Le changement climatique se présente sous différents visages. Certains sont plus attendus que d’autres, comme la multiplication des incendies et des épisodes caniculaires, la baisse des récoltes agricoles ou encore le fait que les inondations soient plus nombreuses et violentes.

Toutefois, certaines de ses manifestations – bien que tout aussi dévastatrices – sont moins prégnantes, notamment en ce qui concerne l’impact sur la biodiversité, le fait que les infrastructures souterraines de nos villes puissent être fragilisées ou même que les ressources hydriques et la sécurité alimentaire soient menacées.

Jeudi 12 octobre, le magazine Wired nous a informés du fait que le dérèglement climatique privait un certain nombre de barrages hydroélectriques en eau, tout en en approvisionnant d’autres dans des quantités excessives. Une situation qui force les gestionnaires à recourir à un certain nombre de technologies de prévision pour s’adapter.

Le système d’approvisionnement en eau fragilisé

Cette situation se vérifie notamment aux États-Unis, dans l’État de la Californie, qui s’étend sur près de 1450 km le long du Pacifique depuis la frontière avec le Mexique. Les derniers mois y ont été très humides. Entre octobre 2022 et mars 2023, la Californie a été ravagée par trente et une "rivières atmosphériques" : des bandes colossales de vapeur d’eau qui se forment au-dessus du Pacifique et deviennent des lances à incendie au moment d’atteindre la côte ouest.

Cette oscillation entre des extrêmes humides et secs est typique de la Californie. Néanmoins, les pluies expérimentées au cours de l’hiver dernier – et potentiellement intensifiées par le changement climatique – sont devenues ingérables. À cette situation, se sont ajoutées des conditions météorologiques plus extrêmes (encore) causées par El Niño.

Autant de points qui rendent la vie très difficile aux exploitants de barrages, dont la mission est de capter et de contrôler une grande partie de l’eau de cet État de l’Ouest américain.

Des outils prévisionnels

Les barrages présents sur le territoire californien – à l’instar de la majeure partie des 58700 grands barrages répertoriés à travers le monde – ont été construits pour faire face à des conditions climatiques plus stables que celles observées ces derniers mois.

Tandis que le changement climatique met à rude épreuve les systèmes hydrauliques de la planète (affectant la fonte des neiges, les précipitations ou encore l’évaporation), il devient ardu de prédire la quantité d’eau qui atteindra un barrage et à quel moment cela se produira.

Le constat est le suivant : soit les barrages sont privés d’eau, ce qui met en péril les capacités d’approvisionnement en eau et en électricité pour les communautés, soit ils sont submergés par de grandes quantités d’eau, illustre le mensuel. Lorsque c’est le cas, ils vont libérer davantage d’eau que ce qui est souhaité, risquant de provoquer des inondations.

Miser davantage sur l’éolien et le solaire ?

Les spécialistes les plus frileux face au recours à l’hydroélectricité ne contestent pas les améliorations apportées aux barrages, assure Wired. Toutefois, nombre d’entre eux mettent en garde contre un excès de confiance dans sa capacité à s’adapter au changement climatique. D’autant plus qu’une expansion massive est prévue dans les pays du Sud.

Au fur et à mesure que les effets du dérèglement climatique se font de plus en plus prégnants, l’éolien et le solaire pourraient fournir une énergie équivalente avec des risques moindres, considère Josh Klemm, codirecteur exécutif d’International Rivers, une organisation de défense des droits humains axée sur les communautés fluviales.

"Nous devons vraiment réexaminer les projets de développement de nouvelles centrales hydroélectriques, a estimé le spécialiste auprès du magazine. Sans quoi, nous risquons d’accroître notre dépendance à l’égard d’une source d’énergie vulnérable au climat."