2010 2011 Quand les pays riches laissent tomber leurs enfants pauvres (enquête UNICEF)

samedi 1er janvier 2011.
 

On n’en parle certainement pas assez et pourtant c’est la réalité : malgré les richesses dont ils disposent, de nombreux pays développés laissent de côté les enfants issus de milieux défavorisés. Dans sa neuvième édition, le rapport Innocenti fait le classement des 24 pays les plus riches du monde, en fonction de l’égalité qu’il y a, ou non, entre les enfants vivant sur leur territoire.

En s’appuyant sur des critères liés à la santé, à l’éducation et au bien-être matériel, le rapport démontre que bon nombre d’enfants souffrent encore de grandes inégalités dans les pays riches européens, mais aussi au Canada, aux États-Unis, en Australie, au Mexique, au Japon, au Chili, en République de Corée et en Nouvelle-Zélande. Le rapport pose la question suivante : jusqu’à quel point les nations riches sont-elles prêtes à laisser pour compte leurs enfants les plus défavorisés ?

Le rapport montre que des pays comme la France ou la Belgique laissent se creuser le fossé entre les enfants dans une mesure bien plus significative que d’autres pays : les disparités qui s’installent entre les enfants ont des conséquences très graves, non seulement sur leur développement personnel, pour les plus défavorisés d’entre eux, mais aussi sur les économies et les sociétés.

Ce rapport a une intention claire. Il s’agit de mesurer le fossé entre l’enfant considéré comme « normal », sans difficulté particulière et l’enfant qui se situe au bas de l’échelle. À travers trois dimensions de leur vie (bien-être matériel, réussite scolaire et santé physique), le rapport montre pour la première fois que l’on peut évaluer les performances des pays.

Les enfants souffrent directement des disparités dont ils font l’objet

La majorité des données qui figurent dans le neuvième bilan Innocenti met en garde sur le fait que les plus lourdes conséquences d’un revers économique ont tendance à s’abattre sur les familles les plus fragiles, et en particulier sur leurs enfants. « Dans les périodes difficiles, les enfants les plus pauvres devraient être les premiers à bénéficier d’une protection, non les derniers à être pris en considération ».

Le bilan se termine sur une note positive. D’après Gordon Alexander, le directeur du centre Innocenti, à Florence (Italie), tous les pays de l’OCDE* sont capables de réduire la pauvreté des enfants vivant sur leur sol. « Le fait que des pays font mieux que d’autres montre que le modèle de l’inégalité peut être brisé et que lorsque que le processus d’exclusion est identifié tôt, on peut prévenir la chute. »

La France dure avec les enfants pauvres

L’Unicef vient de publier un rapport sur la situation des enfants pauvres dans les pays de l’OCDE. « Les pays riches laissent tomber les enfants pauvres » en est la conclusion principale et la France n’échappe pas à la règle.

Trois critères ont été pris en compte pour cette enquête : le bien-être matériel, la santé et l’éducation. La France, grâce à sa politique de prestations sociales, est classée 5è sur 24 pays pour ce qui concerne le bien-être matériel. Mais elle n’arrive qu’en 15è position de matière de santé, notamment parce que la France se classe dernière quant à la « fréquence d’une activité physique ». Elle est 23è sur 24 pour les résultats scolaires, ce qui ne fait que confirmer la profonde inégalité de notre système scolaire. La France a consacré en 2009 seulement 6,9% de son PIB à l’éducation contre 7,6% en 1995, ce qui a peu de chance d’améliorer les choses… L’Unicef s’inquiète du fait que des pays comme la France laissent s’installer les disparités entre enfants, ce qui a des conséquences graves sur le développement personnel mais aussi plus généralement sur nos économies et nos sociétés. Il y a tôt ou tard des répercussions sur les budgets des services de santé, l’aide sociale ou le soutien scolaire.

L’enquête de l’Unicef ayant été menée avant la crise de 2008, on peut penser que la situation des enfants défavorisés s’est encore dégradée. Une prochaine enquête cherchera à comprendre pourquoi ces enfants pauvres sont laissés pour compte. L’Unicef conclut : « dans les périodes difficiles, les enfants les plus pauvres devraient être les premiers à bénéficier d’une protection, non les derniers à être pris en considération. »

Seuls les esprits chagrins feront un rapprochement ente ce billet et la situation faite à 29 enfants de familles démunies récemment arrivées dans la ville de Saint Gratien. Après avoir manqué trois semaines d’école puisque la mairie a refusé de les inscrire, ils sont toujours interdits de cantine, d’étude et de centre de loisirs. Pour eux, pas de sport, pas de coup de pouce aux devoirs, peut-être pas de repas correct au moins une fois par jour. La mairie les considère comme étant « de passage » et ne souhaite donc pas les prendre en considération. Quant au sentiment d’exclusion que ces enfants ressentent, aucun rapport, même de l’Unicef, ne pourra jamais le mesurer…


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