Pérou On les appelle les " vénézuéliens"

samedi 2 août 2014.
 

Le 25 juillet 2008, un an après le tremblement de terre qui a dévasté une grande partie du Pérou, les habitants de la nouvelle urbanisation Simon Bolivar, construite par le gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela, prenaient possession de leurs maisons, équipées et meublées à neuf par l’aide humanitaire du gouvernement du président Hugo Chavez.

Il s’en est pourtant fallu de peu pour que le quartier ne voit jamais le jour, bloqué et repoussé par un gouvernement péruvien, sous la présidence de Alan Garcia, idéologiquement et viscéralement anti-chaviste. Bloqué aussi par ce même gouvernement ainsi que les autorités locales qui ont dérobé une grande partie de l’aide humanitaire venant de l’étranger.

Ces blocages et le vol de l’aide envoyé aux habitant du Pérou sont responsables du fait qu’aujourd’hui le quartier ne compte que 100 habitations alors qu’il devrait en compter plus du double.

L’histoire de la construction de ce quartier est parsemée de ces affaires de vol, de corruption et de blocages. Les volontaires qui ont appuyé et soutenu le projet au moment de son édification ont souvent été menacés, voir violemment battus par les défenseurs du gouvernements, militants Apristes (APRA, Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine, parti du président Alan Garcia).

En discutant avec la présidente de la « Junta Vecinal », association de voisinage interlocuteur de la municipalité de Chincha Alta et de l’ambassade du Venezuela au Pérou, on apprend aussi que les projets que l’association souhaite mettre en place pour améliorer les conditions de vie dans le quartier sont sans cesse bloquées par la municipalité de Chincha Alta. Cela fait ainsi plus de deux ans qu’elle bataille pour pouvoir aménager une garderie pour les enfants afin de permettre aux parents d’aller travailler, le quartier étant situé aux marges de la ville, dans un bidonville née des conséquences du tremblement de terre.

Il faut traverser plusieurs kilomètres d’ « asentamientos humanos » (bidonvilles en français) pour rejoindre le « quartier des Vénézuéliens ». Sur place, le décors change assez radicalement : les rues sont ordonnées et les maisons édifiées et solides. Rien de luxueux, mais des conditions de vie dignes pour les habitants tirés au sort lors de l’attribution des logements. L’organisation de voisinage joue le rôle de maintient de la sérénité dans le quartier, la police ne s’aventurant que rarement dans cette zone de Chincha Alta.

La province de Chincha est encore aujourd’hui largement marquée par les conséquences de ce tremblement de terre. La délinquance et les mafias y ont cru à une vitesse phénoménale. Il y a quelques semaines encore, un journaliste était assassiné par la mafia de la construction civile, et une organisation de voleurs était démantelée. Malheureusement la corruption et la collusion entre ces secteurs mafieux et les autorités politique et judiciaires font que les criminels s’en sortent souvent sans sanctions.

C’est cette corruption, mais aussi une idéologie anti-chaviste primaire profondément anti-sociale qui rend la relation entre les habitants du quartier et les autorités de Chincha difficile. L’an dernier, le 24 juillet 2013, a été inauguré un buste à l’effigie de Hugo Chavez. Il s’agissait de l’une des volontés du président défunt du Venezuela : demeurer aux côtés de la dernière œuvre sociale de son gouvernement réalisée à l’étranger. Il aura fallu des mois de combat de la part de la présidente de la Junta Vecinale pour que la municipalité de Chincha Alta (à laquelle le gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela a donné la propriété du terrain de l’ urbanización Bolivar) accepte que soit réalisé ce projet. Aujourd’hui, le buste du commandante Hugo Chavez est en bonne place à l’entrée du quartier. Il fut inauguré en présence de l’ambassadeur du Venezuela au Pérou, Alexander Yanez.

Parmi les projet qui sont projetés, en relation avec les autorités vénézuéliennes : étendre le quartier sur les près de 1 000 km² de terrain qui étaient initialement affectés au projet de l’urbanización Bolivar, afin d’atteindre les 250 habitations prévues. La réalisation d’un tel projet serait bienvenue : le terrain non construit est actuellement occupé par des constructions en préfabriqué dans lesquelles les familles vivent dans une grande misère. La différence entre ce quartier et son environnement est net. D’un côte de la route non goudronnée et poussiéreuse les étendues de bidonvilles et de l’autre un quartier ordonné offrant à ses habitants des conditions de vie dignes, avec accès à l’eau courante et à l’électricité.

L’histoire de la naissance et de l’évolution de cette dernière œuvre sociale du commandante Hugo Chavez est éclairante à bien des égards. Elle rend compte de ce combat qui a toujours été celui de Hugo Chavez d’aider et d’appuyer les peuples d’Amérique latine, pour la construction de la « Patria Grande ». Elle rend compte du profond impact social de son œuvre, au Venezuela mais aussi hors de ses frontières. Le Pérou d’alors était dirigé par l’Apra de Alan Garcia, corrompu et profondément anti-chaviste. C’est aux côtés de ce président voleur de l’aide humanitaire apportée par le peuple vénézuélien au peuple péruvien que le principal leader de l’opposition vénézuélienne, Enrique Capriles, candidat adoubé par la presse internationale et les élites économiques vénézuéliennes lors des élections présidentielles de 2012 et 2013, a tenu meeting en février dernier à Lima. C’est aussi avec ce président corrompus que le Parti Socialiste français maintient encore aujourd’hui des relations de coopération et d’amitié politique, notamment aux travers de l’internationale socialiste, dont l’APRA est membre.

Arthur Morenas


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