Mondialisation Démondialisation 25 textes pour un débat

jeudi 28 octobre 2021.
 

En juin 2011, un débat s’est engagé entre économistes sur l’objectif de démondialisation porté médiatiquement par Arnaud Montebourg, candidat aux primaires socialistes pour les présidentielles 2012.

Le débat a rapidement pris un ton véhément entre partisans et adversaires de cette orientation de démondialisation, de ses analyses et propositions.

En fait, les arguments avancés par les uns et les autres touchent des questions vastes : analyse du capitalisme et particulièrement du capitalisme financier transnational, stratégie socialiste, rôle possible aujourd’hui des Etats...

Le débat actuel sur la démondialisation traverse aussi la gauche antilibérale. Schématiquement, deux thèses sont en présence chez les économistes comme dans les milieux politiques de gauche. Pour les uns, par ailleurs divers, la mondialisation libérale et l’incapacité de l’Union européenne à proposer une autre politique rendraient légitime la démondialisation, qui ne se réduit cependant pas pour la plupart d’entre eux à un simple retour au cadre national mais ouvrirait la possibilité d’autres choix. Pour d’autres, qui s’opposent aussi à la mondialisation actuelle, la stratégie altermondialiste consiste à construire des coopérations avec les autres pays et des régulations fortes à tous les niveaux, national, européen et mondial, car il est des domaines qui ressortissent à chacun de ces niveaux. Pour eux, une stratégie coopérative est seule à même de prévenir les risques de dérive xénophobe.

Pour commencer, voici une page groupant des textes de France Insoumise (programme L’Avenir en commun).

France Insoumise face à la mondialisation néolibérale

Ensuite, je propose au lecteur intéressé 25 articles sur la mondialisation.

A partir du 9ème article, notre lecteur pourra prendre connaissance de quelques textes de partisans de la "démondialisation".

Pour accéder à un article ci-dessous, cliquer sur le titre :

ATTAC La mondialisation de quoi, comment, pour qui ? (1 Introduction)

ATTAC La mondialisation de quoi, comment, pour qui ? 2 Les acteurs de la mondialisation)

La mondialisation de quoi, comment, pour qui ? (3 les instruments de la mondialisation des marchés )

ATTAC La mondialisation de quoi, comment, pour qui ? (4 les conséquences de la mondialisation des marchés )

ATTAC La mondialisation de quoi, comment, pour qui ? (5 Les résistances à la mondialisation des marchés)

6 La mondialisation récompense ceux qui dévalisent le monde (par Eduardo Galeano)

7 Une autre mondialisation est possible (par Quynh Delaunay, sociologue)

8 L’Internationale des riches

9 Les vertus de la démondialisation (Par Walden Bello)

10 DEMONDIALISATION ET INTERNATIONALISME (par Denise Mendez)

11 Qui a peur de la démondialisation ? (par Frédéric Lordon)

12 Les grands principes de la "démondialisation", Arnaud Montebourg)

13 La démondialisation, un concept superficiel et simpliste

14 Oui, la démondialisation est bien notre avenir (par Jacques Sapir)

15 La démondialisation heureuse ? Éléments de débat et de réponse à Frédéric Lordon et à quelques autres collègues, par JM Harribey

16 La démondialisation mérite mieux qu’un échange d’invectives par Jack Dion

17 Les impasses de la démondialisation Réponse à quelques contradicteurs (par Pierre Khalfa)

Mondialisation Démondialisation 18 Débat Sapir, Lordon, Nikonoff...

19 De la démondialisation… (par Evariste, Respublica)

20 Ne jetons pas le bébé de la mondialisation 
avec l’eau du bain de la financiarisation (JP Dubois, président d’honneur de la LDH)

21 Les classes populaires voient la mondialisation pour ce qu’elle est –l’autre nom de l’oppression économique (Julien Landfried, MRC)

22 Il faut s’attaquer à la logique même du capital ( Élisabeth Gauthier, CN du PCF)

23 La démondialisation, suite logique de l’altermondialisme (Bernard Cassen)

24) Débat – Mondialisation : Le protectionnisme contre la logique du capital

25) Démondialisation : ne fuyons pas le débat, nous avons tout à y gagner

Par Michel Rogalski, économiste EHESS-CNRS, directeur de la revue Recherches internationales.*

L’ampleur du tir de barrage opposé au terme de démondialisation donne la juste mesure de son côté insupportable pour tous ceux qui avaient vanté depuis des décennies la mondialisation heureuse, alors même que les faits accumulaient jour après jour les symptômes de son échec. Pourtant, quelques questions centrales émergent avec force de ce débat dont on voudrait étouffer la richesse.

On nous explique qu’il faudrait être patient et que nos maux proviendraient de la situation d’entre-deux dans laquelle nous serions entrés. L’État-nation est blessé, mais il bouge encore, alors que l’économie mondiale ne serait pas encore instaurée et peinerait à se doter d’une gouvernance globale (ou européenne). Ainsi, nous cumulerions les défauts de l’érosion des frontières sans être encore en mesure de bénéficier des avantages de leur dépassement. Cette « transition », qui se déroule depuis une trentaine d’années, n’a pour l’instant accouché que de la crise et se trouve de moins en moins en mesure de prouver que l’expansion du néolibéralisme à l’échelle du monde serait salvatrice. L’attente d’un gouvernement mondial pour résoudre les problèmes engendrés par sa recherche risque fort de s’enliser dans le sable. Elle est évidemment insupportable pour les peuples. Se sortir de cette ornière en proposant une véritable issue, c’est, pour tout pays, nécessairement entrer dans un processus de démondialisation. Refuser celui-ci ou sous-estimer sa portée conflictuelle reviendrait à subordonner tout changement en France à d’éventuelles et bien improbables évolutions européennes ou mondiales. Réductrice d’incertitude, l’Europe a toujours servi de gangue gluante pour réduire l’amplitude de l’oscillation du balancier de l’alternance et jouer ainsi le rôle de Sainte Alliance, remplaçant le Mur d’argent des années 1920. Ce constat conduit à poser la question incontournable de l’exercice de la souveraineté, c’est-à-dire de la nécessaire superposition entre le périmètre où se joue la démocratie et celui de la maîtrise de la régulation des flux économiques et financiers. Le cadre national s’impose. Pourquoi la « relocalisation » sur la région serait à la limite acceptable, l’Europe fédérale souhaitée et la souveraineté nationale vilipendée  ? Pourquoi cette haine de l’État-nation qu’il faudrait prendre en tenaille par le bas et par le haut  ? Les gauches latino-américaines ont montré que le cadre national pouvait permettre des avancées sociales substantielles, faire tache d’huile et rendre possible des coopérations.

La soumission à une rationalité dite supérieure parce que mondiale crée ce que nos élites appellent la « contrainte extérieure ». Celle-ci n’est que le retour de ce qui a été voulu et recherché. La mondialisation qui nous retombe sur la tête, c’est celle que l’on a envoyée en l’air à coups de dérégulations, de libre-échange forcené, de privatisations, de délocalisations, de circulation incontrôlée de capitaux et de marchandises, de financiarisation, d’endettement de peuples et d’États. Elle se heurte aux acquis sociaux historiquement constitués qui deviennent ainsi pour nos mondialisateurs des « contraintes internes » qui freinent leurs objectifs et dont ils doivent se débarrasser pour obtempérer aux ordres des marchés. La compétition internationale devient l’arme de l’antisocial et dévaste les territoires. Le mérite du débat sur la démondialisation est de bien montrer l’affrontement des logiques des deux contraintes, l’une fabriquée pour mieux combattre l’autre et d’identifier les gagnants (les facteurs mobiles  : capital et finance, grandes firmes, mafias) et les perdants (les facteurs fixes  : peuples et territoires).

Les conséquences sur les politiques économiques à adopter reviennent au cœur du débat. La demande de protection qui monte concerne prioritairement l’ensemble des acquis sociaux engrangés pendant les Trente Glorieuses, annexement ceux du capital national malmené par la concurrence sauvage. Cette période a connu les protections tarifaires, quelques contrôles de change, nombre de dévaluations qui n’ont pas signifié pour autant repli national, fermeture ou adoption d’un modèle nord-coréen. Croissance, élévation du niveau de vie, plein-emploi ont bien été au cœur de ce qu’on voudrait nous faire regarder aujourd’hui comme une horreur «  national-protectionniste  ». La crise actuelle appelle au retour de l’État comme acteur économique majeur. Il n’y a pas de protection possible sans qu’un rôle accru lui soit confié, aussi bien en termes de périmètre d’action que dans la nature de ses interventions.

On alléguera qu’il existe une forme de mondialisation désirable, celle des échanges culturels, du tourisme, de la connaissance et des savoirs, de la coopération entre les peuples, de tout ce qui fait la densité de la vie internationale ou d’un espace public en construction à ce niveau. Mais ne la mélangeons pas avec celle qui fait l’objet du débat d’aujourd’hui, à savoir le nécessaire blocage de l’expansion du néolibéralisme à l’espace mondial. Ne fuyons pas ce débat dont nous avons tout à gagner.

* http://www.recherches-international...


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