2007 : Une obligation de réussite ( par Pierre Zarka PCF puis contre-texte militant PCF)

mercredi 5 juillet 2006.
 

Rassembler la gauche antilibérale jusqu’à des candidatures communes lors des échéances 2007-2008, n’a jamais été aussi nécessaire et possible. C’est une condition incontournable pour empêcher notre pays de sombrer dans le libéralisme qu’il soit ultra ou teinté de social, avec l’extrême- droite en embuscade. Pourtant le risque de la division n’est pas encore écarté. Pour réussir, deux questions devront être résolues : le choix du ou de la candidate unitaire, et la traduction dans chaque circonscription, municipalité et canton de la dynamique unitaire.

Une candidature unitaire antilibérale peut faire un résultat à deux chiffres. Parce qu’elle est la seule solution qui permette de ne pas dissocier attentes sociales et élections. Parce qu’elle évite de n’avoir - face à la droite - que la solution du vote « moindre mal ». Toute solution qui conduirait les forces antilibérales au « chacun pour soi » annoncerait le renoncement à favoriser le passage de la colère sociale aux solutions politiques durables et renforcerait durablement le bipartisme. Pour mobiliser massivement les électeurs de gauche, comme les abstentionnistes, notamment chez les jeunes, cette candidature devra être populaire. Elle doit répondre aussi bien aux mobilisations contre le CPE, les licenciements, l’immigration jetable qu’aux exigences d’égalités des droits exprimées lors des révoltes dans les quartiers populaires. La candidature devra réussir l’amalgame des diversités politique, sociale et culturelle. Diversité sociale : des salariés du public aux jeunes des cités, en passant par les intellectuels et les « exclus ». Diversité culturelle : des syndicalistes aux anti-pub en passant par les rappeurs.

L’engagement du parti communiste pour la réussite de l’unité doit être sans ambiguïté et sans préalable. L’utilité du parti ne sera reconnue qu’à l’aune de ses efforts pour réussir un tel rassemblement. C’est dire combien son sort est lié à l’existence d’un rassemblement antilibéral. Si, au final, une candidature communiste apparaissait comme une candidature parmi d’autres de la mouvance antilibérale, ce serait une catastrophe pour le PCF et l’idée qu’il représente aujourd’hui. Dans une situation d’éclatement des forces antilibérales, rien ne pourrait empêcher les électeurs les plus à gauche d’être tiraillé entre un vote utile (quel que soit ce que l’on pense de la ou du candidat-e socialiste) et un vote purement protestataire. Dans les deux cas, ce n’est pas vers un vote communiste que l’on irait, quelle que soit la qualité de celle ou de celui qui porterait les couleurs du PCF.

Nous avançons légitimement la proposition d’une candidature issue du parti communiste. Tout ce qui pourrait laisser entendre que nous en faisons un préalable, ou que nous ferions passer des intérêts de parti avant ceux de tous, mettrait un sérieux grain de sable dans la dynamique unitaire. Cela serait dramatique pour notre pays, et fatal pour le parti communiste. Ne perdons jamais de vue notre raison d’être : changer la vie, lutter contre l’exclusion des plus faibles, permettre au peuple de porter ses exigences aux plus haut niveau de responsabilité... Un comportement « étroitement » partisan ne pourrait incarner cette raison d’être.

Le 33ème congrès a avancé sur la voie d’une vision novatrice du communisme et du parti. Il rend possible de travailler tous ensemble à trouver le ou la candidate permettant de réussir l’unité.

La dynamique unitaire n’a de crédibilité que si elle s’incarne de la ville au pays. Les collectifs locaux, départementaux doivent être les lieux des constructions pour toutes les échéances. N’ayons aucun doute, la dynamique unitaire sera globale ou ne sera pas. Nous devons partout être des militants déterminés de cette dynamique. Nous n’avons aucun avenir solide en dehors de cette méthode et nous devront la mettre en œuvre jusqu’au bout.


Contre texte d’un autre militant PCF

Tu m’as communiqué un texte intitulé « une obligation de réussite ».

Je ne le partage pas car je trouve qu’il vient totalement à contre temps et à contre emploi.

Et pourtant, pour reprendre une expression de ton texte, je me sens tout à fait un « militant déterminé de cette dynamique » politique antilibérale que nous sommes en train de mettre en œuvre.

« Le Patriote », hebdomadaire progressiste des Alpes Maritimes a publié intégralement la Charte des collectifs du 29 mai, et nous venons d’en faire un « tiré à part » pour le mettre à disposition des collectifs unitaires. De même à Nice, comme dans d’autres endroits du département , nous en sommes au lancement d’une douzaine de collectifs unitaires et populaires pour une alternative antilibérale et des candidatures communes.

Et dans le département, ce n’est pas une démarche politique que nous avons d’aujourd’hui ou seulement dans les derniers jours.

Or pourtant ton texte ne me convient pas du tout. Je pense même qu’il va à l’encontre de ce dont nous avons besoin à l’heure actuelle.

Si je comprends bien ton texte, il a essentiellement une « vocation interne » à la famille communiste, en l’appelant à mettre en œuvre « jusqu’au bout » la stratégie du congrès.

Là ou je suis choqué c’est finalement quand ton texte assimile le fait d’aller jusqu’au bout de la stratégie de rassemblement unitaire, à la seule dimension d’accepter que le-la candidat-e unitaire à la présidentielle ne soit pas issue du Pcf.

Je trouve que c’est injuste et que c’est très réducteur et cela ne rend pas service ni à l’activité que les communistes peuvent déployer, ni même au rassemblement à constituer .

[ parenthèse importante, s’il y avait un texte ou un appel à la famille politique communiste à lancer aujourd’hui, c’est un appel à ce qu’elle se lance partout avec résolution et sans réticence dans la politique définie au Congrès.

Or, la discussion générale lors du dernier CN m’a laissé très perplexe et souvent inquiet et en colère. Le nombre d’intervenants du Nord, de l’Ouest, ou de quelques autres endroits, faisant semblant de ne pas comprendre ce que nous voulons, et qui ne cessent de rechercher toutes les raisons pour trouver « trop compliqué » la stratégie déterminé au Congrès, oui cela c’est inquiétant ! Car cela montre des forces dans le parti qui jouent l’échec de ce qui a été décidé majoritairement. Avec une alliance objective entre ceux qui ne pensent qu’au travers d’une « affirmation identitaire » contre le PS et ce qu’ils appellent l’extrême gauche, et ce qui reste de l’appareil huiste pour qui visiblement, hors le dialogue privilégié avec le PS point de salut !

Et, si il y avait un « cocotier » à secouer ce serait plutôt celui de s’inquiéter d’un Congrès qui, à l’évidence, a défini une bonne stratégie, mais qui visiblement s’est arrêté en chemin pour ce qui est de l’élection du CN !!! On a visiblement pas le CN de notre stratégie. Fin de la parenthèse]

J’en reviens à ton texte.

Nous sommes dans la phase où se construisent les collectifs.

Après déjà un rude débat de stratégie et de démarche politique sur l’appel unitaire.

Car je n’oublie pas que si je partage totalement notre signature du texte du 11 mai, il succède à un texte qui était silencieux sur la démarche et la stratégie des candidatures unitaires, et j’avais d’ailleurs beaucoup milité pour qu’on ne le signe pas, tant il pouvait accueillir tout et son contraire. Ce qui explique d’ailleurs que des personnes dans le département aient signé le premier texte et pas le deuxième, car ils refusent par exemple la clarification sur le deuxième tour

Dans cette amorce de construction, les collectifs vont donc se saisir de pleins de questions dont celles des candidatures, notamment à la présidentielle et aux législatives.

Et, je trouve donc que c’est maintenant qu’il faut pleinement argumenter sur l’utilité d’une candidature issue des rangs du pcf comme candidature de rassemblement pour la présidentielle.

Ainsi, dans le Patriote nous avons publié la semaine dernière un appel en ce sens, mettant en avant certains critères, y compris par rapport à une candidature de Marie George Buffet, dont un des atouts est d’être une députée de cette banlieue qui a tant marquée l’actualité de cette dernière année, et d’avoir le courage dans plusieurs villes de sa circonscription de participer à l’organisation de référendum pour le droit de vote des résidents étrangers.

D’autres éléments ont également été mis en avant

Nous avons d’autant plus de raisons de le faire que l’apport communiste est en train de profondément marquer l’esprit des collectifs qui se constituent, principalement dans la volonté de rassemblement sans exclusive, la volonté de rassembler la gauche toute entière en la transformant, etc... à l’inverse de l’étroitesse de la démarche de la ligne de démarcation entre les « deux gauches ».

Dans cet échange d’arguments, à propos des candidatures , nous buttons sur deux obstacles :

- le premier , c’est la timidité, presque le « complexe » des communistes à défendre la proposition d’une « candidature de rassemblement libéral », issue des rangs du pcf. Ils sont tellement au service du rassemblement qu’ils seraient près à s’effacer en croyant faciliter les choses. Oui, effectivement, une « candidature de rassemblement antilibéral » issue des rangs du pcf, ( et non pas une candidature communiste pour le rassemblement antilibéral) cela met la « barre haut ».

- Je trouve que ton texte incite les communistes à être dans ce « complexe »là. En cela, il est à contre temps et à contre sens.

- le second c’est l’argument rebattu sur « il ne peut pas y avoir de candidature de rassemblement si elle est issue d’un parti politique ».

Si la crise de la politique est réelle, si la démocratie représentative est mal en point, si il faut développer une démocratie participative, il ne peut être question de céder à une démocratie médiatique et sondagière.

Or sur la question des organisations (politique comme syndicale) je trouve qu’il existe un « populisme de gauche » (qui n’est pas plus acceptable que n’importe quel autre populisme).

Dans les collectifs maintenant on ne laisse plus jamais passer sans réponses des appréciations de café du commerce sur « les partis politiques » ou « les syndicats », etc... Les partis politiques, il y a ceux englués dans le bipartisme, il y a ceux engagés dans l’antilibéralisme ; et parmi ces derniers ceux qui sont impliqués dans la démarche unitaire et ceux qui ne le sont pas. Ce n’est pas la même chose !

Comme il y a les partis politiques qui essayent par leur pratique de « redonner du pouvoir aux gens » et ceux qui le confisquent.

[Et, entendons nous bien, ils y a peut être des gens qui font des collectifs avec l’arrière pensée que les partis seraient une forme dépassée d’organisation, et qui on en vue je ne sais quel objectif à long terme. Ce n’est absolument pas mon cas.

Je pense même qu’on est pas très loin d’un retour des partis politiques. A leur façon, et avec d’autres objectifs stratégiques que les nôtres, les adhésions au PS ou la façon où par endroit l’UMP devient une organisation massive le montre.

Mais aussi , à gauche, la façon dont le mouvement altermondialiste bute sur le politique. Ce qui est une des causes de la crise d’Attac. Etc....Cela demanderait de longs développements]

Je suis d’autant plus décidé à ne rien céder à ce « populisme de gauche » que c’est le plus mauvais service à rendre à un combat de rassemblement antilibéral qui doit être durable.

Et on a besoin de parti politique pas seulement comme « carnet de chèque », main d’œuvre militante, dispensaire de locaux ou d’imprimerie, mais y compris par ce que nous apportons d’ »intellectuel collectif et pratique » à la démarche de rassemblement.

Bref, au même titre que nous sommes battus ces derniers mois, et avec succès, sur la démarche et stratégie de rassemblement, je pense que l’heure n’est surtout pas à nous inviter à signer un texte de renoncement à une candidature issue des rangs du pcf, mais au contraire à en affirmer la nécessité.

On avait déjà eu dans l’Huma d’il y a quelques semaines un texte très en recul et très défaitiste d’une brochette de parlementaires communistes, ce n’est vraiment pas la peine d’en rajouter dans le même sens !

J’ajoute que le renvoi dos à dos de la LCR et du PCF, comme le fait Bové, mais aussi de façon plus intellectuelle J.Bidet dans sa dernière tribune dans l’Humanité, est assez hypocrite.

Car enfin, compte tenu du sectarisme antisocialiste de la LCR de toutes les façons en aucun cas Besancenot ne peut être candidat unitaire de rassemblement antilibéral. Donc la symétrie en « trompe l’œil » du ni PCF, ni LCR, ne vise en fait que MG.Buffet.

Et , puis quand même « sans préalable », c’est d’abord « sans discrimination » , et donc aucune raison d’exclure les responsables d’un parti politique de la candidature.

J’ajoute quelques considérations « marginales » (mais qui comptent !) Je fais partie d’une direction fédérale. Et autant je suis pour que le Pcf, fasse tout ce qu’il peut pour le rassemblement antilibéral, autant je ne suis pas prêt à brader l’organisation ; Et pour des raisons de fond, pas des raisons « boutiquières ».

Concrètement, si la candidature à l’élection présidentielle est issue des rangs du Pcf, je suis prêt à être très ouvert et très large sur les candidatures aux législatives.

Autant je n’aurais pas du tout la même attitude dans le cas inverse.

Alors que le pcf est la force militante et matérielle principale de tout ceci, on ne peut pas demander au pcf « le beurre et l’argent du beurre ».

Et, je trouve que toutes les forces associées dans le rassemblement antilibéral devraient prendre cela en compte. Et, c’est faire œuvre utile que de les aider à prendre cela en considération. Avec la possibilité pour chacune d’entre elles d’être présentes au Parlement.

Il me semble d’ailleurs que pour la désignation en Octobre ou Novembre de la ou le candidat à l’élection présidentielle, il me semble qu’il serait bien que simultanément puisse être annoncés 150 à 200 candidat-e-s aux législatives, donnant l’image de l’arc de sensibilités représentées.

Voilà quelques réflexions dont je voulais te faire part, que je transmets également à Robert Injey en vue du CN de la mi juillet. Je ne sais pas où en seront les chose en octobre, ni sur quoi nous déboucherons finalement, mais ce dont je suis certain c’est que le rassemblement antilibéral n’a surtout pas besoin que les communistes affadissent la proposition politique qu’ils mettent en débat et en réflexion auprès de tous et qui concerne contenu, démarche, type de campagne et candidatures.

Bien cordialement .


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