Barrages hydroélectriques, privatisations à hauts risques

dimanche 2 décembre 2018.
 

En ces temps où le réchauffement climatique nous préoccupe, à raison et grandement, on parle beaucoup d’énergies renouvelables. Les barrages hydroélectriques en représentent les deux tiers à l’heure actuelle en France. Un savoir-faire et des recherches permettent même de trouver des solutions pour les pics de consommation par exemple (les STEP, stations de transfert d’énergie par pompage). Les barrages sont quasiment uniquement gérés par EDF, dont l’état est actionnaire à 80 %, les français ont payé l’an passé deux fois moins cher en moyenne leur électricité que les Allemands.

À part la pression mise depuis plus de 10 ans par l’Union Européenne, cette privatisation n’est donc motivée par aucun argument de poids. Or 150 concessions arriveront en 2023 à échéance, avec nécessité de rénovation. La mise en concurrence des concessions ne va sans doute pas permettre d’assurer la réalisation en bonne et due forme des travaux. C’est donc bien l’indépendance énergétique de la France, tout autant que le respect des objectifs de sortie des énergies carbonées qui est en question.

Mais pas seulement... Les barrages ont également un rôle important dans la gestion de la ressource en eau. Sécurité des populations, régulation des crues, travail avec Météo France… Météo France étant par ailleurs lui aussi un service public de plus en plus mis en difficulté. Le réchauffement climatique a déjà occasionné de gros bouleversements : sécheresses longues et difficiles par moments, avec des communes qui ont eu du mal à remplir leur château d’eau, pluies torrentielles et inondations, orages difficiles à prévoir...

La disposition des barrages le long des fleuves et des rivières constitue une chaîne de production et de régulation de la ressource en eau. Que ce soit pour l’irrigation de l’agriculture ou l’eau potable des familles, les barrages ont donc une fonction stratégique qu’on ne peut négliger pour l’avenir. Comme pour le réseau ferroviaire, la fragmentation de la chaîne des barrages risque de casser le système. Pourra-t’on fixer aux différentes entreprises des règles, à la fois de gestion et de transmission entre elles qui tiendraient compte de ces différents facteurs et de celui qui demande une coordination majeure entre les secteurs de la société, à savoir le changement climatique ? La fragmentation du réseau hydroélectrique que nous apporte la privatisation, face au risque climatique, nous renvoie à la fragmentation du monde en marchés que le capitalisme porte en lui, et c’est plus qu’insécurisant.

Tifen Ducharne


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