Ecologie : « L’illusion macroniste se fracasse avec le départ de Hulot »

lundi 3 septembre 2018.
 

Julien Bayou, porte-parole d’EELV, salue la décision de Nicolas Hulot, qui a démissionné du gouvernement ce mardi matin, et pointe les contractions de l’exécutif, adepte d’un libéralisme incompatible avec l’écologie. Entretien

Après la démission de Nicolas Hulot du ministère de la Transition écologique et solidaire ce mardi matin, quelle est votre première réaction ?

Julien Bayou. C’est un séisme, une alerte sur les orientations rigoureusement contradictoires d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe avec l’écologie et le bien commun. On disait que l’illusion s’estompait. Elle se fracasse avec le départ de Nicolas Hulot. Il explique qu’il a encore l’énergie mais qu’il faut un travail collectif. En effet, il s’est fait marcher dessus par Stéphane Travert (ministre de l’Agriculture et de la l’Alimentation – NDLR) et par Bercy, et il constate que cela n’avance pas. Et finalement que les orientations économiques et industrielles d’Emmanuel Macron sont contraires à l’écologie. Les grands discours ne sont plus possibles : effondrement de la biodiversité, incendies, sécheresse, pollution dans tous les sens… c’est peut-être la réunion de lundi avec les chasseurs qui a été la goutte d’eau. Mais avant cela, il y eut la crise sur les pesticides, avec les aveux de Monsanto sur le danger de ses produits et la décision de Stéphane Travert de continuer comme avant. Cela doit nous alerter tous. On n’a plus à tergiverser.

Effectivement, il pointe l’incompatibilité de la ligne macroniste avec l’écologie…

Julien Bayou. Le risque serait qu’on nous dise « si Hulot n’y arrive pas, qui pourra le faire ? ». Nous devons surtout entendre une chose : nous ne pouvons pas faire de l’écologie quand les ministres de l’Economie et de l’Agriculture ne sont pas écologistes. Si la ministre de la Santé, par exemple, est sourde à la problématique de la pollution, le ministre de l’Ecologie ne peut rien faire. C’est une politique globale qui doit viser le bien commun et l’intérêt des 99%. Nous arrivons ainsi à une question de démocratie et de lutte contre l’oligarchie.

Avez-vous l’espoir d’un sursaut de la part de l’exécutif ?

Julien Bayou. J’espère que ça peut servir de prise de conscience. Dans ce cas-là, c’est un lanceur d’alerte. Seulement, le peu de réactions indigentes que j’ai entendu de la part de Benjamin Griveaux (porte-parole du gouvernement – NDLR), c’est une inquiétude vis-à-vis de la courtoisie de Hulot ou même un regret d’avoir eu à la tête de cette fonction un ministre militant. Mais nous voulons des ministres militants et pas des ministres carpettes, soit des ministres aux ordres des lobbys ou qui les représentent carrément. Quand Edouard Philippe se targue d’avoir eu des responsabilités à Areva, est-il proche des lobbys ou en est-il l’émanation ? On a atteint une confusion dans le rôle du politique. Sa décision est cruciale mais je ne pense pas que cela puisse réveiller le gouvernement. Peut-être réveillera-t-elle la population.

Entretien réalisé par Audrey Loussouarn, L’Humanité


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