Les partis libéraux, ancrés à droite et membres influents de l’Internationale Socialiste en Amérique Latine ( 2 Vénézuéla)

vendredi 5 janvier 2007.
 

Le parti vénézuélien membre de l’Internationale Socialiste se nomme "Action Démocratique".

1) Quelques étapes dans l’histoire d’Action démocratique

En 1945, un coup d’Etat (préparé par les Etats Unis) installe au pouvoir l’Action démocratique ( parti social-démocrate vénézuélien) de Romulo Betancourt.

La vague d’aspirations populaires et démocratiques des années 1944-1949 touche particulièrement le Vénézuéla. L’élection présidentielle de 1947 marque le succès de l’écrivain Rómulo Gallegos, candidat de l’Action démocratique. Sa politique progressiste par divers aspects(vote des femmes, réforme agraire...) effraie l’Eglise et la bourgeoisie ; l’armée reprend le pouvoir en novembre 1948. Les USA soutiennent un nouveau putsch et une nouvelle dictature militaire (Perez jimenez) durant 10 ans.

Mais arrive la grande période mondiale de combativité (ouvriers, jeunes, peuples opprimés...) et d’aspirations progressistes des années 1958-1975. Dès 1958, une énorme insurrection balaie la dictature.

Les Etats Unis et le patronat appuient à nouveau la constitution d’un gouvernement dirigé par Action Démocratique et achètent la bureaucratie de la centrale syndicale CTV liée à AD. Romulo Betancourt et le Vénézuéla deviennent la "vitrine" des Etats Unis en Amérique latine, leur point d’appui face à Cuba.

La dictature militaire de Perez Jimenez puis le pouvoir autoritaire policier de Romulo Betancourt (garanties constitutionnelles plusieurs fois suspendues, liquidation physique de militants ...) convainquent une forte partie de la gauche anti-capitaliste de lutter hors du cadre légal.

Les adhérents d’Action Démocratique attachés à des objectifs sociaux et démocratiques quittent ce parti et fondent le MIR (mouvement de la gauche révolutionnaire). Cette organisation va impulser des guerrillas dans les années 1960.

Durant 30 ans, gauche (AD) et droite "démocrate chrétienne"(COPEI) alternent au pouvoir.

En 1988, le gouvernement d’Action Démocratique engage une politique libérale féroce en parfait accord avec le FMI. Cela provoque une telle vague de précarité et de misère qu’une insurrection populaire massive éclate le 27 février 1989. Le pouvoir politique du social démocrate Carlos Andres Perez donne ordre à l’armée de tirer sur la foule. Le mouvement social est écrasé (plusieurs milliers de morts).

Les militaires progressistes ( dont Chavez) qui ont refusé de participer au bain de sang s’allient à la gauche anti-libérale. Une page vient d’être tournée dans l’histoire politique du Vénézuéla.

2) D’une dérive social-libérale à un rapprochement avec l’extrême-droite

Comme nous venons de le voir, Action Démocratique fut à l’initiative à la fin des années 1980 du "grand virage" de la politique vénézuélienne engageant la privatisation de l’essentiel des services publics et la réduction des protections sociales au nom de la rigueur budgétaire recommandée par le FMI et Washington.

Cette politique entraîna une explosion rapide de la pauvreté qui doubla pour atteindre 60% de la population entre 1988 et 1993 durant le mandat de Carlos Andres Perez, figure d’Action Démocratique.

C’est ce même Carlos Perez qui décida, face aux manifestations populaires contre l’explosion des prix et la faillite des services publics, une répression sanglante par l’armée qui tua par balle des milliers de manifestants pacifiques au début de l’année 1989.

Carlos Andres Perez et plusieurs dirigeants d’Action démocratique seront ensuite condamnés pour détournement de fonds publics et abus de pouvoir ; ils s’enfuirent à l’étranger.

Face au nouveau pouvoir politique dirigé par Hugo Chavez, Action Démocratique va soutenir toutes les manoeuvres de sabotages économiques et putschs.

Dans cette longue dérive, il ne fait aucun doute que les intérêts d’élus et responsables syndicaux liés au type de relations sociales et de représentation politique sous influence américaine ont largement joué.

Aujourd’hui marginalisé à l’extrême droite de l’échiquier politique, refusant même de participer aux élections, Action Démocratique illustre dans sa trajectoire jusqu’où peut mener la faillite de la social-démocratie en Amérique Latine.

Reste une dernière question à pointer :

Les adhérents au Parti Socialiste peuvent-ils accepter encore longtemps de fraterniser au sein d’une même Internationale avec Action Démocratique ?

Jacques Serieys


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