Les enfants autistes restent à la porte des écoles

samedi 2 avril 2011.
 

Six ans après le vote de la loi sur le handicap, la situation des enfants autistes reste alarmante. À l’heure actuelle, 80 % des quelque 90 000 enfants souffrant de cette pathologie en France ne pourraient avoir accès à l’école ordinaire, faute de moyens et de formation suffisante des équipes pédagogiques. Selon un collectif rassemblant les principales associations de parents d’enfants autistes, « 30 % sont aujourd’hui accueillis en instituts médico-éducatifs ou en hôpitaux de jour et environ 20 % le sont en classe ordinaire ». Conclusion : plus de la moitié ne seraient accueillis nulle part.

Pourtant, la loi de 2005 affirme le droit pour chaque enfant d’être inscrit dans l’école la plus proche de son domicile. Et la Constitution, comme les articles L. 111- 1 et 2 du Code de l’éducation, énoncent clairement que « le droit à l’éducation est garanti à chacun ». « On ne dit pas que tous les enfants autistes peuvent aller à l’école ordinaire, précise le collectif, mais on pense que plus de 50 % pourraient le faire, car ils peuvent apprendre. » Mais encore faudrait-il que l’éducation nationale s’en donne les moyens. Or, malgré la loi de 2005 et le plan autisme 2008-2011 du gouvernement, sur le terrain, les familles ne peuvent que constater le manque d’investissement de l’État. « Les auxiliaires de vie scolaire (AVS) sont peu nombreuses, peu formées et ont des contrats précaires, a témoigné hier Laurent Alt, père d’un garçon autiste, scolarisé en sixième. Pour l’accompagner de la maternelle jusqu’au collège, nous avons dû nous-mêmes en former trois ! »

Selon un sondage commandé par le collectif, 80 % des enseignants admettent que la scolarisation des enfants autistes est un « droit fondamental », mais ils estiment dans le même temps que « le manque de moyens humains » et le « manque de formation » sont pour eux des freins à l’accueil. La scolarisation en milieu ordinaire est pourtant primordiale chaque fois que c’est possible, souligne le collectif. « Un enfant autiste, immergé dans une classe ordinaire et bien encadré, progresse durablement sur le plan des apprentissages et dans ses relations avec les autres. Cette option est, de plus, bien moins coûteuse que le placement à l’hôpital ou en institution car elle prépare l’enfant à davantage d’autonomie et, dans beaucoup de cas, à une future vie sociale et professionnelle. » D’autres pays européens semblent bien moins frileux sur la question, comme la Belgique ou encore l’Italie, où les classes accueillant un élève autiste voient leurs effectifs divisés par deux... À l’occasion de la Journée mondiale de l’autisme, le 2 avril, le collectif a décidé de sensibiliser l’opinion publique. Notamment en distribuant un guide édité à 65 000 exemplaires dans tous les établissements, de la maternelle au lycée.

LAURENT MOULOUD


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