La voix de Jean-Luc Mélenchon ouvre-t-elle la voie de la victoire ?

samedi 9 avril 2011.
 

Jean-Luc Mélenchon doit faire face a une multitude de difficultés : il doit progresser sur un terrain médiatique miné, gérer au mieux les rapports avec ses alliés qui ne sont pas toujours faciles, tenir compte des attentes parfois contradictoires des électeurs et avancer avec une force militante de terrain limitée.

La voix de Jean-Luc Mélenchon ouvre-t-elle la voie de la victoire ?

Voici quelques données statistiques issues des élections cantonales et de sondages, pas forcément toutes agréable à lire pour un sympathisant ou un adhérent du PG.

Mais ces données sont aussi utiles pour mieux comprendre l’attitude du parti communiste français à l’égard de son allié : le parti de gauche.

En outre, elle donnent des éléments de réflexion sur l’adéquation entre les attentes des Français et les propositions du parti de gauche concernant l’immigration.

1- Résultats des élections cantonales€ 2011.

Parti communiste français : -premier tour 724 911 voix soit :7,91 % ;

-deuxième tour : 381 096 voix soit : 4,82 %

-Total des sièges obtenus : 116

Parti de gauche : -premier tour : 92 386 voix soit : 1,01 %

- deuxième tour : 16 095 voix soit : 0,20 %

-Total des sièges obtenus : 5

Source : wikipédia : élections cantonales françaises de 2011 http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89...

2 - Notoriété, image, potentiel électoral de Jean-Luc Mélenchon.

Nous utilisons ici une étude de l’IFOP dont nous extrayons les principaux résultats concernant Jean-Luc Mélenchon.

2. 1 - Notoriété de Jean-Luc Mélenchon.

"Jean-Luc Mélenchon demeure méconnu par plus d’un cinquième des Français (21% en février 2011), malgré son antériorité sur la scène politique et de son passage à la tête du ministère de l’Enseignement professionnel de 2000 à 2002 dans le gouvernement de Lionel Jospin. Notons cependant qu’il enregistre une amélioration fulgurante de sa visibilité dans l’opinion. Testé pour la première fois en janvier 2009, au moment de son départ du Parti Socialiste consécutif au Congrès de Reims et de l’annonce de la création du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon était encore méconnu par une majorité de Français (54%). Ce score a donc été divisé par deux en l’espace de deux ans seulement. Comme pour Marine Le Pen, les campagnes électorales ont joué un rôle d’accélérateur de notoriété, notamment celle des élections régionales qui lui a permis de réduire de 42% en février 2010 à 33% mars la part des Français ne le connaissant pas. suffisamment."

Comparaison avec Marine Le Pen. L’étude poursuit : "A la suite des élections régionales de 2004, le taux de personnes « ne la connaissant pas suffisamment » tombe à 11% en mai 2004. Puis, lors de la campagne pour le référendum sur le Traité Constitutionnel européen, ce même score recule de 11% en avril à 6% en juin 2005. Les élections suivantes, notamment les élections municipales de 2008, achèvent de la mettre en lumière. En février 2011, seuls 3% des Français déclarent « ne pas la connaitre suffisamment."

2. 2 Image de Jean-Luc Mélenchon.

"En moyenne sur l’année 2010, l’opinion des Français à l’égard de Jean-Luc Mélenchon se répartit en trois groupes équivalents : A. 32% des Français déclarent en avoir une bonne opinion, dont 3% une « excellente opinion ». Les hommes (36% contre 28% des femmes), les personnes de 50 à 64 ans (37%) et les sympathisants du PC/Parti de Gauche (66%) sont les plus laudateurs à son égard. B. A l’inverse, 33% des Français déclarent avoir une mauvaise opinion du Député européen, en particulier les plus de 65 ans (41%), les cadres supérieurs (39%), les diplômés du supérieur (39%) et les sympathisants de droite (43%). C. Enfin, le tiers restant refuse de prononcer une opinion par manque de connaissance sur Jean-Luc Mélenchon.

Cette tripartition de l’opinion relative à Jean-Luc Mélenchon est caractéristique d’une image encore en construction, qui se structure à mesure que sa notoriété s’élargit. A cet égard, remarquons que l’amélioration récente de sa visibilité (+12 points entre novembre 2010 et février 2011) semble alimenter davantage les jugements négatifs à son égard (+7 points), désormais supérieurs aux opinions positives (qui progressent néanmoins de 5 points)."

Je ne présente pas les résultats concernant Marine Le Pen, ce qui n’est pas l’objet de cet article. Voici simplement la conclusion de l’étude concernant l’image selon ce sondage : "Jean-Luc Mélenchon connaît encore un processus de structuration, alors que celle de Marine Le Pen est installée. Cependant, la dernière période a fait apparaître des signaux d’alerte pour le Président du Parti de Gauche et l’amorce d’un frémissement positif pour la Présidente du FN."

2.3 - Potentiel électoral de Jean-Luc Mélenchon.

" …Dans les mêmes configurations de vote, Jean-Luc Mélenchon obtiendrait respectivement 5,5% face à la Première secrétaire du PS et 6% face au Président du FMI (soit un écart de 20 points). Son potentiel électoral est sans doute amoindri par les divisions de la gauche de la gauche, notamment la présence d’Olivier Besancenot qui recueille entre 5,% et 6% des suffrages, alors que Marine Le Pen ne subit aucune concurrence à l’extrême-droite. A cet égard, la dynamique de rassemblement au sein du Front de Gauche, inspirée de l’expérience allemande de Die Linke, ne semble pas porter ses fruits. La rencontre entre le leader d’un parti sans militants (Jean-Luc Mélenchon) et d’un parti sans leader mais disposant de militants (le Parti Communiste) ne convainc pas totalement leurs électeurs potentiels : Jean-Luc Mélenchon ne recueille que 61% des intentions de vote des sympathisants du Front de Gauche (15% votant PS dès le premier tour dans une optique de vote utile), alors que Marine Le Pen fait le plein auprès des proches du FN (91%). Ajoutons enfin que, sur la longue durée, la dynamique électorale est favorable à Marine Le Pen, qui profite d’une forte poussée depuis l’automne (+8 points entre novembre 2010 et février 2011), alors que Jean-Luc Mélenchon enregistre des intentions de vote particulièrement stables depuis le scrutin régional de 2010. Marine Le Pen dispose d’une avance nette sur Jean-Luc Mélenchon et enregistre une progression forte qui crédibilise son éventuelle présence au second tour. Ce niveau très élevé du Front National et plus généralement les résultats d’intention de vote de ces deux personnalités doivent cependant être relativisé par la distance qui sépare de l’élection présidentielle (14 mois)."

Source : IFOP 21/02/2011 Analyse comparative de l’opinion a l’égard de Jean-Luc Melenchon et Marine Le Pen http://www.ifop.com/?option=com_pub... ou http://www.ifop.com/media/pressdocu...

3 - Jean-Luc Mélenchon face à l’immigration.

Non seulement Jean-Luc Mélenchon emprunte un sentier escarpé bordé de différentes espèces de cactus plantés en bordure de ravins où se nichent plusieurs variétés de bêtes prêtes à piquer ou à mordre, mais Jean-Luc Mélenchon , l’athée et le laïc porte la lourde croix (électorale) des sans-papiers avec, de surcroît, le vent médiatique de face alors que Marine Le Pen ne porte pas cette croix et a le vent médiatique dans le dos.

Nous allons examiner cela au travers trois sondages. (extraits)

3. 1 - Les Français et l’immigration : IFOP 2007

- L’immigration est une chance pour la France ? D’accord : 49 %. Pas d’accord : 51 %.

- En matière d’immigration légale, seriez-vous favorable à l’instauration de critères de sélection relatifs au métier ou au niveau de diplôme des personnes souhaitant vivre en France ?
- Favorables : 53 %
- Pas favorables : 47 %.

Source : IFOP 05/02/2007 http://www.ifop.com/media/poll/fran...

Autre sondage réalisé en 2006 qui est confirmé par le précédent :

- Il faut passer d’une immigration subie à une immigration choisie : 62 % (54 % pour les électeurs du PS)
- Il y a trop d’immigrés en France : 51 % (35 % pour les électeurs du PS)
- On en fait plus pour les immigrés que pour les Français : 40 % (27 % pour les électeurs du PS)

Source : IFOP 21/04/2006 http://www.ifop.com/media/poll/787-...

3. 2 - les Français et la régularisation des sans-papiers.

Question : Vous savez que des immigrés en situation irrégulière qui sont salariés dans des entreprises ont lancé un mouvement de grève pour demander leur régularisation. Personnellement êtes-vous ?

- Favorable à une régularisation au cas par cas de leur situation en France : 64 %
- Favorable à une régularisation de la situation en France de l’ensemble de ces salariés : 24 %
- favorable aucune régularisation : 12 %

Détail des résultats pour les électeurs favorables à régularisation à l’ensemble des salariés immigrés sans-papiers, en fonction de leurs sympathies politiques :

- LO-NPA : 37 %
- PCF – PG : 27 %
- PS : 32 %
- Verts : 34 %
- Total gauche : 34 %
- Pour toute la gauche, sont opposés à toute régularisation : 4 %
- Remarque : pour l’ensemble de la droite, seulement 11 % sont favorables à la régularisation de tous.

Conclusion : seulement un quart du corps électoral et un tiers des électeurs favorables au front de gauche sont favorables à la régularisation de la totalité des immigrés sans-papiers.

Source : IFOP - l’Humanité. 27/11/2009 http://www.ifop.com/media/poll/998-...

Sans discuter ici du bien-fondé ou du mal - fondé de la position de Jean-Luc Mélenchon sur la régularisation de tous les sans papiers (ce n’est pas l’objet de cet article), qui est aussi la position de tous les responsables des organisations politiques situées gauche du PS, il faut savoir que cette position peut constituer un handicap électoral majeur portant probablement atteinte à la crédibilité politique des responsables qui la défendent aux yeux de la majorité des électeurs. Je ne suis pas certain que la totalité des militants et des sympathisants des partis de gauche soit informée de ces données statistiques. Mais je le répète, je ne dis pas ici qu’une position minoritaire est forcément fausse ou injuste. Pour savoir si cette position peut constituer un facteur d’échec inéluctable pour Jean-Luc Mélenchon, quelle que puissent être la qualité et l’attrait de ses autres propositions, il faudrait tester cette hypothèse en mettant au point un autre sondage adapté. Idéologies et croyances doivent être autant prises en compte que la réalité économique dans l’élaboration d’une stratégie politique qui se veut efficace pour atteindre la victoire.

Hervé Debonrivage


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