Immigration, laïcité, chômage, nucléaire : Vrais et faux débats

vendredi 22 avril 2011.
 

Comme nous l’avions annoncé au soir des cantonales, la droite a commencé sa descente aux enfers. Elle l’a fait sans tarder, avec beaucoup d’allant dans la dégringolade. Le grand débat de l’UMP sur la laïcité déclaré essentiel par Sarkozy est réduit à deux petites heures. Des polémiques fusent sur le manque de loyauté de Fillon.

Elles sont ostensiblement pilotées par Sarkozy qui ne remplace pas pour autant son premier ministre. Arrivent les (plus ou moins) grandes manœuvres de Borloo qui espère trouver dans cette confusion l’occasion de constituer son pôle dans la majorité. Chacun de ces épisodes du feuilleton présente un point commun. Tous ceux qui se sont mis en mouvement à droite se construisent en contestant l’autorité du président de la République. Celle-ci part d’autant plus vite en lambeaux. C’est une spirale mortelle. Or ce n’est pas seulement le chef de la droite qui est à terre, c’est le sommet de l’édifice institutionnel qui est fracassé. Le bâtiment a une drôle d’allure maintenant que sa clé de voute est au fond de la cave. Il faut surveiller cela avec attention plutôt qu’avec jubilation. Les déclarations de Guéant lundi prétendant qu’il y aurait trop de musulmans en France, en écho direct de ses ancêtres qui dénonçaient le trop grand nombre de Juifs, donnent la mesure du tour nauséabond que peut prendre l’effondrement de ce régime. Les personnages sont en place qui sont prêts aussi bien aux barbouzeries qu’à la provocation xénophobe.

Dans ce contexte il est vital de faire connaître la proposition de loi du PG sur la laïcité préparée par Pascale Le Néouannic et présentée à la presse lundi dernier. Celle-ci doit constituer un point d’arrêt face à l’offensive de la droite. S’ils veulent toucher la loi de 1905, qu’ils sachent que nous y sommes prêts aussi, mais dans le sens du retour au texte originel et pour son application sans exception ! Puisqu’elle veut pointer les manquements à la laïcité dans notre pays, nous lui présentons la liste de ses frasques, de la loi Carle à la déclaration d’utilité publique des fondations qui permettent de défiscaliser les dons à l’enseignement privé. Nous lui rappelons que ce n’est pas la religion qu’elle vise exclusivement qui a le plus à perdre d’une application rigoureuse du principe de laïcité. Cela a déjà commencé à faire réfléchir quelques-uns. L’une des raisons du rétropédalage de certains responsables UMP est que ce débat pourrait placer en pleine lumière certains privilèges exorbitants de l’Eglise catholique.

Dans ce contexte, il faut aussi se réjouir de la publication des premières propositions programmatiques du PS. Bien sûr ce n’est que le texte soumis au débat de ce parti, et le candidat qu’il désignera ne tiendra aucun compte. Mais c’est l’opportunité de la discussion de fond à laquelle se refuse systématiquement le PS. Ce débat pourrait éclairer les choix à gauche et mettre d’autres questions au cœur de la pré-campagne présidentielle. Ces questions sont nombreuses. Car pour l’heure la proposition du PS n’est ni socialiste ni réaliste. Elle sous-estime complètement l’ampleur des crises à affronter. Face au chômage elle propose 50 000 emplois-jeunes de moins que la gauche plurielle n’en avait créés (et 400 000 de moins que ce que le PS de 1997 avait promis !). Après la catastrophe de Fukushima, elle se contente de vouloir baisser la part du nucléaire. Face à la crise européenne, elle propose des coopérations renforcées « permises par les traités actuels ». C’est le jour et le nuit avec le programme partagé du Front de Gauche !


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