Cisjordanie : Solidarité avec Gaza ! Halte aux pogroms systémiques de Palestiniens !

mardi 7 novembre 2023.
 

- 1) Dans les camps de Jénine et Naplouse, en Cisjordanie, « la guerre est déjà là »

- 2) Le gouvernement israélien et son armée organisent de véritables pogroms de civils palestiniens en Cisjordanie. Les bonnes âmes occidentales font semblant de ne pas voir depuis des dizaines d’années

- 3) Depuis 15 jours les attaques de colons se déchainent en Cisjordanie occupée

- 4) Armés de dérisoires lance-pierres, les jeunes Palestiniens montrent leur dignité au monde prétendu civilisé. Depuis 15 jours, 111 Palestiniens ont perdu la vie en Cisjordanie.

4) La tension monte en Cisjordanie (28 octobre 2023)

Video de France Info ci-dessous :

https://www.francetvinfo.fr/monde/i...

Dès l’annonce de l’intensification des frappes sur la bande de Gaza, des Palestiniens de Cisjordanie sont descendus crier leur colère dans les rues vendredi 27 octobre.

Certains Palestiniens sont armés de lance-pierre face aux chars et à l’armée israélienne à Ramallah (Cisjordanie). Ces dernières heures, la tension monte au rythme de l’aggravation de la colonisation et des bombardements sur la bande de Gaza. Après la prière du vendredi, des milliers d’habitants sont descendus dans les rues crier leur colère contre Israël et contre les dirigeants du monde.

Affrontements sanglants

“C’est pour montrer à tous les gouvernements que nous avons besoin d’une action urgente pour arrêter ce massacre. Les gens attendent davantage des dirigeants et des soi-disant démocraties occidentales”, affirme un habitant. Les protestations ont viré aux affrontements sanglants. Depuis le début des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, plus de 100 Palestiniens ont perdu la vie en Cisjordanie.

3) Depuis 15 jours les attaques de colons se déchainent en Cisjordanie occupée

Les attaques de colons se déchaînent en Cisjordanie occupée, les violences et destructions sont innombrables. Elles ciblent des véhicules, des personnes, des habitations et se déroulent directement dans les villages, sur les routes que bloquent les colons et dans les champs appartenant à des palestinien.nes.

Profitant de l’absence de couverture médiatique, les colons diffusent la peur et la violence dans les localités palestiniennes, sous la protection militaire israélienne et dans l’indifférence médiatique.Depuis 15 jours, les attaques se déroulent quotidiennement et partout en Cisjordanie et celles que nous rapportons ne sont qu’une partie de celles qui se produisent.

Celles qui sont restituées ici, nous parviennent grâce au courage des militant.es, journalistes et organisations de Droits Humains qui les documentent. Au cours des 10 derniers jours, ce sont plus de 25 villes et villages qui ont subi des attaques de colons lourdement armés, la majorité de ces localités ayant été ciblée plusieurs fois depuis le samedi 7 octobre.

Des violences de groupes de colons armés ont été recensés à Salfit, Hébron/Al-Khalil, Jéricho, Jaloud, Qayrut, Bani Hassan, Ras Karkar, Turmus Ayya, Einabus, Sinjil, Fa’rata, Deir Nidham, Duma, Sa’ir, Qusra, Yassuf, Ni’lin, Al-Mughayyir, Muarrajat, Iskaka, Qayrut, Taybeh, Silat al-Dhaher et d’al-Fanduqumiya. Yetma et Qabalan Khirbet Al-Farisiya, Massafer Yatta, Naplouse et Jérusalem-Est occupée.

Dans le flot des informations diffusées depuis la Palestine, c’est évidemment Gaza qui focalise l’attention. Mais une information est malheureusement passée sous les radars. Les attaques de colons, semblent être de plus en plus encouragées par le gouvernement et l’armée israélienne.

2) Le gouvernement israélien et son armée organisent de véritables pogroms de civils palestiniens en Cisjordanie. Les bonnes âmes occidentales font semblant de ne pas voir

A plusieurs reprises, des ministres ont mis en scène des distributions d’armes lourdes (fusils à pompe et mitraillettes) au colons et ont fait la promotion de ces actes.

Des encouragements qui s’accompagnent d’un soutien logistique et militaire de l’armée israélienne. Les soldats bloquent les routes et ferment les entrées de villes et de villages dans toute la Cisjordanie occupée .Depuis le vendredi 13 octobre, un multitude de blessé.es ont été recensé.es dans le nord de la Cisjordanie occupée. Depuis la colonie d’Homesh, démantelée puis re-légalisée par le nouveau gouvernement israélien, des attaques ont ciblé les villages de Silat al-Dhaher et d’al-Fanduqumiya. Les habitant.es y ont été ciblé.es par des jets de pierre et de bouteilles en verre avant que les colons n’allument des pneus en feu contre les devantures de plusieurs maisons. Les événements ont rapidement dégénéré en affrontements avec la population locale.

Quelques kilomètres au sud, ce sont les villages de Yetma et Qabalan qui ont été attaqué par des colons armés qui ont tiré sur tous les habitant.es ayant osé sortir de leur foyer. Trois personnes ont été sévèrement touché.es mais ont pu être prises en charge par les secours.

Le même jour des véhicules étaient ciblées à balles réelles autour de la ville de Bethléem ou des checkpoints informels sont mis en place constamment depuis deux semaines. Les attaques se sont poursuivies tout au long des jours suivants.

Des occupations de terres, de maisons et des déplacements forcés ont eu lieu dans toute la Cisjordanie occupée dont le territoire est quadrillé par les checkpoints militaires et les barrages informels de colons.

La journée du 15 octobre a vu la mobilisation massive de colons dans les attaques de palestinien.nes autour de Naplouse. A Burqa, les véhicules ont été ciblés par des jets de pierre pendant plusieurs heures, les agriculteurs de la région ont été constamment attaqués et chassés de leurs champs d’oliviers afin d’éviter que ces derniers puissent faire leur récolte.

Les attaques contre les agriculteurs palestiniens se sont décuplées au cours des derniers jours. A Naplouse, Salfit et Hébron/Al-Khalil, ce type d’attaques a été recensé quotidiennement.Des centaines de colons se sont aussi rassemblés afin de procéder à une démonstrations de force au Mont Al-Arma. Toujours le 15 octobre, un groupe de colons armés à attaqué plusieurs villages à Masafer Yatta, dans les collines du sud d’Hébron/Al-Khalil. Deux maisons ont été mises à sac, deux étables ont été détruites, un puits a été bétonné et les colons ont déraciné de nombreux arbres. A Bethléem, une serre agricole a été démolie et ont commencé à tracer une nouvelle route coloniale sur les terres d’une ferme palestinienne.

Le 16 octobre, un groupe de colons, escorté par des soldats israéliens, a ravagé une ferme palestinienne Khirbet Al-Farisiya dans la Vallée du Jourdain afin de s’emparer de cette terre. Dans le village voisin. Une expédition similaire avait eu lieu la veille. Dans ce même village, un groupe de colons s’est emparé d’une ferme le 18 octobre. Dans le même temps, des colons de la partie occupée militairement d’Hébron/Al-Khalil sont allés hisser un drapeau palestinien sur la façade de la maison de la famille Abu Manshar, situé à l’entrée de la rue Al-Shuhadaa, fermée aux palestinien.nes depuis la fin des années 1990, mais ouverte aux colons.

Au sud d’Hébron/Al-Khalil, un groupe de colons de la colonie de Susiya, escortés par l’armée a procédé au déracinement de 70 oliviers à l’est de Yatta. Ces déracinements sont des pratiques courantes de la part des colons, mais leur explosion au cours des derniers jours fait craindre le pire pour les agriculteurs palestiniens. Des déracinements ont été rapportés à Far’ata, Immatin, Qusra, Haris, Qaryut, Turmus Aya, Jaloud, et Sinjil.

Le 17 octobre, une attaque de terreur a eu lieu dans le village de Madama, au sud de Naplouse. Les colons de la colonie de Yitzhar, une des plus violentes de toute la Cisjordanie occupée, ont attaqué le village, sous la surveillance de l’armée israélienne. Les colons ont essentiellement ciblé les maisons et les véhicules des habitant.es.

Quelques heures plus tard, un jeune homme a été touché à balles réelles par un groupe de colons qui lui a tendu une embuscade au chekpoint de Zaatara, au sud de Naplouse. Le jeune homme a été pris en charge et emmené à l’hôpital de Naplouse.Le lendemain, des colons ont tué un jeune homme de 21 à Dura au nord de Ramallah. Mohammed Abd Al-Rahman Fawaqa a été pris en charge par les secours mais il a succombé à ses blessures à l’hôpital Falastin de Ramallah.

Le 19 octobre, une autre embuscade a conduit à la blessure par balles d’un autre jeune homme. Attendu à l’entrée de Shufa au sud-est de Tulkarem, il a heureusement pu être pris en charge par les secours. Le jour même, une famille a été attaquée par des colons. Leur maison a été mise à sac et deux enfants (4 et 6 ans) ont reçu des jets de pierre. Profitant de l’agitation, d’autres colons ont pu aller saccager les réserves d’eau de la famille et les laisser se vider. Toujours à Masafer Yatta, des colons ont mis à sac la mosquée du village de Manizil, à l’est de Yatta. Quelques heures plus tard, des groupes de colons ont passé à tabac un homme âgé. Issa Abu Kabash, (77 ans) s’est vu menacer de meurtre s’il n’abandonnait pas sa ferme d’Al-Samou.

Le même jour, des colons sont retournés à Khirbet al-Farisiya, dans le nord de la vallée du Jourdain, et ont tenté de kidnapper un bébé, selon le chef du conseil du village d’al-Maleh. Ces colons sont rentrés dans la maison et ont arraché une petite fille d’un an des bras de sa mère. Les habitant.es ont pu sauver le bébé et le ramener à sa mère.Enfin le 20 octobre, des colons ont incendié plusieurs habitations dans les campements de communautés bédouines autour d’Al-Auja, au nord de Jéricho. Les colons ont aussi détruit les cours d’eau qui alimentent les communautés bédouines de la région. Al-Auja abrite l’une des plus importantes communautés bédouines de toute la Cisjordanie occupée.

1) Dans les camps de Jénine et Naplouse, en Cisjordanie, « la guerre est déjà là »

Dans ces deux camps surpeuplés de réfugiés palestiniens, les incursions de l’armée israélienne n’ont pas commencé après les attaques du Hamas, le 7 octobre. Elles durent depuis des années. Reportage sur cet état de guerre de basse intensité.

Christophe Gueugneau

Naplouse, Jénine (Cisjordanie occupée).– L’entrée du camp de réfugié·es palestinien·nes de Balata, à Naplouse, est formée d’une petite arche qui surplombe la rue. La voie principale y est étroite, les immeubles serrés. Les murs sont recouverts d’affiches dédiées aux martyrs, ces combattants palestiniens qui ont trouvé la mort dans la guerre plus ou moins larvée qui les oppose à Israël.

Balata a été établi en 1950 pour accueillir des Palestinien·nes chassé·es de Jaffa et de sa région, au sud de Tel-Aviv. Il compte actuellement environ 24 000 habitant·es sur un timbre-poste de 0,25 km2, ce qui en fait le camp le plus peuplé de Cisjordanie – la ville de Naplouse compte 150 000 habitant·es. Sur le papier, ce camp, comme toutes les grandes villes palestiniennes, est situé dans la zone A, sous administration exclusivement palestinienne. Dans les faits, comme partout, les incursions de l’armée israélienne y sont fréquentes, si ce n’est quotidiennes, a fortiori depuis le 7 octobre et les attaques meurtrières lancées par le Hamas.

Depuis la rue principale, une ruelle part à angle droit et descend dans les profondeurs du camp. Saleh Abou Hannoud, 29 ans, est assis sur un vieux fauteuil défoncé. Il tient dans ses bras son fusil M16 – ou une de ses variantes – et nous inspecte placidement pendant que d’autres jeunes, eux aussi armés, se poussent du coude et se marrent de ces Français venus les interroger.

Saleh fait partie des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, et plus particulièrement de la branche Youth of liberation and revenge (Les jeunesses de la libération et de la revanche). Un groupe historiquement affilié au Fatah, l’un des principaux mouvements de résistance palestiniens.

« Depuis le 7 octobre, toutes les nuits, l’armée israélienne entre dans le camp, elle arrête des gens, en harcèle d’autres, elle tire et puis elle se retire. Toutes les nuits ! », explique-t-il en tirant sur sa cigarette. Son fusil repose sur sa bedaine, serrée dans son haut de jogging Adidas. Depuis l’attaque spectaculaire et sanglante du Hamas dans le Sud, il suit l’évolution de la situation à Gaza avec « tristesse », « touché par le sort des enfants, des femmes, qui ont perdu leur vie » en raison de la riposte israélienne.

« Ce qu’on veut ici, ce qu’on prépare, c’est faire tomber le siège de Gaza », lance-t-il un peu crânement. Saleh, comme les autres habitants du camp, n’a de toute façon rien à perdre : « L’économie est à zéro ici, et ça ne fait qu’empirer encore et encore. »

Arrive Mahmoud Zoufy, présenté comme le « boss » de la brigade du camp. Même fusil dans les bras, mais gilet pare-balles en plus, bourré de chargeurs supplémentaires. Sourire en coin, il menace notre photographe, puis lui dit que c’est OK, puis le menace à nouveau. Bref, le grand gaillard s’amuse un peu de ces journalistes occidentaux.

C’est eux ou nous à présent, il n’y a pas d’autre solution à cette guerre.

Mahmoud Zoufy, « boss » d’une Brigade des martyrs d’Al-Aqsa Mahmoud Zoufy, tout comme Saleh, est né dans le camp. À 39 ans, il a quatre enfants, deux filles et deux garçons. Et pour lui, le 7 octobre n’est qu’une date de plus dans « une guerre qui est déjà là ». « Tous les jours, elle est là la guerre, elle a commencé il y a deux ans, et on ne sait pas quand elle finira », expose-t-il. Il y a deux ans, à l’automne 2021, le meneur du « Repaire des lions », groupe armé du centre historique de Naplouse, était arrêté. Peu après, une unité israélienne circulant incognito dans la ville avait abattu trois autres membres du groupe. Naplouse et le camp de Balata sont depuis sous pression maximum.

« C’est eux ou nous à présent, il n’y a pas d’autre solution à cette guerre », lâche Mahmoud Zoufy. Qui prend les journalistes à témoin : « Que voyez-vous à présent à Gaza ? Qui meurt à Gaza aujourd’hui ? Qui tue qui ? »

En repartant, un marchand de pommes nous alpague, avec une grosse voix éraillée. Haloun Abou Mussalam, 55 ans, est une figure locale du camp. Keffieh sur la tête, il félicite les Français pour leur soutien à la cause palestinienne, et n’a pas de mots assez durs contre Emmanuel Macron. « Macron ne fait rien pour la paix ici, alors je vous dis à vous, les Français, descendez dans la rue pour exiger de Macron qu’il se bouge », lance-t-il, ignorant des interdictions de manifester en France.

« Qu’est-ce que vous diriez, vous, si dans votre pays, sur vos terres, il vous fallait des permissions pour vous déplacer ? Qu’est-ce que vous diriez si on vous empêchait d’aller prier sur le lieu le plus saint de votre pays ? », nous interroge-t-il. D’habitude, Haloun Abou Mussalam ne vend pas de pommes mais des pastèques, qu’il va chercher à Jéricho plus au sud. Mais depuis le 7 octobre, il lui est impossible de se déplacer en voiture, les soldats israéliens ne le laissent pas passer aux checkpoints.

Le vendeur se dit néanmoins attaché à la paix. Une paix qui devrait passer, selon lui, par la fin du harcèlement de l’armée israélienne ici, et la fin des attaques par des colons des villages palestiniens alentour. « Toutes les personnes mauvaises devraient être condamnées, ce serait un bon début pour la paix », soupire-t-il. Sans trop y croire.

À Jénine, les victimes d’un missile israélien

À une trentaine de kilomètres au nord de Naplouse se trouve Jénine. Grande ville la plus au nord de la Cisjordanie, avec 40 000 habitant·es environ au dernier recensement de 2007, et un camp de réfugié·es mis en place en 1953 qui compte aujourd’hui 14 000 personnes sur moins d’un demi-kilomètre carré.

Notre voiture, immatriculée en Israël, est immédiatement repérée à notre entrée dans la ville. Arrêtés devant une petite épicerie, nous sommes alpagués par un conducteur qui circule sans plaques d’immatriculation. Un fusil pointé vers nous dépasse de la fenêtre entrouverte. La méfiance s’explique : Jénine, siège des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa mais aussi du Jihad islamique palestinien, est sans doute la ville la plus rebelle de la Cisjordanie, et à ce titre la plus visée par les descentes de l’armée israélienne.

Le 22 octobre, une mosquée du camp de réfugié·es a été visée par un tir de missile, le premier en vingt ans en Cisjordanie. Deux personnes ont été tuées. L’immeuble éventré se trouve dans les hauteurs du camp. Hani Damaj, 54 ans, s’y trouvait avec sa femme et ses filles. « Heureusement, nous étions dans une pièce en haut, à l’étage », raconte-t-il en enchaînant les cigarettes. Sa chambre à coucher est pleine de gravats. Le logement de son frère, à l’étage du dessous, n’est plus que ruines. Sous la puissance du souffle, les portes d’accès à l’immeuble sont devenues impraticables, et les habitants se sont trouvés pris au piège dans une atmosphère suffocante.

Salema Al Ghul est âgée de 85 ans. Née à Burqin, un petit village près de Jénine, elle est venue habiter dans le camp en 1967. Le jour du bombardement, toutes les fenêtres de sa maison, située en face de la mosquée, ont été soufflées. « Deux personnes sont mortes à cause de ce missile, et deux autres ont été tuées le lendemain lors d’une autre opération de l’armée israélienne », dit-elle, ses yeux bleus brillants, et ses mains légèrement teintes au henné s’agitant devant elle.

« Je n’attends plus rien du futur, je ne veux plus rien espérer, même pas pour mes six enfants, mes trois fils et mes trois filles, explique la vieille femme. Penser au futur, ça me fait peur à présent, et pourtant moi, je ne demande rien. »

À l’entrée du camp, le long des trottoirs, des hérissons métalliques sont alignés, prêts à être déployés sur la chaussée pour interdire le passage aux véhicules de l’armée israélienne. Il y a quelques semaines à peine, l’entrée du camp était totalement bloquée.

Amir Abou Hadid, crâne rasé et barbe fournie, se tient devant son pick-up, son gagne-pain en tant que transporteur. Comme beaucoup ici, le jeune homme de 23 ans ne se pose pas la question : « La guerre est déjà là, elle a déjà commencé ». « Là je suis devant vous à parler, mais qui sait, dans une heure je serai peut-être à l’hôpital », explique-t-il. Il nous montre sa hanche, où se trouve encore une balle israélienne reçue en 2018. À ses côtés, un quinquagénaire qui refuse de donner son nom nous montre son bras – une balle – et son genou – une autre balle.

Amir Abou Hadid n’a pas peur pour lui – « s’ils nous bombardent la tête je m’en fous, je reste là » – mais pour sa famille : « Si ça barde trop, je vais emmener les femmes et les enfants ailleurs, dans un village en dehors du camp. Mais nous, les hommes, les jeunes, on restera là, on résistera. »

Si le jeune homme estime que le camp de Jénine n’est « sous le contrôle d’aucun groupe », il admet que « les seules personnes à même de nous défendre, ce sont les groupes armés [historiquement proches] du Fatah ou le Jihad islamique, la résistance ». Comme partout, l’Autorité palestinienne et son président Mahmoud Abbas, 88 ans, sont ici complètement discrédités.

Il en veut pour preuve le dernier épisode de violences, en juillet dernier, quand l’armée israélienne a lancé sur le camp l’opération « Maison et jardin » (« Home and garden »). « Les gens ici ont essayé d’évacuer les femmes et les enfants, mais se sont heurtés à la police de l’Autorité palestinienne, qui les a repoussés et gazés », affirme le jeune homme. « C’est toujours ce qu’ils font, même quand on proteste pacifiquement, ils nous gazent », ajoute-t-il.

Alors pour lui, ce qu’a fait le Hamas le 7 octobre, était « trop, de toutes les façons qu’on regarde », mais l’Autorité palestinienne, en face, ne trouve pas grâce à ses yeux. « C’est un gouvernement de lâches, qui ne défend pas les gens », enrage Amir Abou Hadid.

Christophe Gueugneau

https://www.mediapart.fr/journal/in...[QUOTIDIENNE]-quotidienne-20231027-203232%20&M_BT=1489664863989


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