Solidarité avec les travailleurs sans papiers de la Place de la Bastille !

lundi 7 juin 2010.
 

Bien sûr, il y a l’actualité internationale, le comportement inacceptable de l’armée israélienne, et la politique absurde de son gouvernement. A ce sujet, nous manifesterons, avec beaucoup d’autres, samedi 5 juin (à Paris, 15 heures à Bastille) notamment .pour une paix juste et durable et pour la levée du blocus illégal de Gaza.

Mais, chaque jour impose sa tâche au militant et à l’élu républicain. Dans l’urgence, en réaction à l’intervention des forces de l’ordre, j’étais ce matin Place de la Bastille, avec mon camarade du PG Eric Coquerel, très actif dans cette bataille, et Pierre Laurent (PCF) aux cotés des travailleurs dits « sans papiers » qui s’étaient rassemblés là depuis une semaine. Dans l’après-midi, des représentantes du PS et des Verts sont également venues. Pour ma part, j’étais d’ailleurs déjà intervenu samedi devant eux, pour leur apporter le soutien des militants du Parti de Gauche.

Ce rassemblement, soutenu par les organisations syndicales de travailleurs et au premier rang la CGT avec l’infatigable Raymond Chauveau, est la continuité de la grève des 6000 travailleurs sans papiers qui durent depuis des mois. Cette mobilisation est sans doute le plus long conflit social actuellement en cours, sans que les médias télévisés ne le suivent avec intérêt.

Alors, pourquoi le PG les soutiens ? Parce que ces femmes et ces hommes ont raison. Que veulent ils ? Des choses simples. Enumérons les. Vivre dignement, sans exploitation outrancière, pour que le droit du travail s’applique aussi pour eux, sans craindre d’être expulsés et humiliés. Pourquoi cette revendication si élémentaire, est-elle si compliquée dans sa réalisation ? Ils vivent ici avec leur famille, leurs enfants sont scolarisés dans nos écoles, ils travaillent ici (souvent depuis plusieurs années), produisent de la richesse, et... ils veulent rester ici. Comment peut-on être un républicain social, se réclamer de l’idéal d’émancipation des lumières, et tourner le dos à ces revendications ? La gauche se doit d’être à leurs cotés. C’est une question élémentaire. C’est un conflit social engageant, je le répète une deuxième fois, 6 000 travailleurs ! C’est aussi le visage de la France qui se dessine dans cette affaire. Leur lutte est celle de tous les travailleurs de notre pays. Vivre de son travail, dans la dignité. Le mouvement ouvrier doit être solidaire. Pour ceux qui doutent, je rappelle les mots du grand Jean Jaurès écrits le 28 juin 1914. Dans l’un de ses derniers articles rédigé avant son assassinat, il disait à propos de la main d’œuvre étrangère, qu’il faut « assurer un salaire minimum aux travailleurs étrangers et français, de façon à prévenir l’effet déprimant de la concurrence. (…) De protéger les ouvriers étrangers contre l’arbitraire administratif et policier pour qu’ils puissent s’organiser avec leurs camarades de France et lutter solidairement avec eux sans crainte d’expulsion ». Que rajouter à ces lignes écrites il y a près d’un siècle ?

Ce matin donc, vers 7h00, les forces de l’ordre ont décidé manu militari de chasser toutes les personnes qui occupaient les marches de l’Opéra. Les portes de ce haut lieu de culture ont même été ouvertes pour que la police puisse opérer… Moche, très moche. Elu du 12e dans lequel se trouve le trottoir qu’occupaient les "sans papiers", Premier adjoint de cet arrondissement, j’ai été mis devant le fait accompli comme tous mes autres collègues élus parisiens. Je demanderai, si c’est possible, des explications au Préfet de police lors du Conseil de Paris de lundi prochain. 43 personnes, dont de nombreux syndicalistes, ont été interpellées. C’est Eric Coquerel qui m’a décrit la scène. Matraques, gaz lacrymogène, bousculades, le « nettoyage des lieux » s’est déroulé selon les règles d’usages… brutalement. Cette politique de force est d’autant plus absurde, que parallèlement, les négociations étaient en cours, et semblaient avancer, avec des représentants du Ministère du travail et du Ministère de l’immigration pour trouver des solutions. Alors, comment comprendre ? On discute à 17h la veille, et on frappe à 7h le lendemain… tout en affirmant que les négociations continuent. Chacun appréciera les méthodes du gouvernement de Nicolas Sarkozy, aidé dans la tâche présente par ses sbiresMM. Brice Hortefeux, Eric Woerth et Eric Besson.

Pour l’heure, la solidarité la plus large doit continuer à s’exprimer. Elle est la clef de tout. Hier soir, un concert de solidarité avait rassemblé près de 2000 personnes. C’est peut être pour cela que cette évacuation a eu lieu. Samedi, avec nous et beaucoup d’autres, Olivier Besancenot était là pour le NPA, le réalisateur Romain Goupil ou la comédienne Josyane Balasko également. Ce soir, pour tous ceux qui le peuvent, un nouveau rassemblement de travailleurs s’est formé au même endroit, Place de la Bastille. Si vous êtes disponible, allez y, votre présence est importante.

Je publie, en conclusion, le communiqué de Jean-Luc Mélenchon : « Des négociations avaient commencé ! Et c’est le moment que choisit le ministère de l’intérieur pour procéder à une expulsion musclée des manifestants pacifiques qui occupent les marches de l’opéra bastille. Le ministère du travail reprenait avec les syndicalistes le traitement de l’insupportable dossier des personnes qui travaillent et s’acquittent de toutes leurs obligations sociales et fiscale mais vivent sans papiers ! Il ne faut pas que ce coup de force soit l’intervention prétexte qui annule tous les efforts accomplis pour régler le problème posé. Les syndicalistes et les sans papiers actuellement détenus doivent être relâchés ! La négociation doit reprendre. La discussion doit aboutir. Ceux qui sont là, travaillent, cotisent et paient l’impôt ne doivent plus être traités comme des otages de la peur de l’expulsion et de l’exploitation sans droits. »


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