est absent de leur discours par une stratégie délibérée d’effacement du FDG champ politique. Tout est fait pour faire croire qu’il n’existe pas d’autre alternative à gauche. Mais le PS est-il encore un parti de gauche si l’on se place sur le plan idéologique et non pas sur celui de la dénomination administrative ?

– D’ailleurs le PS est maintenant coupé des réalités syndicales ce qui n’était pas le cas lorsqu’il était un parti social-démocrate..

– Il est vrai que lors des conflits sociaux, le gouvernement prend plutôt le parti des actionnaires et non celui des salariés.

Nécessité d’une autonomie totale du FDG.

Pierre Robès oriente alors le débat autrement :

Il y a un autre aspect qu’il faut aborder : nous sommes ici entre nous humains résolument de gauche, mais essayons de nous mettre à la place d’un électeur socialiste déçu, d’un abstentionniste ou tout simplement d’un électeur qui a une vision simple de la politique. Comment perçoit-il le comportement politique du FDG ?

– Pour moi, si j’étais à leur place il faudrait que le FDG ait une position simple, cohérente et claire. Il doit affirmer une position bien distincte de celle du PS dont il rejette la politique et en aucune manière s’amarrer à lui sous peine de chavirer avec lui..

– Oui mais il n’y a pas que cela. Beaucoup d’électeurs sont dégoûtés de la politique "institutionnelle" car ils considèrent dans leur majorité que les élus politiques font passer leurs intérêts propres avant l’intérêt général de la population.

– Ce n’est pas seulement leur intérêt personnel qui est en cause mais aussi l’intérêt de leurs partis qui leur permettent d’être promus et de bénéficier de rentes de situation.

– Oui d’accord, mais pour eux c’est pareil : ils rejettent les combines d’appareils qui servent les intérêts des élus.

– D’accord avec ce qui vient d’être dit : mais cela implique une conséquence dans la ligne politique des composantes du FDG : pas d’alliance avec le PS ni au premier ni au deuxième tour ! Ça c’est la clarté et la simplicité.

– C’est d’ailleurs un facteur important qui fait la force du FN qui n’a contracté aucune alliance avec les autres partis de droite dont il veut se distinguer radicalement.

– Il faut tout de même relativiser tes propos : Entre 1977 et 1992 le FN a contracté des alliances avec la droite même si depuis 1998 ces alliances se sont raréfiées.

– C’est exact, mais il n’en reste pas moins vrai que la nouvelle présidente du FN écarte des alliances avec la droite. Attends deux secondes, je vais retrouver avec mon Smartphone l’article de Wikipédia intitulé, si ma mémoire est bonne : "les alliances électorales du Front National".… Voici l’extrait : (7)" Marine Le Pen, présidente du Front national depuis janvier 2011, refuse l’idée d’une alliance avec l’UMP, estimant que « nous ne pouvons pas faire d’accords électoraux, d’alliances politiciennes, alors que nous avons des divergences si profondes avec l’UMP. Ce n’est pas une différence de degré que nous avons avec l’UMP, c’est une différence de nature "

– Mais il y a aussi la cohérence : on ne peut pas tirer à boulets rouges contre le PS à longueur d’interviews et d’articles souvent relayés par les grands médias friands de ce genre de dissensions et en même temps s’allier avec celui-ci. C’est totalement irrationnel et incompréhensible du point de vue de la cohérence politique pour tout électeur doté de raison et non instrumentalisé par quelconque parti.

– Pas tout à fait d’accord avec ce que tu viens de dire : certains électeurs ne comprennent pas cette incohérence qui reste pour eux mystérieuse mais un bon nombre comprend les raisons de cette incohérence, de cette confusion : c’est pour protéger leur acquis en termes de sièges et de financement de leurs partis que certains représentants et militants politiques adoptent une telle stratégie de court terme que certains qualifieront est de "realp olitique". Cette alliance avec le PS leur permet de sauver un certain nombre de sièges, du moins à court terme. Et ces électeurs– là traiteront les représentants du FdG comme des menteurs. Ils n’accorderont aucun crédit à leurs promesses. Le FDG est considérée par eux comme un simple satellite, un croupion du PS.

– Mais alors c’est le rejet assuré par les électeurs dont nous parlions .les abstentionnistes ,etc.

– C’est même plus grave : certains électeurs qui votaient jusqu’à présent FDG peuvent devenir à leur tour des abstentionnistes voire même pour une petite minorité voter FN dégoûtés et en colère comme cela s’est d’ailleurs déjà vu aux dernières élections départementales.

– Il ne faut donc s’allier avec aucun socialiste ? Peut-on être aussi tranché ?

– Si un socialiste affligé ou non décide de quitter le PS, de se retrouver sans carte, ou encore décide d’adhérer au FDG, à Nouvelle donne, parti de la Nouvelle gauche socialiste, EELV ou à tout autre parti à gauche du PS, il n’y a pas de raison de ne pas faire alliance avec lui.

– Avec une attitude aussi tranchée, on peut être accusé d’être responsable de l’élection d’un certain nombre de membres du FN.

Toujours l’instrumentalisation du FN par le PS

– C’est effectivement ce que veut faire croire le PS mais il est extrêmement mal placé pour donner ce genre de leçon ! Aux dernières élections présidentielles, c’est Jean-Luc Mélenchon qui a porté à peu près seul la contradiction au FN. Il s’y est d’ailleurs appliqué avec force pour éviter la confusion entretenue par certains médias entre les positions du FN et celles du F DG. Dans son interview du 20 octobre 2015 par la chaîne Public –Sénat, Jean-Luc Mélenchon explique comment le PS instrumentalise le FN contre le FDG. On se rapportera pour cela au segment de l’interview compris entre la 26e et 36e minute environ. (8).

Le PS est mal placé pour donner des leçons d’unité.

– Pour moi, il y a une autre raison de ne pas voter PS, c’est leur basse manœuvre politicienne avec leur référendum bidon demandant si l’on était pour ou contre l’unité de la gauche,alors que le PS sait très bien que la politique du gouvernement PS est rejetée par une large majorité des électeurs.

– Tu as raison : il s’agit d’une petite manœuvre qui prend les électeurs pour des imbéciles consistant à faire porter le chapeau au FDG et à Mélenchon de la division de la gauche ou du moins ce que l’on appelle encore comme telle, alors que le PS est devenu un parti néolibéral. Cela témoigne une fois de plus d’un certain mépris du corps électoral.

– En outre,, lorsqu’un représentant du FDG est placé en tête et affronte un candidat de droite, le report des voix socialistes est loin d’être total et une partie préfère voter pour le candidat de droite ou s’abstenir. D’ailleurs, au niveau européen, les partis socialistes préfèrent s’allier à la droite , pour gouverner avec elle plutôt que s’allier avec la gauche dite radicale. Son refus de signer les résolutions de l’ONU contre le nazisme annule toute validité à leurs propos Ras le bol du culte de la culpabilité et du chantage !

– Oui ton argumentaire ne manque pas de solidité une selon l’expérience personnelle et familiale des électeurs, même après réflexion, les avis peuvent diverger.

Les dissidents du PS en quête d’un nouvel espace.

– Il y a une chose que je ne comprends pas : Pourquoi tous ces socialistes qui contestent la politique du gouvernement et d’austérité ne veulent pas adhérer au PG ?

– N’oublions pas que le PG appartient au Front de Gauche. Il me semble qu’il peut exister plusieurs raisons : 1) la présence de communistes au sein du FDG, En effet, le label communiste provoque un rejet d’une large partie du corps électoral, à telle enseigne que certains communistes qui partent seuls en campagne électorale s’emparent du label Front de gauche . 2) l’absence de perspectives d’avoir un espace électoral suffisamment vaste pour avoir une quelconque chance d’être élu. 3) Certains peuvent aller à Nouvelle donne ou à la Nouvelle Gauche socialiste considérant que le FDG n’a aucun avenir par son manque de cohérence politique et qu’il est condamné à disparaître , ou encore incapable de gouverner par son manque de cohérence et cohésion interne . Bref, il s’agit pour eux de créer un nouvel espace politique entre le PS et FDG suffisamment vaste et renvoyant une image novatrice pour avoir quelque chance d’être élu un jour. C’est probablement d’ailleurs la position d’un journal comme Mediapart qui pratique aussi la politique d’effacement du FDG même si celle-ci est un peu moins marquée que celle pratiquée par d’autres médias.

– D’accord, mais la naissance de ces partis (Nouvelle donne et NGS) correspond à un clivage idéologique réel par rapport à la politique libérale ou sociale libérale du PS.

– Mais c’est quoi ce … NGS ?

– Le parti de la Nouvelle Gauche Socialiste (NGS) a été créé en juin 2015 par l’économiste et ancien député européen Liêm Hoang-Ngoc qui a pris cette décision « après consultation de ses militant(e)s des départements de la nouvelle grande région. » peut-on lire sur le site de ce nouveau parti. (Des éléments d’information sur ce nouveau parti et une intervention de Jean-Luc Mélenchon, entre autres, en cliquant ici (9) )

Le manque de cohérence politique : au-delà des pertes électorales, une fuite des sympathisants et des militants.

– Je vais plus loin sur les conséquences de l’incohérence. Cette incohérence pourrait aller jusqu’à impliquer une fuite d’un certain nombre d’adhérents et d’électeurs du FDG vers ces autres partis situés à gauche du PS. Par ailleurs, il est plus que probable que si le PG abandonnait sa stratégie d’autonomie totale par rapport au PS, on assisterait à un effondrement de ce parti ses militants pouvant alors rejoindre par exemple le NGS. Est probable qu’il en serait de même pour d’autres composantes du FDG

Robès Pierre conclut alors :

"Voter PS a-t-il un sens pour leFDG ? Oui s’il veut se suicider. Non s’il veut survivre."

C’est en partie quatre à partir du texte suivant de Jean-Luc Mélenchon qui décrit, lui, une situation réelle que j’ai imaginé la fiction précédente.

Annexe : texte de Jean-Luc Mélenchon : Ici et là, de l’état de l’opposition de gauche.

Source : http://melenchon.fr/2015/10/24/de-l...

"Chemin faisant, je profite de chaque halte pour faire une escale électorale avant ma conférence. Je sais que les camarades sont contents de ça. Moi je le suis de les voir à l’œuvre. En fait ils n’ont pas besoin de moi, juste une sorte de label qui s’ajoute à leurs efforts. Mais je m’y plie avec plaisir. Au passage je m’instruis, je découvre des personnes, j’apprends à réévaluer des situations locales. Je ne cache pas combien je suis déçu par les divisions quand je les constate et combien je suis heureux en cas contraire.

Ainsi, à Lyon, je ne me fais pas à l’idée que les communistes de la région Rhône-Alpes-Auvergne aient choisis de partir seuls, en dehors du rassemblement opéré avec EELV, la Nouvelle Gauche Socialiste, Nouvelle Donne et le Parti de Gauche bien sûr. Les premiers sondages donnent entre 2 et 4% à la liste communiste. Quelle que soit ma méfiance a l’égard de la marchandise sondagière, je connais aussi son pouvoir auto réalisateur. À quoi bon maintenir ce choix suicidaire ? J’ajoute ceci : si les communistes rejoignaient la liste de rassemblement citoyen, je suis certain qu’ils y apporteraient bien davantage que les 2 ou 4 points que leur vaut l’incompréhension des électeurs de notre gauche !

Qu’est ce qui se passe dans ce secteur ? Après le choix désastreux de l’alliance avec le PS à Grenoble et le maintien au second tour contre notre liste gagnante, voilà une redite dont personne ne comprend ni le sens ni la visée. Evidemment, la liste communiste ne s’appelle pas comme ça. Elle se donne le titre de liste « Front de Gauche », achevant le désastre pour tous en y ajoutant localement une querelle sur le droit d’usage du sigle.

J’ai observé la même chose dans la région Nord, un comble pour une liste communiste aussi soucieuse de son identité. Pourtant, là-bas aussi, la rupture des écologistes avec le PS est riche de perspectives. Aux départementales, dans les cantons de Lille, cette coalition avait atteint les 20%. C’est un évènement que les écologistes de toute la grande région Nord-Pas de Calais et Picardie aient choisi l’alliance avec le Front de Gauche. Pourquoi refuser la main tendue que nous avons tant attendue et espérée ? A ces déboires s’ajoutera à la fin le discrédit d’un score confidentiel qui nous atteindra tous.

Pourtant, un contre modèle unitaire des communistes existe. Ainsi en Provence-Alpes-Côte-D’azur, le choix communiste est exactement l’inverse. Pilier de la méthode du rassemblement, Jean Marc Copola et ses camarades ont travaillé à la formation d’une liste de toute l’opposition de gauche face a Marion Maréchal Le Pen et Christian Estrosi. Il y a eu d’autant plus de mérite que la tête de liste lui était acquise dans la mesure où le PG en était entièrement d’accord. Pour parvenir à l’union, il a accepté que le dépôt administratif de la liste se fasse au nom de Sophie Camard, la tête de liste écologiste avec laquelle il fonctionne en binôme. Cette attitude ouverte et unitaire, mes amis la comprennent d’autant mieux qu’ils s’en sont fait une règle. Partout ils ont préféré céder le pas plutôt que de courir le risque de la division, si amères que soient parfois pour eux les conditions de l’accord.

Cet état d’esprit s’est confirmé en région Île-de-France où Eric Coquerel, le coordinateur du Parti de Gauche s’est effacé au profit d’une tête de liste communiste dans la mesure où il s’agissait de l’exigence du secrétaire national du PCF, Pierre Laurent et que nous voulions donner le signal du respect de sa fonction et de l’unité au sommet du Front de Gauche. C’est d’ailleurs en raison de ce sacrifice que s’est déchainé l’indignation des militants engagés dans la campagne électorale quand, après avoir construit cette unité, ils ont dû affronter la publication d’un sondage donnant Pierre Laurent à 2% et Eric Coquerel à 5%, affichage d’une division qui n’existe pas. Mais sans doute est-ce pour mieux masquer peut-être une union qui dérange les petits calculs de l’état-major du PS. Si l’on en croit les vantardises du très bavard Julien Dray, le PS comptait sottement rééditer l’opération d’intéressement des communistes qu’Anne Hidalgo a fait dès le premier tour des municipales. Ce temps-là est fini. D’autres sondages ont donné la liste du trio Laurent, Coquerel, Autain à 10%. Et je crois fermement que leur liste fera mieux encore car toutes les conditions sont réunies pour cela. En tous cas, quoique je ne me mêle ni de négociations ni de conduite de campagne du fait de mon retrait de la direction du Parti de Gauche qu’anime désormais une équipe de vingt personnes coordonnées par Eric Coquerel et Danielle Simonnet, je serai aux côtés de Pierre Laurent et de la liste pour la soutenir au meeting du 4 novembre à Paris.

De tout ceci, je tire une leçon morose. Une nouvelle fois nous ne serons pas vraiment lisibles le soir des résultats, puisque les situations se sont créées d’après les humeurs locales, sans coordination ni négociation nationale. Je ne dirais jamais assez combien je déplore ce localisme et la tyrannie qu’il fait subir à tout le monde sans aucun recours possible.

Au niveau national, il nous faut donc assumer un tableau incompréhensible par les gens normaux et qui est le simple résultat de l’addition de stratégies locales et d’autant de baronnies. Le bonheur des fédéralistes est l’enfer de l’action politique organisé et responsable. Dans une élection plus nationale que jamais, dans des régions sans existence réelle, face à des partis nationalement centralisés, les partis de l’autre gauche s’abandonnent à un capharnaüm à pleurer. Le plus stupéfiant est de voir ceux-là même qui sont les plus bruyants pour réclamer dans les discours l’action et l’implication citoyenne refuser obstinément la mise en place d’assemblées représentatives des citoyens engagés avec les listes. Je ne dis que cela. Pour finir, plusieurs cas se présenteront : les listes Front de Gauche uni, les listes « Front de Gauche communiste », les listes du Front de Gauche et d’EELV, les listes du Parti de Gauche et d’EELV. Deux régions seulement sont dans la configuration Front de gauche/EELV. Il faut les observer spécialement : il s’agit de PACA et Midi-Pyrennées-Languedoc-Roussillon. Je n’en dis pas davantage pour aujourd’hui. Si l’on met de côté ce puzzle bigarré, comment lire sérieusement les résultats ? Quatre paquets se dessinent en cohérence politique, au delà des zizanies internes : les listes d’extrême-droite, les listes de la droite, les listes du gouvernement, les listes de l’opposition de gauche. Sur treize régions c’est simple à répartir et à calculer. Exemple dans le nord la liste EELV/PG (pour résumer) et la liste Communiste, quoique séparées sont toutes deux dans l’opposition de gauche. En Bourgogne Franche Comté la liste PS/PRG et la liste PS dissidents sont toutes les deux dans le camp gouvernemental. C’est tellement simple qu’on comprend que cela ne se fera pas. Les faux monnayeurs du ministère de l’intérieur et les entreprises de sondages vont nous bidouiller une tambouille sur le mode qui a prévalu pour les départementales. En fait, tout l’enjeu pour eux est le résultat annoncé à 20 heures. La dernière fois le PS avait été annoncé à 28% à égalité ou presque avec la droite et surtout avec l’extrême droite. Le lendemain, il était retombé à 19% dans les calculs. Mais qui est revenu sur l’escroquerie de la veille ? L’essentiel pour le PS est que n’apparaisse pas l’existence d’une « opposition de gauche ». De manière à justifier le discours du « vote utile ». L’infecte sphère médiatique sert la soupe à grosse louche au tripartisme dont ses maitres ont tant besoin. Partout, même pour les sondages, ont ne publie que les trois premiers. Le fameux tripartisme est venu remplacer l’ancien bipartisme. Inconvénient : ce n’est pas la réalité et c’est une forme de bourrage de crâne. Avantage : ils nous foutent la paix pour travailler et la détestation à leur égard progresse chez les gens qui n’aiment pas se faire manipuler. Fin du texte de Mélenchon"

Hervé Debonrivage


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