Napoléon 2 naît dans un Premier empire fragilisé le 20 mars 1811

jeudi 21 mars 2024.
 

A) Naissance du Roi de Rome

En cette veille du printemps 1811, cent un coups de canon annoncent la naissance de l’héritier du Premier empire. Sa mère, Marie Louise d’Autriche est une nièce de Louis XVI et Marie Antoinette ; son père, Napoléon 1er, a abandonné depuis longtemps son passé de général républicain.

Sa gouvernante se nomme Louis Charlotte Le Tellier de Louvois-Courtanvaux de Montmirail ; elle dirige une énorme "maison" avec sous-gouvernantes, berçeuses, nourrices, écuyers, maîtres d’hôtel... De nombreux nobles, émigrés au début de la Révolution, retrouvent leurs habitudes à la Cour de l’empereur en attendant de le trahir.

La pyramide administrative présente déjà tous les défauts des serviteurs courtisans. Ainsi, le préfet du Gard Rolland de Villarceaux répond à l’enquête sur la "situation politique et morale du département" « Le département du Gard est animé du meilleur esprit public. L’attachement des habitants envers l’empereur s’est manifesté d’une manière particulière à l’occasion de la naissance de Sa Majesté le Roi de Rome. Des fêtes publiques ont eu lieu spontanément presque dans toutes les communes. »

L’année 1810 a marqué l’apogée du 1er empire mais aussi le tournant avant son déclin.

B) Le "système fédératif européen" mis en place par Napoléon

L’Empire français compte en mars 1811 130 départements dont les chefs-lieux se nomment Gênes, Florence, Rome, Turin, Bruxelles, Aix la Chapelle, Amsterdam, Mayence, Hambourg, Laybach (actuelle Ljubljana, Slovénie) ou Dubrovnik. Début 1812, les quatre départements catalans (dont Barcelone et Lleida) vont s’y ajouter.

Un "système fédératif européen" complète cette hyper-puissance avec des Etats "alliés", dirigés généralement par des parents proches de l’empereur :

- Joseph Bonaparte, frère aîné de Napoléon, roi d’Espagne
- Eugène de Beauharnais, fils adoptif de Napoléon, vice-roi d’Italie
- Joachim Murat, beau-frère de Napoléon, roi de Naples
- Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon, roi de Westphalie
- Duché de Varsovie
- Confédération du Rhin
- Confédération helvétique

C) En réalité, cette domination commence à imploser

- L’Empire subit en 1811 1812, l’apogée d’une récession économique qui se poursuivra jusqu’en 1817 : crise bancaire et boursière, financière puis économique, enfin sociale. Des milliers d’entreprises françaises ferment ; le chômage s’accroît considérablement en quelques mois ; la pauvreté de masse se développe. Dans le même temps, un climat défavorable aux cultures entraîne de mauvaises récoltes et des oppositions latentes en milieu rural (difficulté à collecter les impôts, à incorporer les conscrits...). Le blocus continental a pour but de faire plier le Royaume-Uni ; ses conséquences négatives se font sentir en France, particulièrement dans les villes portuaires et les régions dont l’économie est tournée vers l’exportation (soieries par exemple.

- Le pape Pie VII a excommunié Napoléon. En France même, il appuie la renaissance de groupes royalistes clandestins comme les Chevaliers de la Foi. Son bras de fer renforce la détermination anti-française des cléricaux espagnols, autrichiens, portugais, napolitains...

- Le Portugal, allié de l’Angleterre, résiste aux armées françaises ; l’armée de Junot puis celle de Soult s’y sont déjà épuisées ; celle de Masséna va bientôt s’y perdre de même.

- Depuis 1808, les insurgés espagnols résistent aux meilleures troupes françaises

- Les conquêtes militaires de Napoléon suscitent la naissance d’un sentiment national portugais au Portugal, espagnol en Espagne, allemand en Allemagne..., bientôt russe en Russie qui modifie l’ancien rapport de forces construit par les armées populaires de la révolution française face aux armées royales.

D) Vers la fin...

- En 1811, Napoléon n’a plus du tout les qualités physiques du général de la campagne d’Italie. Il a perdu également les qualités politiques du premier consul attentif à comprendre, anticiper et régler les problèmes. Il n’a plus les mêmes convictions sur le rôle de l’Etat et croit bon de peu intervenir sur le plan économique.

- L’armée impériale a laissé des dizaines de milliers de grognards et d’officiers aguerris aux quatre coins de ses combats en Europe. Hoche, Kléber, Marceau, Dampierre, Desaix, Leclerc, Richepanse, Lannes, Lasalle... ont perdu la vie sur les champs de bataille. D’autres comme Augereau ne sont plus que l’ombre de leur nom.

- La griserie dominatrice de Napoléon constitue, en elle-même, un élément de fragilité. Il va bientôt se lancer à la conquête de la Russie alors que le Portugal et l’Espagne restent des plaies ouvertes dans son flanc.

- La Prusse (battue en 1806 1807) et l’Autriche (battue en 1805 et 1809) subissent l’hégémonie impériale en attendant l’occasion d’une revanche.

E) Napoléon II (poème de Victor Hugo)

Pour lire ce poème, cliquer sur le titre ci-dessus.


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