Délocalisation de l’entreprise BRS Le "patron voyou" voulait filer en Slovaquie

vendredi 8 février 2008.
 

Des salariés d’une PME du Doubs ont séquestré deux jours leur patron, qui avait tenté de déménager l’entreprise en Slovaquie à leur insu.

Les employés mécontents n’ont relâché leur PDG qu’après qu’il eut accepté de déposer le bilan.

Nul ne conteste la mauvaise santé financière de BRS - ni ses 42 salariés, ni son PDG Mike Bacon. Mais c’est la méthode que les employés ne peuvent accepter. Spécialisée dans la fabrication de pièces pour l’industrie automobile, BRS (anciennement Brocard Roux) avait été rachetée en février 2007 par le groupe britannique Utilux, qui dispose d’un autre site en Slovaquie. Et c’est précisément en Slovaquie que Mike Bacon avait apparemment décidé de déménager, sans tambour ni trompette, une partie du matériel et des matières premières de l’entreprise. Il en a été empêché par ses propres employés, qui l’ont séquestré durant 48 heures.

Tout commence samedi, lorsqu’un salarié de l’entreprise repère sept camions "suspects", chargés de pièces et de matières premières de l’usine à destination de la Slovaquie, alors qu’aucune livraison n’était prévue et que personne n’était au courant. Il s’oppose au départ des véhicules, bientôt rejoint par d’autres employés. Tous interceptent puis vident trois des sept camions. Et décident de retenir leur PDG dans les locaux de l’entreprise.

L’opération "était préparée depuis une dizaine de jours"

"Nous avons fait cela pour que les salariés soient payés, pour qu’ils aient droit à une couverture sociale et aux Assedic", justifie Renaud Cornu, porte-parole des salariés et responsable commercial de l’entreprise. Et il accuse : selon lui, cette opération "était préparée depuis une dizaine de jours" par Mike Bacon. Facteur aggravant, "l’argent des salaires de janvier aurait disparu". Le PDG indélicat, pour sa part, se défend dans les colonnes du Parisien. Selon lui, la différence des coûts de main-d’oeuvre entre la France et la Slovaquie, où seraient déjà présents "tous ses clients", ne lui laissait "pas d’autre solution". Et il assure avoir voulu "agir vite" afin de "trouver de l’argent pour payer les gens de l’usine française".

Au final, ses salariés l’auront retenu tout le week-end, jusqu’à ce qu’il fasse une demande de dépôt de bilan auprès du tribunal de commerce de Besançon lundi en fin de matinée. Selon le tribunal, BRS a été placée en liquidation judiciaire mais poursuivra ses activités jusqu’au 29 février.


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