Quand des Marseillais dorment dans des conteneurs à marchandise

jeudi 26 août 2021.
 

Au cœur du 3eme arrondissement de Marseille, cachés par des grilles au sein de l’impasse Jolie Manon, 34 rue Loubon : 70 conteneurs de 10m2. À l’intérieur ? 70 êtres humains ont remplacé les marchandises. Ces résidents attendent, pour certains depuis plus de deux ans, leurs relogements dans un immeuble en rénovation au 2 rue Pierre Leca. Nouvelle illustration du fléau de l’habitat indigne qui gangrène Marseille. Notre article.

Le Bailleur social ADOMA, anciennement SONACOTRA, avait dans ses missions initiales en 1956 de résorber les bidonvilles. Son innovation ? L’hébergement en… conteneur à marchandise !

Solution présentée comme transitoire, la situation perdure au gré de la priorisation des chantiers : ouverture de 2 nouvelles résidences verdoyantes en 2020 (Vieille Chapelle, 13008 Marseille, et rue Barnière, 13010 Marseille) alors que le chantier de la rue Pierre Leca semble en arrêt.

Le premier bâtiment rue Pierre Leca, dont les travaux sont achevés, aurait pu accueillir les résidents des conteneurs, mais ADOMA a fait le choix de loger d’autres locataires. La fin des travaux du bâtiment 2 est prévue en février 2022, sans garantie.

Les conteneurs, dépourvus d’espaces de rangements avec des aérations insuffisantes ou inexistantes, se dégradent au fil des mois ainsi que l’ensemble de la résidence sociale : saletés, moisissures, cafards, rats… Seule la médiatisation récente de la situation semble avoir décidé ADOMA à désinsectiser et dératiser… Un pansement pour combien de temps ?

Des problèmes de sécurité sont également rapportés : de nombreux résidents précisent ne pas garder leurs papiers sur place. Plus grave, des difficultés de santé apparaissent ou s’aggravent.

En échange de cet environnement « bucolique », Adoma demande aux habitants des conteneurs un loyer de 398.18 euros par mois, pris en charge partiellement par les APL, comme s’ils habitaient réellement au 2 rue Pierre Leca (min 19 m2).

Aujourd’hui, les résidents sont partagés entre colère et résignation, ballottés par les promesses d’ADOMA.

Cette situation illustre une nouvelle fois de manière criante la crise du logement à Marseille où 100 000 personnes seraient touchées par l’habitat indigne.

Quel est le devenir des conteneurs une fois les habitants relogés ? Ces conteneurs continueront-ils d’exister comme sas de décompression pour des publics encore plus précaires ? Est-ce la future stratégie d’ADOMA ?

La pérennité de ces conteneurs est inacceptable.

Le logement est fondamental à la dignité de la personne humaine, et l’accès à un logement décent est un préalable pour se développer, s’épanouir et faire des projets.

En ce sens, il est indispensable d’accélérer la construction de logements sociaux, de garantir la mise en œuvre effective du droit au logement opposable (DALO), de réquisitionner les logements vides et de mettre en place un droit au logement digne permettant de garantir que des situations telles que les conteneurs n’existent plus et que des drames comme ceux de la rue d’Aubagne et de la cité des Flamands ne se reproduisent pas.


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