Elections en TUNISIE : Situation politique et enjeux de la constituante

dimanche 23 octobre 2011.
 

Depuis la révolution populaire et la chute de la dictature de Ben Ali en janvier 2011, la Tunisie est en phase de transition vers la démocratie. Un président de la république provisoire et un gouvernement de transition gèrent le pays avec une non légitimité de circonstances.

En termes de forces politiques, la Tunisie est passée en huit mois d’un parti unique, le RCD, qui a duré plus de cinquante ans à un multipartisme débridé. Plus d’une centaine de partis ont été créés, pour à peine sept millions d’électeurs. Parmi ces partis, il y a bien évidemment quelques anciens ténors sortis de l’ombre mais aussi et surtout une majorité d’inconnus qui ont obtenu leur visa entre mars et juillet 2011.

Auprès des citoyens, les partis sont globalement identifiés en trois grandes catégories :

- les islamistes dont Ennahdha et alliés( parti ouvrier communiste tunisien POCT, congrès pour la république CPR, entre autres).

- les démocrates ( le Pole Démocratique et Moderniste : Rassemblement de partis et Associations civiles indépendantes autour d’ETTAJDID gauche démocratique, PDP, FDLT, AFEK Tounès, Tunisie la verte )

- ex-RCD istes.

Mais en dehors du pole démocratique et Moderniste dont les choix politiques sociaux et économiques sont clairs avec en particulier le rejet de toute alliance avec les intégristes, parité totale et égalité Femmes/Hommes intégrale, la séparation du religieux et du politique, la création de contre pouvoirs indépendants et le contrôle de l’économie par l’état, la confusion règne malgré tout.

La perception générale des citoyens vis-à-vis de ceux qui veulent les représenter est le manque de clarté : Trop de généralités dans les programmes, trop d’approximations dans les déclarations, trop d’éloignement au regard des aspirations et des besoins concrets de la population.

Le 23 octobre prochain, les citoyens tunisiens sont appelés aux urnes pour élire une Assemblée Nationale Constituante et porter leur choix parmi 1600 listes et 10 000 candidats.

Le 20, 21 et 22 octobre votent les tunisiens de l’étranger et en particulier en France où ils devront élire 10 députés

Ces élections sont organisées par une Instance Supérieure Indépendante mise en place en mars 2011 par le seul pouvoir du consensus, ce qui est une réussite en soi. (http://www.isie.tn/Fr/création-et-m...) Le mode de scrutin choisi est le vote par listes, en un seul tour à la proportionnelle.

Le but est d’avoir une Assemblée Nationale Constituante pluraliste et représentative de l’ensemble des sensibilités politiques en Tunisie. D’ailleurs, sur les 1600 listes en lice, plusieurs sont des listes d’indépendants. Ce qu’il faut savoir c’est que, outre les aspects constitutionnels, les élections du 23 octobre 2011 auront valeur de législatives. Selon les résultats, les forces qui structureront l’activité économique sociale et politique du prochain gouvernement se mettront en place, au même moment.

Or, pour les tunisiens qui comptent encore une grande majorité d’indécis, ces élections sont en quelque sorte le grand baptême du feu. En effet, même s’ils sont conscients de la toute première urgence, à savoir celle de sortir le pays du « provisoire » et de l’installer dans la durée, les tunisiens appréhendent le vote du 23 octobre 2011. Ce qui est parfaitement compréhensible, puisque les tunisiens n’ont jamais eu à faire de choix par la voie des urnes. Pourtant, plusieurs autres rendez-vous avec les urnes sont à venir et très vite. C’est dire la valeur initiale de ce premier scrutin. En effet, si le taux de participation est élevé et le déroulement des élections réussi, la Tunisie pourra alors compter sur une évolution inébranlable vers la démocratie. Si, au contraire, c’est le taux d’abstention qui va primer ou si le déroulement est « chahuté » alors, non seulement le travail sera plus long et plus difficile pour la sensibilisation aux futures élections et notamment les municipales et les régionales, au mois de Mars 2012, mais aussi et surtout ce sera la porte grande ouverte à de nouvelles formes de dictatures qu’elles soient islamistes, policières ou les deux à la fois.

L’Assemblée Nationale Constituante devra écrire une Constitution censée garantir un Etat de droit à même de protéger les tunisiens contre les abus des pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire et médiatique.

La crainte la plus extrême est que, suite à une faible participation aux élections, le résultat du scrutin aboutisse à une majorité qui après avoir adhéré au processus de transition pour arriver à l’Assemblée, ne jouerait plus le jeu démocratique. Une majorité qui, sans revenir vers le vote du peuple, prendrait à la fois du temps et des prérogatives fortes qui lui permettraient d’imposer son propre modèle de société, ses hommes et ses structures et ce à plusieurs niveaux de l’Administration.

L’espoir le plus grand (le plus fou) est qu’un vote massif aboutisse à une Constituante « mosaïque » représentative de la société tunisienne dans toutes ses diversités, que les élus soient suffisamment pragmatiques et voués à l’intérêt national au point de se démarquer si nécessaire de la ligne de leurs partis respectifs pour créer un consensus rapide au sein de l’assemblée et soumettre au vote du peuple un modèle de société basé sur des principes démocratiques forts et authentiques.

Par ailleurs, des signaux forts sont attendus qui marqueront la fin de l’insécurité et la relance de l’économie. Des mesures rapides pour ramener la confiance des investisseurs (locaux et étrangers), apaiser les victimes des injustices sociales et estomper les inégalités régionales.

En un mot, ce que les tunisiens ont appelé de tous leurs vœux le 14 janvier 2011 :

DEMOCRATIE ET DIGNITE

DIGNITE DE CITOYENS A PART ENTIERE

Le Parti de Gauche à la rencontre de la Constituante Tunisienne

TUNISIE Programme du Pôle Démocratique Moderniste (dont Parti Ettajdid)

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