Convention nationale de PRS Interview de Claire Villiers (Alternatives citoyennes)

samedi 15 avril 2006.
 

Pourquoi était-il important pour vous d’être présent à cette convention ?

Claire VILLIERS, co-fondatrice d’AC ! Agir ensemble contre le chômage, conseillère régionale d’Ile-de-France C’était important de venir car la victoire que nous avons remportée le 29 mai résulte à la fois d’un débat populaire mais aussi d’une alchimie entre militants syndicaux, associatifs et politiques et d’une alchimie de l’ensemble de la gauche antilibérale (communiste, socialiste, autogestionnaire et révolutionnaire). Aujourd’hui, la crise politique et sociale exige des réponses et ces réponses existent dans le rassemblement que nous représentons aujourd’hui, lors de cette conférence.

Quelle place accordez vous au sein d’Alternatives Citoyennes à la question républicaine ?

Le débat sur la laïcité est un débat particulièrement fort parce que dans Alternative citoyenne il y a des camarades de la gauche, de l’extrême gauche et des militants de lutte de l’immigration qui réinterrogent le projet républicain. L’unité de la République apparaît parfois davantage comme un rouleau compresseur que comme un projet d’émancipation. On ne peut pas laisser le soin aux réseaux religieux d’apporter des réponses à la pauvreté. Pas plus le FN que les salafistes ne doivent donner à manger à ceux qui n’ont pas à manger. Aujourd’hui, les citoyens français et les étrangers sont divers par leurs origines et ils veulent que leurs origines soient reconnues comme un enrichissement de la République et pas comme une juxtaposition de communautés. La gauche anti-libérale et anticapitaliste doit donc enrichir et travailler le projet de cette République afin de ne pas laisser la place aux communautarismes.

Quelle union des gauches souhaitez vous ?

Je crois que pour battre durablement la droite il faut changer le point d’équilibre idéologique de la Gauche. Il faut contester à la gauche sociale-libérale son emprise sur la totalité de la gauche. Il faut mettre la gauche en accord avec ce qu’a manifesté le peuple dans le référendum du 29 mai et ce que manifeste le peuple dans les mobilisations depuis 95. La représentation politique n’est pas adaptée à la conscience anti-libérale du peuple français. On l’a vu pour le TCE. Si c’était le parlement qui avait voté, 80% des élus l’auraient adopté, notamment ceux de gauche, alors que le référendum a montré que la volonté populaire s’y opposait. Notre tâche aujourd’hui ce n’est pas de créer un petit parti, mais c’est de dire que les anti-libéraux doivent être ceux qui doivent être hégémoniques, au sens Gramcien, dans la gauche actuelle. C’est ça qu’il s’agit de créer. Nous, nous pensons que ça passe par la mise en réseau, la création d’outils politique (je n’ai pas dit d’un nouveau parti, ça peut être un débat, mais ce n’est pas la question aujourd’hui). En tout cas, la question des candidatures unitaires dans les prochaines échéances électorales est clairement posée. Ça pose un problème pour les camarades qui sont au parti socialiste mais c’est de cela qu’il faut débattre, en terme de stratégie, de dynamique. On peut battre la droite si on a une stratégie de dynamique populaire comme celle du 29 mai, autrement, il y aura des tas de gens qui n’iront pas voter. La fracture du 29 mai, la synthèse du Mans ne l’a pas réglé.

Quel contenu au projet alternatif au libéralisme ?

C’est ce qui a été exprimé ici, c’est-à-dire contester l’actuelle répartition des richesses, contester les institutions antidémocratiques. Il faut donc opérer une révolution démocratique et apporter des réponses d’urgences, de ruptures qui font que peu à peu on revienne sur les terrains perdus. La question de l’alternative au CPE c’est évidemment le contrat de travail unique. Pas un contrat qui serait la fin du CDI mais au contraire un contrat qui serait un contrat de travail à durée indéterminé avec une garantie de revenu (qu’on ait un emploi ou que l’on en ait pas) cela veut dire un nouveau système de sécurité sociale. Il faut aussi reposer la question de la réduction du temps de travail de manière très offensive. Ce que je voudrais dire, c’est l’échec de la gauche, dans les périodes précédentes, c’est non seulement que les sociaux libéraux se sont emparés des postes de commandes mais aussi le fait que l’on a pas été capable de construire la dialectique entre le pouvoir et la mobilisation. Quand on parle de débouché politique on laisse entendre que le mouvement social confie à ses représentants élus le soin de mettre en œuvre ce qu’il a porté dans la rue. Mais lorsque l’on est confronté à un capitalisme d’une telle violence avec un puissant lobbyings, s’il n’y a pas en même temps que l’exercice du pouvoir, une mobilisation citoyenne (c’est-à-dire une autre conception du pouvoir) on ne pourra mettre en œuvre un programme de ruptures. Et nous l’avons payé assez cher avec les 35 heures puisque le gouvernement avait passé des compromis avec ceux qui faisaient pression, et ceux qui faisaient pression, ce n’était pas le peuple.


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