Défendons la réduction du temps de travail

jeudi 25 septembre 2014.
 

A) Le partage du temps de travail, c’est le progrès ! (PG)

Le MEDEF est à l’offensive : avec un gouvernement prêt à multiplier les réformes « structurelles » de casse du droit du travail qu’il réclame depuis de longues années, il va toujours plus loin en multipliant les ballons d’essai digne du programme le plus rétrograde de l’UMP : suppression des jours fériés, remise en cause de la durée légale du travail et de la majoration des heures supplémentaires… Retour à l’âge de pierre assuré !

Face à cette offensive, il nous faut non seulement défendre les 35 heures mais aller plus loin et revendiquer un véritable partage du temps de travail. Que ce soit pour le droit au repos de chacun, à la vie personnelle et citoyenne, la réduction du temps de travail a toujours été un combat progressiste porté par l’ensemble des forces de gauche. Les « trois 8 », les congés payés, la retraite à 60 ans, c’est le sens du progrès ! Mieux la réduction du temps de travail permet même de créer des emplois. Allons dans le sens de l’Histoire : il y a urgence de partager vraiment le travail !

35 heures : on en est encore loin !

Contrairement aux idées ressassées par l’orthodoxie libérale, les 35 heures se sont mises en place avec tellement d’assouplissement qu’elles aboutissent à un paradoxe : la durée de travail moyenne des salariés à temps plein en France est de 39,5h. Entre 2003 et 2011, la durée effective de travail a augmenté pour toutes les catégories socioprofessionnelles (+2,2 % pour les ouvriers et +2,3% pour les employés).

Le partage du travail est aujourd’hui très inégalitaire : à côté de la généralisation des heures supplémentaires, on constate la multiplication des temps partiels imposés. En incluant les temps partiels, les Français travaillent de manière effective 37h hebdomadaires. La France se retrouve dans la moyenne européenne 37,2 dans l’UE à 15 et même 36,2h en Allemagne selon Eurostat ! Si le patronat et les droites, complexée et décomplexée, cherchent à faire travailler plus les Français, c’est le temps partiel subi qu’il faut éliminer. 80 % des femmes sont concernées par les contrats à temps partiel, subventionnés à coup de milliards d’exonération de cotisations sociales.

Partager le temps de travail avec hausse des salaires, c’est aussi lutter contre le premier facteur d’inégalités salariales entre les hommes et les femmes.

35 heures : supprimer les dérogations pour créer vraiment des emplois

Un des premiers enjeux de la réduction du temps de travail est d’appliquer réellement les 35 heures pour tous en revenant sur les aménagements incessants du dispositif et en les appliquant partout ! C’est à cette condition que la RTT créera des emplois.

L’application des 35h n’a pas concerné les PME de moins de 20 salariés(29% de l’emploi en France) où les heures supplémentaires sont comptabilisées seulement à partir de 37 heures avec un taux de majoration de seulement 10%.Quant au secteur public (26% de l’emploi salarié en France !), les 35 heures se sont faites à effectifs constants sous la pression du dogme de la réduction du nombre des fonctionnaires : elles auraient dû conduire au recrutement de 200 000 fonctionnaires ! Les effets ont été dévastateurs pour les salariés mais aussi pour les usagers du service public qui font face à un service dégradé (horaires réduits). Dans les hôpitaux par exemple, l’absence de recrutement a désorganisé les services, notamment les urgences, et pèse sur les conditions de travail des agents avec des journées de RTT impossibles à poser. Il est urgent de généraliser les 35h dans des conditions favorables aux travailleurs et de baisser la durée légale hebdomadaire maximale (actuellement à 48h).

Vers la semaine de quatre jours !

Il est temps d’aller vers les 32 heures sur le modèle de la semaine de 4 jours. C’est possible : il s’agirait d’une réduction moins forte (-8%) que le passage de 39 à 35 heures (-10%) ! Le passage aux 32 heures permettrait selon les projections la création de 200 000 à 300 000 emplois. Mais pour de réelles créations d’emplois il est nécessaire de conditionner toutes les aides aux entreprises aux créations de postes. L’histoire le prouve : les créations d’emplois ont été bien plus importantes durant la Loi Aubry I qui imposait des contraintes de création d’emplois en contrepartie des aides aux entreprises (augmentation de 6 à 8 % en moyenne). La loi Aubry II a maintenu les subventions sans critères d’emploi et créé un effet de rente injuste et inefficace : résultat moins de 3 % d’augmentation des emplois en moyenne.

Mais une telle réforme doit aller de pair avec un renforcement du pouvoir des salariés dans les entreprises pour qu’ils puissent peser sur la négociation et que le passage aux 32 heures ne se fasse pas au prix d’une nouvelle flexibilisation de l’emploi. Pour éviter une nouvelle intensification du travail comme lors du passage aux 35 heures, il faut notamment interdire la redéfinition des activités relevant ou non du temps de travail dans les négociations en entreprises (pauses, habillage, douches…).

Une 6e République qui proclame le droit au temps libre : pour une 6e semaine de congés payés !

L’idée de disposer de plus de temps pour soi et pour les autres était au cœur de notre programme « l’humain d’abord ». La 6e République devra reposer sur une articulation entre un réel temps libre personnel et un temps citoyen pour permettre à chacun de s’investir dans les choix collectifs. Revendiquer le droit au temps libre, c’est proposer à tous du temps associatif, militant et politique pour partager le pouvoir et permettre à la démocratie de fonctionner sainement sans laisser aux oligarchies politico-économiques décider à notre place !

C’est donc l’ensemble de la place du travail dans nos vies qu’il faut prendre en compte pour penser l’émancipation collective. Ainsi la question du partage du temps de travail ne se pose pas que sur la semaine, elle s’applique autant à l’année voire sur la vie. Replaçons au centre du débat la question du bien-être de tous pour avoir le temps de vivre pour soi, mais aussi de s’investir dans la vie de la cité ! Et si notre projet de société n’était pas seulement de passer notre vie à la gagner ? Cette reconquête du temps libre passera ainsi par la retraite à 60 ans pour tous et la revendication claire d’une 6e semaine de congés payés. Pour vivre mieux et travailler tous, partageons le temps de travail !

Sylvie Aebischer et Boris Bilia, Parti de Gauche

B) Voici 5 bonnes raisons de défendre la réduction du temps de travail (CGT)

Beaucoup de choses ont été dites, surtout, beaucoup de bêtises, à propos de la loi Aubry sur les 35 heures. Accusée à tort et sans preuves de nuire à la compétitivité des entreprises, elle n’a cessé depuis son adoption de faire l’objet d’attaques et de remises en cause. Pourtant, régulièrement, des enquêtes d’opinion montrent l’attachement des salariés à la réduction du temps de travail.

Celles-ci sont étayées par des études et des chiffres officiels. Cet argumentaire est également en ligne sur le site de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT. http://www.ugict.cgt.fr/articles/re...

1. En France, la durée moyenne hebdomadaire pour l’ensemble du salariat à temps complet est de 39,5 heures. C’est ce que relève la dernière enquête sur le temps de travail de la DARES.

Elle est donc supérieure à la durée légale hebdomadaire de 35 h (ou 1 600 h par an). Entre 2003 et 2011, elle a augmenté pour toutes les catégories socioprofessionnelles :

· Ouvriers (+2,3%)

· Employés (+2,2%) ;

· Profession intermédiaire (+4,3%) ;

· Cadres (+5,8%)

Pour les cadres, l’horaire hebdomadaire est passé de 42,6 h en 2003 à 44,1 h en 2011.

Et l’horaire annuel passe pour les cadres de 1765 h (2003) à 1867 h (2011).

Cette augmentation du temps de travail s’explique notamment par l’extension du forfait jour à l’ensemble des salariés, introduite par les gouvernements Fillon. Ainsi, entre 2003 et 2011, le nombre de salariés en forfait jours est passé de 5 à 12,5%. Pour les seuls salariés en forfait jours l’horaire annuel est de 1 939 heures ! A noter que ces chiffres tiennent compte des jours RTT supplémentaires accordés aux cadres en forfait jours.

Le travail de nuit augmente

3,5 millions de personnes, dont plus d’un million de femmes, travaillent régulièrement la nuit, selon la DARES, soit un million de plus qu’il y a 20 ans. Parmi les salariés amenés à travailler de nuit, il ne s’agit plus d’une modalité occasionnelle mais d’une organisation du travail régulière (la proportion de travailleurs nocturnes « habituels » a doublé en 20 ans).

Le travail s’intensifie

L’intensification du travail générée notamment par les changements organisationnels incessants et un rythme de travail de plus en plus contraint est une réalité partagée par de plus en plus de salariés. Ainsi, selon la DARES, la part des salariés dont le rythme de travail est imposé par un contrôle ou un suivi informatique est passée de 25% en 2005 à 35% en 2013. Cette hausse est plus sensible pour les cadres (+12 points) et les professions intermédiaires (+13 points).

L’enjeu aujourd’hui est donc d’obtenir une effectivité de la réduction du temps de travail (en particulier pour les ingénieurs, cadres et techniciens).

2. En faisant sauter la durée légale du temps de travail, on baisse les salaires

Aujourd’hui, les employeurs disposent des souplesses nécessaires pour augmenter le temps de travail des salariés au-dessus de 35h, dans la limite de 48h par semaine ou de 44h sur une durée consécutive de 12 semaines.

Ces limites disparaissent même pour les salariés en forfait jours. Par contre, dès lors que l’on dépasse les 35h, les heures supplémentaires doivent être majorées.

En supprimant la référence aux 35h, le patronat veut obtenir la suppression des obligations de majoration pour les heures supplémentaires.

3. La baisse du temps de travail s’est accompagnée d’une hausse de la productivité

Selon l’INSEE, les 35h sont à l’origine de gains de productivité de 4 à 5% pour les entreprises.

Suite aux 35h, en 2004, la France se place au 2ème rang mondial pour la productivité horaire du travail (devant les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon, le royaume Uni, l’Italie,…) et à 20% au-dessus de la moyenne Européenne.

4. La baisse du temps de travail est un levier de création d’emploi

Entre 1998 et 2002, la mise en place des 35 heures a permis la création d’environ 350 000 emplois supplémentaires, selon une étude de la DARES publiée en 2007. Auxquels il faut ajouter près de 50 000 emplois indirects dans les secteurs du sport, des loisirs, et du tourisme.

« Les 35h n’ont pas eu d’impact négatif sur les coûts salariaux. Les coûts salariaux unitaires (masse salariale sur valeur ajoutée) ont baissé de 10% entre 1996 et 2002, liés aux allègements de charges et aux gains de productivité », soulignait ainsi Martine Aubry en 2004.

En ramenant la durée effective moyenne hebdomadaire du travail de 39,5 h (durée moyenne actuelle) à 35 h cela libèrerait l’équivalent de 2,7 millions d’emplois. 5. Si le patronat souhait faire travailler plus les salariés, qu’il s’attaque aux temps partiels…

Le gouvernement et le patronat feraient mieux de s’attaquer aux temps partiels qui explosent et concernent maintenant 18% des salarié-e-s (dont 80% de femmes !).

Les temps partiels sont aujourd’hui le 1er facteur d’inégalité salariale entre les femmes et les hommes.

Pourtant, les emplois à temps partiels bénéficient à plein des exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires.

Les emplois à temps partiels sont donc subventionnés par les pouvoirs publics.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message