Xénophobie à la suisse

dimanche 28 octobre 2007.
 

Imaginez l’UMP ayant avalé les restes du Front national : vous obtiendrez à peu près ce que représente le principal parti vainqueur des élections helvétiques, le Schweizerische Volkspartei (« Parti populaire suisse »), frauduleusement appelé Union démocratique du centre (UDC) dans la partie francophone du pays. Populisme réactionnaire et néolibéralisme à outrance s’entrelacent dans ce parti, qui cherche à hégémoniser le camp bourgeois, tâche naguère dévolue au Parti radical.

Les résultats des dernières élections suisses constituent un baromètre, certes déformé, des rapports de force dans la société. La victoire, sur le terrain électoral, de l’UDC, accompagnée de ses comparses radicaux et démocrates-chrétiens, est le reflet de la très grande faiblesse des salariés et de leur organisation collective sur les lieux de travail, des défaites successives encaissées sur le plan politique, défaites souvent consenties sans combattre par les socialistes, qui participent au gouvernement depuis près de 60 ans.

Dès lors, il n’est guère surprenant qu’une partie de la base traditionnelle de ce parti, déboussolée, ait été gagnée par le discours et la politique de la droite populiste. Le Parti socialiste participe à la mise en œuvre des politiques néolibérales, quand il ne la pilote pas lui-même, comme c’est le cas avec l’ouverture au marché du secteur énergétique, ou encore la privatisation du secteur des télécommunications (Poste, Swisscom) et des chemins de fer. Ce faisant, il s’est coupé très largement des milieux populaires qu’il prétendait représenter. Son aile la plus droitière souhaite qu’il s’ancre définitivement dans les couches moyennes supérieures afin d’achever sa mue. Mais les Verts, qui progressent aussi, occupent déjà le terrain « au centre », bénéficiant de l’antériorité de leur présence dans la défense de l’environnement.

Les luttes en cours (grèves en défense de la convention collective nationale dans le bâtiment), comme celles à venir (contre la poursuite de la détérioration des assurances sociales) et celles de toujours (contre le racisme et pour les droits des migrants) exigeront détermination, engagement dans la durée et rigueur politique de la gauche anticapitaliste.

Jean-Michel Dolivo


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