Avec le PCF et le PG, la colère sociale s’invite à l’Assemblée

samedi 11 septembre 2010.
 

Lors des questions orales au gouvernement, les députés communistes et du Parti de gauche ont déposé, sous les huées de la droite, 120 000 pétitions au premier ministre.

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La séance des questions orales au gouvernement a résonné des manifestations qui, dans tout le pays, rassemblaient des millions de citoyens contre le projet de casse de la retraite à 60 ans de Nicolas Sarkozy. Après avoir, par la voix de Daniel Paul (PCF), dénoncé un gouvernement qui veut par sa réforme « en finir avec le socle social instauré à la Libération », les députés communistes et du Parti de gauche (PG) se sont tous levés pour déposer auprès du premier ministre, François Fillon, présent dans l’Hémicycle, les 120 000 pétitions recueillies tout au long de l’été. Leur texte reprend la proposition de loi PCF-PG formulant des propositions pour garantir la retraite à 60 ans à taux plein.

Cela fut de trop pour les députés de droite. Conspuant les élus communistes, les traitant dans un cri de haine de « staliniens », Jean-François Copé, chef de file des élus UMP, qualifiait cette initiative de l’opposition « d’inqualifiable » et demandait au président de l’Assemblée nationale un rappel à l’ordre en forme de sanction. Ce refus de la droite d’entendre, pour l’heure, les exigences s’exprimant dans les manifestations, était manifestement la ligne de conduite adoptée par la majorité. Ainsi, quand Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, interpelle le gouvernement pour demander tout à la fois « de véritables discussions et négociations entre les partenaires sociaux et le gouvernement », François Fillon se fait provocateur. S’il se dit « respectueux des inquiétudes de ceux qui manifestent », c’est le moins qu’il puisse faire, il poursuit : « Je respecte aussi ceux qui ont pris la responsabilité de travailler pour ne pas aggraver la situation économique du pays ». Les salariés qui ont décidé de sacrifier une journée de salaire pour exercer le droit de citoyen en manifestant apprécieront de se faire traiter d’irresponsable.

François Fillon, qui se veut droit dans ces bottes, prétend que « la question des retraites n’est pas une question de droite ou de gauche mais une question démographique ». Au nom de quoi il a réaffirmé que le recul de l’âge de la retraite à 62 ans est « raisonnable et incontournable ». Les députés de gauche ont multiplié les interventions pour montrer que ce projet va au contraire aggraver les inégalités sociales, particulièrement pour les femmes, et peser pour l’essentiel sur le dos des salariés. Ils ont avancé des propositions pour un autre financement à base de taxation du capital, de développement de l’emploi et de meilleurs salaires. A chaque fois, Eric Woerth, ministre du travail répondait, presque mécaniquement, « démographie », « allongement de la vie », « déficit », « exemplarité des pays d’Europe... ». Cet autisme, dénoncé par Marisol Touraine, députée PS, ne pourra pas longtemps tenir lieu de réponse à la colère sociale qui s’exprime dans le pays.

Max Staat

Ambiance des grands jours à l’Assemblée. Article du Parisien

Il est 15h15 hier lorsque le chaos s’installe dans l’hémicycle de l’Assemblée. En pleine séance des questions d’actualité, la quinzaine de députés communistes et du Parti de Gauche quittent promptement leurs travées et viennent se masser devant le banc des ministres. Ils tentent de déposer sur le pupitre de François Fillon les milliers de signatures de leur pétition contre la réforme des retraites.

Las ! Les huissiers font rempart. Du coup, l’un des frondeurs projette une imposante liasse de feuilles en direction du Premier ministre, qui manque de justesse la recevoir en plein visage ! Maxime Gremetz s’agite, tandis que Marie-George Buffet, plus en retrait, semble gênée par la tournure agressive qu’a prise, contre toute attente, l’opération. « Staliniens ! Staliniens ! », scandent en choeur les députés UMP furieux.

Une sorte de garde prétorienne s’improvise : les députés Didier Julia, Guy Teissier et Richard Mallié descendent à leur tour pour protéger les ministres. Au perchoir, Bernard Accoyer, écarlate, suspend la séance. « On regagne sa place et on se calme, ordonne le président de l’Assemblée. Ici, c’est la maison du dialogue ». Eclat de rire général dans les travées.

Sylvain Rolland et Nathalie Segaunes


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