"Les entreprises du CAC 40 ont les moyens d’augmenter les salaires » (MG Buffet)

samedi 10 février 2007.
 

« Depuis quelques semaines, Nicolas Sarkozy, à la télévision, se fait défenseur des travailleurs comme des entreprises. Il invoque Jaurès et Blum. Il chante une sorte d’hymne au travail.

Depuis quelques semaines, je suis allée soutenir les salariés de Diebold à Cassis, de l’arsenal à Toulon, d’Aubade, de Marie Surgelés et de Michelin dans la Vienne, d’ECCE dans le Nord, des monnaies et médailles et du Printemps à Paris, de Renault à Sandouville, de JDC à Torcy, de MSL à Evreux, de St Gobain au Tréport, de Peugeot à Sochaux.

Toutes ces entreprises sont, à titre divers, menacées. Et qui défend ces entreprises ? Qui défend le travail de ces ouvriers ?"

Ce n’est pas Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas la droite. Nicolas Sarkozy, comme François Bayrou, ont abrogé les mesures de la loi de « modernisation sociale » qui permettaient aux salariés de défendre leurs entreprises contre les licenciements boursiers.

Ces deux-là ont accéléré la baisse des cotisations sociales des entreprises, c’est-à-dire le niveau de nos retraites et de notre santé. Ces deux-là ont fait exploser la précarité avec le CNE et la remise en cause des « 35 heures ». Mais ils n’ont rien fait pour s’opposer aux prédateurs financiers dont les stratégies vont toujours contre le développement des entreprises !

L’appel à « l’effort » dont Nicolas Sarkozy se gargarise est toujours lancé en direction des mêmes : les salariés. Et il profite toujours aux mêmes, les actionnaires. Ce que j’aimerai dire ici, c’est que les nouveaux efforts que l’on ne demande qu’aux salariés, les travailleurs les fournissent sans compter depuis des dizaines d’années. Et ce qui est vrai à Eurocopter l’est à Saint-Gobain, DHL ou Quebecor. Ce qui est vrai à la Courneuve l’est à Sochaux ou Sandouville !

Et malgré ce dévouement, malgré la fatigue et le stress, malgré l’amiante et la chaîne, la droite licencie. La droite délocalise. La droite précarise. Avec toujours les mêmes larmes de crocodile !

Ce n’est plus supportable. Combien de temps encore Nicolas Sarkozy et François Bayrou vont-ils culpabiliser les salariés pour mieux laisser les fonds de pension et les financiers détruire tout ce que leur travail a construit ? Combien de temps encore ces deux-là vont-ils rester muets devant ces délocalisations ? Lequel propose quelque chose de concret à toutes ces PME écrasées par la pression de leurs donneurs d’ordre ?

Combien de temps encore vont-ils laisser les charges financières -aujourd’hui près de deux fois supérieures aux cotisations sociales- étouffer le développement de centaines de milliers d’artisans et de PME ? Combien de temps vont-ils laisser les banques étrangler les PME pour mieux laisser les multinationales jouer au Monopoly ? Ces deux-là ne défendent pas l’entreprise ; ils ne défendent pas le travail ; ils sont les avocats de la seule finance.

Alors oui, il faudra bien faire tomber les masques !

Il faudra bien dire que lorsqu’on prétend revaloriser le travail, il faudrait d’abord le respecter !

Respecter le travail, c’est apprécier la valeur de ce que produit un ouvrier ou un paysan. C’est reconnaître l’utilité sociale de ce que fait un employé ou un fonctionnaire. C’est donc rémunérer tous ces hommes et ces femmes à hauteur de ce qu’ils font, et non en fonction des seules règles du marché !

C’est se battre contre les rémunérations indignes que s’octroient, indûment, les grands patrons de ce pays : 6,6 millions d’€ par an pour le patron de l’Oréal ! Et c’est augmenter les salaires de l’immense majorité des hommes et des femmes de ce pays.

C’est pourquoi, notamment en réponse à l’apparition croissante de travailleurs pauvres en France, je propose de porter le SMIC à 1500 euros tout de suite, pour 35 heures. Et j’exige la tenue d’un « Grenelle des salaires » qui permette à tous les travailleurs de vivre dignement de leur travail.

Respecter le travail, c’est considérer les salariés comme des êtres humains et pas des kleenex que l’on jette ici pour exploiter plus dur et moins cher ailleurs. Respecter le travail, c’est considérer toute entreprise pour la richesse des hommes et des femmes qui la composent. C’est reconnaître son savoir-faire et son utilité sociale. C’est considérer que ces entreprises sont notre patrimoine collectif.

C’est pourquoi les salariés, parce que ce sont les premiers défenseurs de leurs entreprises, doivent disposer de nouveaux droits dans la gestion des entreprises et dans la définition de leur stratégie.

C’est pourquoi ce ne doit plus être aux marchés financiers et aux fonds de pension de financer les projets des entreprises. C’est un pôle financier public qui, sous le contrôle des salariés et des élus, autour de la Caisse des dépôts, des Caisses d’épargne et de la Poste, permettra d’allouer au mieux les fantastiques richesses de notre pays vers des investissements socialement utiles et respectueux de l’environnement !

Respecter le travail, enfin, c’est le reconnaître pour ce qu’il est, une activité indispensable à chacun et chacune d’entre-nous, c’est donc en garantir un pour chacun et chacune. C’est donc éradiquer le chômage et la précarité. C’est pourquoi je m’engage à abroger le CNE et à mettre en place un plan pluriannuel de résorption de l’emploi précaire, des CDD et de l’interim, dans le public comme le privé, pour aller vers une sécurité d’emploi ou de formation qui garantisse à chacun un revenu et une véritable activité.

Respecter le travail, enfin, c’est reconnaître qu’il est essentiel mais qu’il n’est qu’une activité parmi d’autres de notre vie ! C’est lui donner toute sa place, mais rien que sa place. C’est donc aussi agir pour que nous ayons tous et toutes le temps de vivre et la possibilité de s’épanouir dans comme hors du travail.

C’est pourquoi je considère comme une nécessité de poursuivre la réduction du temps de travail et de garantir un véritable droit à la retraite pour tous les salariés, dès 60 ans, et 55 ans pour les métiers pénibles ! Nous avons tous et toutes besoin de temps libre !

Je le dis clairement. Pour défendre l’entreprise, le travail, ce sont ces mesures qu’il faut mettre en oeuvre, et pas le discours de Madame Parisot. C’est à quoi je m’engage, ici, devant les salariés d’Eurocopter. »

Marie-George Buffet, Candidate de la gauche populaire et antilibérale

Paris, le 5 février 2007.


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