Le sort d’Airbus ne peut pas se jouer à la Bourse ! (MG Buffet)

mercredi 7 mars 2007.
 

Le plan de « sauvetage » d’Airbus est profondément inacceptable : 10 000 suppressions d’emplois, dont 4000 en France, chez Airbus comme chez ses sous-traitants. Trois usines fermées, dont celle de St Nazaire ville. Trois autres vendues dont celle de ) Meault dans la Somme. Une réorganisation industrielle qui transfère toute la chaîne d’assemblage de l’A 320 en Allemagne.

Le sort d’Airbus ne peut pas se jouer à la Bourse !

Comment parler d’une ‘crise d’Airbus’ ?

Ce n’est pas aux salariés de faire les frais d’une crise dont ils ne sont pas responsables, dans une entreprise disposant de grandes perspective de croissance. Louis Gallois s’autorise à parler de ‘crise’, alors que :

Le carnet de commandes avec 2533 appareils représente près de six années de travail. - Cela représente un chiffre d’affaires de 250 milliards.

D’ici 2023, Airbus et Boeing tablent sur 23 000 avions à réaliser.

L’A380 est en phase de développement, l’A350 vient d’être lancé, l’A400M (transport militaire) est engagé. La perspective d’un A320 nouvelle génération est à l’étude.

Le chiffres d’affaires de la maison mère EADS était en 2005 de 34 milliards d’euros.

Le carnet de commandes d’EADS fin 2005 était de 253 milliards d’euros.

Précisons donc : de quelle crise parle-t-on ?

Les difficultés du groupe EADS sont directement liées aux choix de rentabilité financière faits par les dirigeants du groupe. Déjà, il y a quatre ans, le patron d’EADS avait résumé toute sa politique pour Airbus : « Je me réjouis d’avoir économiser 1 milliard sur les investissements pour satisfaire les actionnaires ». Et en effet, les actionnaires sont contents ; ils touchent chaque année près de deux milliards d€. Et ce sont les salariés à qui l’on veut faire payer les pots cassés !

Eh bien, non, il faudra les mettre à contribution !

Partout en France et en Europe, c’est la même logique qui domine, avec toujours les mêmes conséquences sociales. C’est aussi le cas dans les groupes Alcatel et Thalès, comme dans toutes les entreprises pilotées aujourd’hui au seul profit des actionnaires. Et le résultat de cette politique, ce sont les plans de licenciements, le démantèlement des entreprises, la pression sans cesse accentuée sur les salariés, et cela tout particulièrement dans la sous-traitance. DES PROPOSITIONS CONCRETES

IMMEDIATEMENT

Un moratoire suspensif pour mettre immédiatement tous les problèmes sur la table.

L’Etat français actionnaire à la hauteur de 15% dans le capital d’EADS doit s’opposer à cette véritable entreprise de casse. C’est une question de volonté politique.

Le gouvernement doit convoquer le Parlement en session extraordinaire et engager un grand débat national sur la politique industrielle à partir des propositions alternatives avancées par les salariés, les représentants des collectivités territoriales, les populations. Un même débat doit se tenir au Parlement européen.

Une véritable politique de développement de l’emploi et de la formation

Le plan Power 8, s’il est appliqué, va considérablement affaiblir l’ensemble de la filière aéronautique et spatiale française et européenne. La précarité pour les salariés et dans l’organisation du travail, c’est le contraire de l’efficacité. Il faut presque 10 ans pour former des collectifs de travail performant. A qui va-t-on faire croire que c’est en supprimant des emplois, en cassant des équipes, en fermant ou en vendant des sites que l’on va améliorer la situation !

Pour préparer dans de bonnes conditions les programmes futurs comme l’A 350 XWB et l’A 320 nouvelle génération, remplaçons tous les départs en retraite, transformer tous les CDD en CDI, l’embauche de tous les intérimaires. Ce dont a besoin cette filière structurante pour notre industrie, ce sont des salariés stables, bien rémunérés et plus nombreux.

Le pouvoir aux seuls actionnaires, ça suffit ! Les salariés et leurs représentants doivent avoir des droits décisionnels sur la marche de l’entreprise. Ils doivent pouvoir décider des choix stratégiques, des investissements et de l’organisation du travail au sein de leur entreprise. Les comités de groupe européens et interentreprises, réunissant fournisseurs et donneurs d’ordre, doivent disposer de tous les moyens nécessaires pour faire primer le développement de l’entreprise à la croissance des dividendes. Ils doivent contribuer à fonder les relations entre les « donneurs d’ordres » et l’ensemble du tissus de sous-traitance sur des bases de coopération.

Airbus, chantier européen réussi : une solution publique, européenne

Rentabilité financière et intérêt général ne sont pas conciliables. Redonnons donc à la France et à l’Europe la maîtrise totale de son industrie aéronautique et spatiale en créant un groupe Européen 100% public. Ce sont les actionnaires, pas les salariés ni les contribuables des régions, qui doivent être mis à contribution. Les actions rachetées par les Etats à Lagadère et DaimlerChrysler doivent l’être hors prix du marché.

Les Etats, La banque européenne d’investissement (BEI) et la BCE doivent permettre des financements à taux réduit pour le développement de programmes et d’investissements créateurs d’emplois.

Dans la rue et dans les urnes

Sortir Airbus de la logique de la bourse, c’est une décision politique. Pour réussir, seule la rupture avec la logique actuelle et des choix radicalement nouveaux peuvent le permettre. Car il faudra traduire dans les urnes les exigences des salariés, ce qui s’exprimera dans les mouvements, dans la rue.

C’est dans cet esprit, pour porter un espoir de changement, que je propose le rassemblement en faveur d’une gauche de courage et de combat .


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