Manifeste PRS 18 : rendre les médias publics au pays, assurer le droit à l’existence des médias alternatifs

dimanche 24 décembre 2006.
 

Il s’agit d’abord de mener la bataille culturelle. Celle-ci peut prendre pour cible les productions et les travers les plus abjects des médias dominants comme les émissions de télé-réalité ou les bidonnages les plus grossiers de l’information. Le renouvellement des contrats de concession des chaînes privées, comme celui de TF1 en 2012, doit aussi être une occasion de remettre en cause leur rôle.

Sans intervenir dans le contenu des médias, un gouvernement républicain devra prendre des mesures dans deux directions : rendre les médias publics au pays, assurer le droit à l’existence des médias alternatifs.

Les médias publics n’appartiennent pas à la caste qui les gouvernent : ils appartiennent au peuple. La reconquête de l’audiovisuel public est une nécessité. Elle passe par une moralisation des pratiques. La recherche de l’audience est légitime, celle du profit ne l’est pas. Il faut donc mettre fin à l’ensemble des contrats léonins importés du privé qui permettent à quelques producteurs de s’enrichir au détriment des chaînes financées par le contribuable. De même, il faut interdire la publicité sur les chaînes publiques, dont le financement doit être intégralement assuré par l’impôt.

En complément, une politique volontariste doit être menée afin d’assurer le droit à l’existence des médias dits alternatifs. De très nombreuses initiatives existent, mais celles-ci sont étouffées par un marché médiatique soumis à la concentration privée et à la dictature du profit. Nous proposons de réserver des créneaux sur les ondes aux radios et aux télévisions associatives. Les fréquences hertziennes sont des biens publics. Il est inacceptable qu’elles soient appropriées comme une véritable rente par des groupes privés qui en tirent profit et que les citoyens compétents et motivés qui s’engagent bénévolement dans les médias alternatifs n’y aient pas accès. Il faut sortir de l’hypocrisie législative où une loi concède des droits sans donner les moyens de les exercer. Les télés associatives ont le droit de se porter candidates à l’obtention de canaux hertziens (locaux, nationaux, analogiques et numériques) mais aucun cadre ni modèle économique ne leur permet d’exister réellement face aux mastodontes privés. Des moyens publics doivent donc être mobilisés en faveur des médias alternatifs. Le fond de soutien alimenté par un prélèvement sur les recettes publicitaires qui existe pour les radios associatives doit être étendu aux télévisions associatives. La diffusion des chaînes associatives de radio et de télévision pourrait aussi être prise en charge gratuitement par un établissement public. En contrepartie, la publicité serait interdite sur ces médias, de manière à éviter leur glissement progressif vers une logique commerciale.

Le mouvement associatif doit être une composante du renouveau du service public, trop souvent dans une posture mimétique par rapport au privé. Les associations peuvent jouer dans les médias le rôle qu’elles jouent dans l’espace public en contribuant à une appropriation par la nation de son système public de radiotélévision. A ce titre, les associations d’usagers et les fédérations de médias associatifs devront être associées aux conseils d’administration des chaînes publiques.


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