Non à la farce Bayrou ! 1 Rocard, Kouchner, Lipietz... ne nous font pas rire !

jeudi 19 avril 2007.
 

L’appel de Michel Rocard à une alliance entre le Parti Socialiste et l’UDF pour gagner le second tour des élections présidentielles a déclenché un séisme au sein d’une frange de quatre secteurs dans l’électorat favorable à Ségolène Royal :

* des citoyens attachés à leur vote non au Traité Constitutionnel Européen, attachés à une réorientation de l’Union en faveur d’un Traité social, des services publics, de politiques publiques ... Ceux-là savent que le courant démocrate chrétien dont François Bayrou est à la fois héritier et représentant symbolise l’ Europe telle qu’elle est, ultralibérale, liée aux lobbies du grand capital, répugnant à la transparence démocratique et à la souveraineté populaire.

* des citoyens dont l’attachement à la gauche est congénitalement lié à leurs convictions laïques. Ceux-là savent ce qu’a coûté l’alliance MRP SFIO à l’enseignement public durant la Quatrième république ; ils ont connu plus récemment le Bayrou voulant abroger la loi Falloux, se présentant comme l’ami de l’enseignement confessionnel.

* des syndicalistes et militants ouvriers, des personnes en difficulté craignant une alliance politicienne dont les objectifs prioritaires ne seront pas d’apporter une réponse à l’urgence sociale.

* des électeurs qui oscillent entre un vote socialiste "utile", un vote communiste et un vote extrême gauche.

J’ai constaté hier la réalité de ces quatre réactions, d’une part en me promenant dans mon village, d’autre part au travers d’appels téléphoniques que j’ai reçus. En une phrase, Michel Rocard a apporté trois à quatre pour cent aux candidats "antilibéraux".

Nous ne pouvons éviter de répondre à ces citoyens électeurs.

La position de Michel Rocard est à coup sûr partagée par des courants et personnalités socialistes ( dont certaines auraient peut-être laissé passer le premier tour). Pour Pierre Moscovici « rien n’est écrit, rien n’est exclu ». Pour Alain Lipietz ( Verts) "Ne jouons pas les vierges effarouchées : l’accord proposé par Rocard est le seul à même de repousser le bloc Sarkozy-Le Pen". "A l’instar de nos voisins européens, capables de réussir là où nous avons échoué, la gauche réformatrice ne doit pas refuser l’alliance avec un centre rénové", ajoute Bernard Kouchner

Michel Rocard argumente son appel en faisant valoir d’abord que c’est le seul moyen de gagner le second tour :

* il raisonne en politicien sûr de pouvoir manipuler les citoyens populaires de gauche dont l’objectif est de mieux vivre au profit d’éléments de la couche sociale d’élus dont l’objectif est seulement de participer au pouvoir local ou national.

* il résonne creux car mathématiquement l’apport de Bayrou est inférieur aux voix qui seraient perdues à gauche. Les sondages des 10 et 11 avril ainsi que des 11 et 12 avril donnaient 51-49 (en gros du 50-50) entre Sarkozy et Royal avec près de 40% d’indécis ; en quoi l’élection était-elle perdue ? Enfin, un tel renversement d’alliances avec la politique qu’elle implique, provoquerait un tel mépris de leurs dirigeants politiques par une majorité de militants et cadres organisateurs de gauche que nous mettrions des années à nous en remettre.

Michel Rocard argumente aussi son point de vue en prétendant que "rien ne sépare aujourd’hui les sociaux démocrates et les démocrates sociaux" :

" J’affirme que sur les urgences d’aujourd’hui rien d’essentiel ne sépare plus en France les sociaux-démocrates et les démocrates-sociaux, c’est-à-dire les socialistes et les centristes. Sur l’emploi, sur le logement, sur la dette, sur l’éducation, sur l’Europe, nos priorités sont largement les leurs. Sur la société, sur la démocratie, sur les femmes, sur l’intégration, sur la nation, nous partageons les mêmes valeurs. Isolés, ni eux ni nous, n’avons aucune chance de battre la coalition de Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen. Mais rassemblés avec les Verts, la gauche sociale-démocrate et le centre démocrate-social constituent une majorité dans le pays. Et dans deux semaines elle peut devenir la majorité réelle. C’est la chance de la France".

Vu les déclarations de François Bayrou, y compris au cours de cette campagne, sur l’emploi, sur l’éducation, sur l’Europe, comment un dirigeant de gauche peut-il écrire que rien d’essentiel ne sépare plus les socialistes et les centristes ? Michel Rocard nous informe que rien ne le sépare politiquement de la droite "démocrate chrétienne" style Romano Prodi, Angela Merkel ou Giscard d’Estaing ; c’est son droit. C’est notre devoir de le combattre vigoureusement.

A l’heure où l’état d’urgence de notre pays nécessite une politique ferme de gauche, vouloir gouverner avec le "centre-droit", c’est se refuser d’avance à mener cette politique. Comme le dit très bien Jean Luc Mélenchon : " Dans ce genre de coalition on ne peut pas aller plus loin que ne le supporte la partie la plus conservatrice. On ne peut donc vouloir appliquer un programme de gauche dans une coalition avec le centre".

D’autres dirigeants socialistes ont exprimé leur refus d’une alliance avec une portion de la droite :

François Hollande : « Il n’y a pas d’alliance concevable entre la gauche et une partie de la droite »

Pour Guillaume Bachelay, un proche de Laurent Fabius « ce n’est pas un signe que Bayrou penche à gauche mais la confirmation que Rocard penche à droite ». Et de rappeler que François Mitterrand, en son temps, le soupçonnait déjà de préparer l’alliance avec le centre.

Rien n’est joué ; cette question est décisive ; le parti socialiste n’appartient pas naturellement à des sociaux libéraux et nous ne le leur laisserons pas sans combat.

Pour le moment, Ségolène Royal reste la seule candidate apte à battre Sarkozy, Bayrou et Le Pen. Elle reste la candidate du parti socialiste, du MRC et des radicaux face à la droite et à l’extrême droite.

A mon avis, nous devons aussi indiquer tranquillement que nous n’accepterons jamais une alliance de parti à parti entre le PS et l’UDF car elle se ferait sur une politique contraire aux besoins des milieux salariés et populaires, contraire à l’objectif d’une réorientation sociale et démocratique de l’Union européenne.

Personnellement, je ne serai jamais membre d’un parti gérant loyalement le système avec la "démocratie chrétienne" comme cela se passe un peu partout en Europe depuis 30 ans.

Sur une question aussi importante, je fais appel aux adhérents socialistes, à mes camarades du groupe aveyronnais de l’association Pour la République Sociale, à nos autres lecteurs :

N’hésitez pas à faire part sur ce site de votre avis soit en forum attaché à cet article, soit par mail ( mis en ligne dans la journée) à montegut@wanadoo.fr. Nous mettrons en ligne votre point de vue à la rubrique : "Non à la farce Bayrou ! ".

Jacques Serieys


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