Législatives en Suisse : "raz de marée" vert (de droite et de gauche) face à la droite nationaliste, qui reste en tête

jeudi 24 octobre 2019.
 

Résultat historique lors des élections législatives suisses ce dimanche. Les partis écologistes de droite et de gauche s’imposent comme une nouvelle force politique, alors que la droite populiste reste en tête malgré une perte de sièges au Conseil national, l’une des deux chambres parlementaires du système suisse.

Une vague verte historique s’est abattue dimanche en Suisse lors des élections législatives, à l’issue desquelles la droite populiste de l’UDC, qui a fait campagne contre l’immigration, reste toutefois la première force politique du pays. L’ampleur de la poussée des partis écologistes constituait la principale inconnue du scrutin, destiné à renouveler les 200 conseillers nationaux (Chambre basse), élus à la proportionnelle, et les 46 conseillers aux Etats (Chambre haute), désignés selon un système majoritaire à deux tours.

Un "raz de marée à l’échelle suisse" des écologistes

Selon les résultats définitifs, les Verts sont désormais le quatrième parti au Conseil national devant le parti démocrate-chrétien (PDC, centre), et talonnent d’une voix le Parti libéral-radical (PLR, droite). Ils aspirent désormais à accéder pour la première fois au gouvernement, où tous les grands partis se partagent les sept places de ministres selon une formule dite "magique". Après un scrutin aux allures de "changement tectonique, (...) on doit peut-être discuter une nouvelle formule magique", a déclaré la présidente des Verts, Regula Rytz.

Au total, les Verts ont obtenu 17 députés supplémentaires, pour un total de 28 sièges (13,2% des voix), au terme d’une campagne largement marquée par la question du changement climatique. Les Vert’libéraux ont eux bondi de 9 députés, passant à 16 sièges (7,8% des voix). "Plus qu’une vague, un raz de marée à l’échelle suisse !" a déclaré à l’AFP le politologue Pascal Sciarini.

Les Verts ont réclamé la "tenue urgente d’un sommet national pour le climat". Et pour Greenpeace, "le résultat de ces élections donne un mandat clair au Parlement". Les appels de la jeune activiste écologiste Greta Thunberg ont particulièrement résonné en Suisse, où de nombreuses villes et cantons ont proclamé l’"état d’urgence climatique", tandis que des dizaines de milliers de personnes ont participé aux "grèves pour le climat". Ils étaient 100.000 à Berne fin septembre.

La droite populiste, en tête, sort affaiblie des élections

En constante progression depuis les années 1990, les populistes de droite de l’Union démocratique du centre, dont les affiches aux relents xénophobes font régulièrement polémique - en 2007, des moutons blancs poussant hors de Suisse un mouton noir, "pour plus de sécurité -, sont sortis affaiblis du scrutin, perdant 12 sièges, avec 25,6% des voix, contre 29,4% en 2015.

Pour le politologue Oscar Mazzoleni, spécialiste de la droite populiste, l’UDC, dont la base électorale est vieillissante, "n’a pas réussi à mobiliser les jeunes". Le parti a également pâti du fait que la thématique migratoire, centrale en 2015, "n’est plus à la Une".

L’UDC a été le seul parti à dénoncer l’"hystérie climatique". "On savait qu’on allait perdre des plumes", mais "le sujet essentiel, avant de vouloir sauver la planète, c’est de sauver la souveraineté suisse", a déclaré Oscar Freysinger, sénateur sortant UDC.

Le modèle gouvernemental se fera encore sans les Verts

Ce n’est que le 11 décembre que les élus des deux Chambres parlementaires désigneront les sept ministres du gouvernement, dont les portefeuilles seront répartis entre les grands partis. Depuis 1959, les principaux partis du pays se partagent les sept postes ministériels du gouvernement selon le système dit de la "formule magique". Etant donné que les deux partis écologistes se positionnent différemment sur le spectre politique, il n’est pas sûr qu’ils s’allient en décembre autour d’un candidat commun lors de l’élection des ministres.

De nombreux connaisseurs de la vie politique suisse s’accordent à dire qu’il vaudrait mieux que les écologistes consolident leur avancée électorale dans quatre ans, pour asseoir ainsi leur présence dans le spectre politique du pays, avant de vouloir prétendre à entrer au gouvernement. Pour être élu ministre, il faut aussi compter sur le soutien de la Chambre haute, où les Verts’libéraux sont absents, et où les Verts n’y disposaient que d’un seul siège.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message