Lycée privé Stanislas : l’ex-directeur de l’internat en justice pour « violences volontaires » et viol sur mineur

dimanche 25 février 2024.
 

https://www.liberation.fr/societe/e...

Un scandale de plus pour Stanislas. Placé sous le feu des projecteurs par l’éphémère ministre de l’Education nationale Amélie Oudéa-Castéra, qui y a scolarisé ses enfants, l’établissement privé et réac parisien se retrouve au milieu de nouvelles poursuites judiciaires. Selon une enquête de Mediapart, publiée ce jeudi 15 février, un ancien directeur de l’internat désigné comme Olivier P. sera jugé le 9 septembre prochain devant le tribunal correctionnel de Valenciennes pour des « violences volontaires » commises au sein du lycée jusqu’en 2018. Au moins quatre anciens élèves ont signalé ces violences au parquet de Paris, qui a délocalisé l’affaire vers le lieu de résidence du mis en cause. Toujours selon les informations de Mediapart, Olivier. P, 62 ans, a également été placé en garde à vue le 25 janvier pour des faits de « viol sur mineur par personne ayant autorité ». Les violences auraient été commises en 2001 au sein d’un autre établissement privé catholique, Saint-Martin-de-France, à Pontoise dans le Val-d’Oise.

En 2018, Olivier P. s’occupe de cet internat de 400 élèves âgés de 16 à 19 ans, tout en étant professeur de musique pour des 13-14 ans. Admiré tout autant que craint, il est licencié par Stanislas après que les services techniques de l’établissement ont découvert qu’il consultait de manière régulière des sites jugés « pédopornographiques » dans son bureau, une affaire révélée par le Monde en 2020. Si l’enquête pénale a été classée sans suite faute d’avoir pu prouver qu’il s’agissait de mineurs, Olivier P. avait reconnu auprès de sa direction des agissements « inexcusables », faisant valoir des « addictions ». A l’issue d’une procédure aux prud’hommes qui valide son licenciement, le jugement relève l’existence d’une autre plainte pour viol datant de la fin des 80, tombant sous le coup de la prescription.

Dans la foulée de ce jugement, d’anciens élèves inquiets sollicitent Frédéric Gautier, le directeur de l’établissement, qui ne veut pas ébruiter l’information pour préserver la « réputation » de l’institution. Dans une autre enquête édifiante publiée en août, le Monde décrit pourtant des fouilles dans les chambres des internes, des insultes envers des élèves, des propos homophobes ou racistes. Quatre anciens élèves confirment à Mediapart « le comportement violent et humiliant » de l’ex-directeur d’internat, l’un d’eux, qui a signalé son comportement, a même décidé d’arrêter sa classe préparatoire

« Un coup de cravache »

Olivier P. conteste la majorité de ces accusations de violences mais reconnaît avoir donné « un coup de cravache » sans avoir l’« intention d’être violent » ou encore d’avoir « tapé derrière la tête » de certains élèves en étude pour leur « dire de se remettre au travail ». Dénonçant « une cabale » selon les mots utilisés dans l’enquête, il admet également avoir tenu des propos homophobes ou d’avoir commenté le physique d’élèves en disant qu’ils sont « laids ». Il précise : « Je n’ai pas traité quelqu’un de tarlouze parce qu’il était homosexuel mais pour sa tenue vestimentaire, parce qu’elle ressemblait à rien. » Toujours selon les témoignages d’anciens élèves, Olivier P. aurait emmené un élève dans un sous-sol et lui aurait « commandé » de se déshabiller. « Je l’ai emmené dans une réserve car il avait besoin d’un déguisement. Il a essayé le costume. Point. J’étais présent car je n’allais pas lui donner les clés de la réserve, mais il n’y avait aucune connotation sexuelle », se défend-il.

Malgré plusieurs alertes d’élèves en 2020, le directeur de l’établissement ne lance pas d’appels à témoignages, ni n’ouvre une cellule d’écoute. Lors d’une énième réunion sollicitée face à cette inaction, il reproche à ces élèves menaçant de saisir la presse pour prévenir de potentielles autres victimes : « Votre action peut me créer un préjudice, ça va nous mettre en tension. Vous en prenez le risque. Porter atteinte à l’établissement que je dirige, qui que vous soyez, je réagirai ! » Frédéric Gautier, qui aurait aussi minimisé des propos homophobes tenus par l’ancien directeur d’internat, leur a toutefois conseillé d’en référer directement à la justice. Il faudra en revanche cinq mois supplémentaires après les révélations du Monde pour que le directeur ouvre une cellule d’écoute. Frédéric Gautier finira par effectuer à son tour un signalement à la justice après un entretien musclé avec le père d’un élève maltraité. Olivier P. estime, lui, auprès du site d’investigation : « Il y a eu parfois des chahuts, mais jamais eu de violences volontaires. »

Stanislas est déjà sous le coup d’une enquête pour injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, ouverte cet automne après un signalement de l’inspection général, dans la foulée de la publication par le site d’investigation d’un rapport accablant que le ministère de l’Education nationale avait tenté d’enterrer. Selon une information de Marianne, un professeur d’histoire géographie, enseignant aussi à Notre-Dame-de-Sion à Paris, fait aussi l’objet d’une plainte pour agression sexuelle et a été suspendu par le rectorat.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message