Législatives. À gauche, des négociations à rebondissements

mardi 3 mai 2022.
 

Stratégie, programme, candidatures… alors que les échanges entre la France insoumise et les autres formations de gauche - PCF, EELV, PS - se multiplient pour trouver un terrain d’entente en vue du scrutin de juin, les retournements de situation se succèdent.

Derniers épisodes en date  : EELV évoque désormais un possible «   aboutissement dans les heures qui viennent  » tandis que le PS a suspendu les négociations à la mi-journée. Une rencontre entre communistes et insoumis est prévue vendredi soir.

Jeudi soir, les négociations à gauche en vue d’un accord pour les législatives semblaient patiner. Après une semaine d’échanges entre la France insoumise, qui forte de ses 22 % à la présidentielle a, contrairement à 2017, tendu la main aux autres formations, le pôle écologiste est, alors, même en voie d’éclatement. Génération.s, l’une de ses composantes, annonce un accord unilatéral avec les insoumis, comprenant notamment 4 circonscriptions. Côté EELV, le pessimisme est de rigueur.

Quelques heures plus tôt, le PCF a, pour sa part, tenu une conférence de mettre pour marteler la nécessité de «  passer d’une logique de ralliement à une logique de rassemblement  ». «   Il faut que ça avance plus vite. (…) Il n’y a qu’un plan, c’est le plan A  », insiste le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, qui propose «  un contrat de législature  » autour de 10 «  mesures communes répondant aux besoins populaires  ». Le député du Nord plaide pour que tout le monde se retrouve autour d’une même table, pour que le nombre de circonscriptions en discussion soit élargi, pour que la coalition ait son propre nom (les insoumis proposent de reprendre leur bannière de l’«  union populaire  ») et que sa formation en compte davantage de gagnables que ses seuls sortants. Quant aux échanges entre FI et EELV, ils étaient au point mort depuis mardi soir.

Au réveil, vendredi matin, la tonalité n’est plus la même. «   J’ai bon espoir que ces négociations aboutissent dans les heures qui viennent et pourquoi pas un 1er-Mai commun en soutien aux syndicats, contre cette réforme (des retraites) à 65 ans. Pourquoi pas une bannière commune ‘’l’Union populaire écologiste ’’ », lance le secrétaire national d’EELV sur France 2. «  Il peut subsister des désaccords  », mais «  l’important c’est d’être clairs et francs devant les électeurs  », estime Julien Bayou, rappelant que sur l’Europe, l’un des points d’achoppement programmatique, sa formation reste «  extrêmement vigilante sur toutes les implications pour l’adhésion de la France  ». Une prise de position encourageante qui est aussi une façon aussi de faire savoir que les écologistes y ont mis du leur, en cas d’échec des discussions.

Avec le PS tout paraît aussi aller bon train en début de matinée. «   Nous sommes convaincus qu’un rassemblement peut se bâtir sur un programme partagé pour construire une alternative sociale et écologique globale à la politique néolibérale d’Emmanuel Macron  », annonce un communiqué socialiste qui donne son assentiment aux «   douze marqueurs  » mis sur la table par FI. Dans la foulée, les cadres du PS temporisent et soulignent sur tous les tons la fin du communiqué qui stipule que «   le texte n’est en aucun cas un accord  »  : «  il valorise des convergences, sans cacher nos différences, notamment sur la question européenne  ». Reste que les convergences en question portent sur rien de moins que la retraite à 60 ans, le Smic à 1 400 euros ou la suppression de la loi El Khomri. Mais, au sein du parti, la tension grimpe, alimentée par ceux qui s’opposent aux négociations avec les insoumis. Alors que François Hollande a estimé jeudi si le PS acceptait un accord «  c’est qu’(il) aura décidé de disparaître  », la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, à la tête d’un courant minoritaire, dénonce «  une reddition  » à la FI. «  La morale en politique interdit que stratégie et convictions divergent, fût-ce pour des motifs d’opportunité transitoire  », tacle aussi Carole Delga, la présidente de la région Occitanie.

À midi, patatras  : les négociations sont interrompues entre insoumis et socialistes. Et ce à l’initiative du PS, une façon de calmer le jeu parmi dans les rangs  ? «   Nous souhaitons parvenir à un accord de toute la gauche et des écologistes (…), mais pour y parvenir cela suppose une vraie logique partagée. Il faut rompre avec toute logique hégémonique et accepter la pluralité. À ce stade nous n’en avons pas la garantie   », explique le premier secrétaire, Olivier Faure, dans un message interne.

En revanche, les négociations reprennent dans l’après-midi entre FI et EELV. Après un «  moment de tension il y a quelques jours  » qui avait donné lieu à une conférence de «  transparence totale  » des verts, «  à cette heure (un accord rapide) est toujours possible  », assure une responsable écologiste à la mi-journée. Une importante rencontre est également à l’ordre du jour ce vendredi à partir de 19 heures entre la FI et le PCF, qui doit réunir ses instances de direction samedi en fin d’après-midi. Le week-end s’annonce décisif.


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