La social-démocratie pendant la Première guerre mondiale

vendredi 12 juillet 2019.
 

Peut-être à placer après l’article sur Août 1914 Trahison

Dans bien des pays, les dirigeants socialistes étaient devenus ministres, et les militants, trahis, désorientés, partirent pour le front, les uns la fleur au fusil, les autres, la rage au coeur.

Ceux qui demeurèrent fidèles à l’internationalisme prolétarien n’étaient que quelques poignées, et leurs efforts pour s’opposer à la marée chauvine qui recouvrait l’Europe pouvaient paraître désespérés.

Mais ils gardaient une foi profonde dans le socialisme, dans le rôle historique du prolétariat. Et ils savaient qu’aussi lointain que pouvait paraître alors le jour de la révolution socialiste, leurs efforts n’étaient pas vains.

Seul de tous les partis socialistes adhérents à la Deuxième Internationale, la fraction bolchévique de la social-démocratie russe resta fidèle, dans sa grande majorité, par ses paroles comme par ses actes, à ce qui avait été sa raison d’être.

Les bolchéviks continuaient d’affirmer le caractère impérialiste de la guerre, de celle que menait les empires centraux allemand et autrichien, comme de celle que menait l’entente franco-russe. Et ils déniaient à tout socialiste, le droit d’être partisan de la défense nationale dans cette guerre de rapine.

Le problème, expliquait Lénine, n’était pas de réclamer la paix, en espérant que la bourgeoisie veuille bien la faire un jour. Le problème, c’était de travailler à la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, pour renverser le pouvoir de la bourgeoisie.

L’ère des guerres impérialistes qui venait de s’ouvrir devait aussi être celle de la révolution prolétarienne. Et résumant, dans les premiers mois de la guerre, la politique qui devait être celle des révolutionnaires, Zinoviev pouvait écrire :

« Nous devons lever l’étendard de la guerre civile... Notre tâche est de nous préparer aux batailles qui viennent, de nous éduquer, et d’éduquer tout le mouvement ouvrier dans la pensée que nous devons vaincre ou mourir sous le drapeau de la guerre civile. »

Et les bolchéviks ne pensaient pas que leur politique n’avait de sens que dans le cadre de la Russie. Ils considéraient au contraire que ce devait être celle de tout socialiste authentique, dans tous les pays belligérants.

Prétendre construire le socialisme dans le seul empire des tzars leur eut semblé une ineptie sans nom ; et Lénine précisait encore, en novembre 1914, dans un article intitulé « Situation et taches de l’Internationale Socialiste » : « Le mouvement socialiste ne peut pas vaincre dans les anciennes limites de la patrie. Il crée des formes nouvelles, supérieures, d’association humaine, où, pour la première fois, les besoins légitimes et les aspirations progressistes des masses laborieuses de toutes les nationalités seront satisfaits dans l’unité internationale, les frontières nationales actuelles étant abolies. »

Cette politique que les bolchéviks furent les seuls à défendre eu tant que parti, des militants l’avaient faite leur dans tous les pays. Et s’ils étaient peu nombreux, ils n’en représentaient pas moins l’avenir.

Dès 1914, Lénine écrivait : « La Deuxième Internationale a cessé de vivre, une autre internationale la remplacera. » Et c’est dans cette optique de reconstruire l’Internationale que les bolchéviks avaient participé aux conférences de Zimmervald, en 1915, et de Kienthal, en 1916, qui réunirent des internationalistes appartenant à différents partis socialistes européens.

Un avenir qui après trois ans de guerre allait tout à coup apparaître plus proche qu’on aurait pu le penser.

(extrait de l’exposé au Cercle Léon Trotsky en 1967 : voir article dans cette sous-rubrique)

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Source :

http://www.wsws.org/francais/hiscul...

Le 4 août 1914 et ses conséquences

Par Peter Schwarz Le 4 août 2004

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C’est aujourd’hui le quatre vingt dix-neuvième anniversaire de ce qui fut sans aucun doute le jour le plus funeste de l’histoire de la social-démocratie allemande. Le 4 août 1914, la fraction parlementaire du SPD (Parti socialiste allemand) au Reichstag donnait sa sanction aux crédits de guerre pour la Première guerre mondiale. Avec les paroles tant fameuses que mal famées de son chef de file, Hugo Haase : « nous n’abandonnerons pas la patrie à l’heure du danger », le SPD se rangea aux côtés de l’empereur Guillaume II et de son gouvernement et soutint ce qui allait être, jusque là, la plus énorme et la plus sanglante boucherie de l’histoire de l’humanité.

Le vote en faveur des crédits de guerre constituait une trahison sans précédent de ses propres principes par le SPD. Rosa Luxembourg caractérisa l’événement ainsi : « Jamais, de toute l’histoire de la lutte des classes et depuis qu’il existe des partis politiques, il n’y avait eu un parti qui, en l’espace de vingt quatre heures avait cessé aussi complètement, comme ce fut le cas pour la social-democratie allemande, d’être un facteur politique et ce, après être devenu une force de premier plan et avoir rassemblé autour de lui des millions de personnes ». Elle tirait cette conlcusion : « Le 4 août 1914 la social-démocratie allemande a abdiqué et l’Internationale socialiste s’est effondrée ».

Quatre décennies durant, le SPD avait fait l’éducation des ouvriers dans le sens de la solidarité internationale et de l’hostilité à l’impérialisme. En 1912, elle avait encore joué un rôle dirigeant au congrès international socialiste de Bâle qui avait expressément appelé les travailleurs européens à résister à la guerre.

La résolution finale de ce congrès, signée par tous les partis socialistes d’Europe, disait : « Le congrès appelle les ouvriers de tous les pays à opposer à l’impérialisme capitaliste la force de la solidarité internationale du prolétariat ». Le manifeste menace les « classes dominantes de tous les Etats » de conséquences révolutionnaires en cas de guerre et les met en garde : « Ce serait de la folie pour les gouvernements de ne pas comprendre que la seule pensée du caractère effroyable d’une guerre mondiale provoquera nécessairement l’indignation et la colère de la classe ouvrière. Les prolétaires considèrent comme un crime de tirer les uns sur les autres au profit des capitalistes, des ambitions dynastiques ou à la gloire de traités diplomatiques secrets. »

L’invocation de la « défense de la patrie » constituait un départ radical de ces principes. Au niveau de l’Internationale cela signifiait que les travailleurs de chaque pays avaient à présent pour obligation, afin de défendre leur propre « patrie », de massacrer les travailleurs des « défenseurs de la patrie » du camp adverse. Cela constituait une sentence de mort pour l’Internationale socialiste.

En adoptant le programme de la « défense de la patrie », le SPD passa dans le camp de l’impérialisme allemand et réprima toute opposition à la guerre. L’approbation des crédits de guerre alla de pair avec l’annonce de la trève politique ­ de l’arrêt de la lutte des classes tant que la « patrie » continuait d’être « en danger ». Après le discours de Haase, le chancelier Bethmann Hollweg put annoncer avec satisfaction, et sous les applaudissements enthousiastes de la droite, que désormais c’était l’ensemble du peuple allemand qui « comme un seul homme » soutenait l’armée et la flotte. Les organisations et la presse du parti social-démocrate se mirent au service de la propagande de guerre et menèrent une campagne haineuse et chauvine d’incitation à la guerre.

D’adversaire de l’ordre établi, le SPD était devenu un de ses supports. Quatre années plus tard, il devait prendre la responsabilité de sauver des ruines de l’empire wilhelminien ce qui pouvait encore l’être : la caste militaire avec laquelle il s’allia contre les ouvriers révolutionnaires, les corps-francs qui rançonnaient l’habitant et dont seront issus plus tard les SA de Hitler, l’Etat autoritaire, ses fonctionnaires et sa bureaucratie juridique, la propriété foncière des hoberaux et la propriété privée capitaliste des grands barons de l’industrie, des banques et des trusts. Toutes ces forces et ces institutions hostiles à la démocratie qui, comme devaient le confirmer à contre-coeur bien des historiens sociaux-démocrates, devaient leur survie au SPD. Il les recouvrit du manteau de la République de Weimar à l’abri duquel elles continuèrent de prospérer impunément avant de passer au national socialisme dans les années trente.

Les conséquences historiques de la trahison

Le SPD n’aurait pas pu empêcher le vote des crédits de guerre par le Reichstag, même si tous ses députés s’y étaient opposés. On peut aussi se demander si un appel à résister ouvertement à la guerre aurait pu l’arrêter ou du moins la retarder. L’enthousiame en faveur de la guerre s’était emparé de larges couches de la population à l’été de 1914 même si, comme le fait remarquer l’historien Heinrich August Winkler, l’exhubérance patriotique n’était guère perceptible chez les travailleurs sociaux-démocrates.

Mais, ce n’était pas là la question décisive. Beaucoup plus importantes que les conséquences à court terme de la trahison social-démocrate étaient ses conséquences à long terme. Une prise de position courageuse contre la guerre aurait peut-être isolé le SPD de façon temporaire et l’aurait exposé à des mesures répressives de la part de l’Etat, mais son autorité morale et politique aurait grandi immensément. S’il avait appelé la guerre de son vrai nom : c’est-à-dire une guerre de rapine impérialiste dont l’Allemagne portait la principale responsabilité, au lieu de l’enjoliver et d’en faire une guerre pour défendre la patrie, il aurait créé les conditions d’un puissant mouvement socialiste qui aurait, non seulement, emporté la guerre mais encore toute la structure sociale réactionnaire qui l’avait engendrée.

L’enthousiasme des masses au début de la guerre ne pouvait être que de courte durée. La guerre elle-même fit tout pour le faire disparaître. Le massacre inepte sur un front immobilisé, la détresse et la misère à l’arrière minèrent l’ivresse nationaliste et les rêves de victoire rapide. Un an après le déclenchement de la guerre, Léon Trotsky qui observait attentivement l’état d’esprit des masses européennes écrivait : « Si les Partis socialistes, impuissants à prévoir la guerre et à interpeller les dirigeants, avaient décliné toute responsabilité et averti les peuples, combien aurait grandi l’autorité du Socialisme ! Les masses, écrasées par leurs deuils et les privations, auraient tourné vers lui leurs regards comme vers le pasteur des peuples ! Ce programme libérateur que les sections éparses de l’Internationale brisée s’efforcent de réaliser dans la boue ensanglantée, à la traîne des états-majors, aurait pu être une réalité puissante dans l’offensive du prolétariat socialiste contre les forces de la vieille société. »

La trahison de la social-démocratie ne fit pas seulement traîner la guerre en longueur. On peut dire, sans exagérer, que le reste du vingtième siècle se serait déroulé tout à fait autrement si la social-démocratie n’avait pas capitulé le 4 août 1914. Si, après la guerre, une démocratie vivante et saine s’était développée sur une base socialiste en Allemagne au lieu de cette formation hybride de la République de Weimar dans laquelle prospéraient les forces de la réaction sous le couvert d’une démocratie loqueteuse, les hordes brunes d’Hitler n’auraient jamais eu la possibilité d’arriver au pouvoir.

La trahison du SPD n’eut pas seulement des répercussions en Allemagne. Il y a aussi un rapport entre elle et la dégénérescence stalinienne de l’Union soviétique.

Les marxites russes, qui étaient strictement internationalistes et opposés à la guerre, firent en 1917 ce que les sociaux-démocrates ne firent pas. Il ne se contentèrent pas seulement de renverser le tsar, ils firent aussi disparaître les structures sociales sur lesquelles s’appuyait son pouvoir. Ils établirent le premier Etat ouvrier de l’Histoire. Ce fut là un acte d’une audace et d’un courage sans précédent, mais cet Etat ne pouvait se maintenir dans des limites nationales. Les dirigeants bolcheviques comptaient fermement sur un soutien international. Pour eux, la Révolution d’Octobre n’était qu’un premier pas sur la voie de la révolution socialiste mondiale. La révolution à l’Ouest, et avant tout en Allemagne, les aiderait à surmonter l’arriération économique et culturelle héritée du passé.

Mais, la révolution allemande fut étranglée pas le SPD. L’Union soviétique resta isolée et sur la base de cet isolement et de l’arriération grossit le cancre bureaucratique qui devait se donner Staline pour chef, s’emparer du pouvoir et finalement liquider toute une génération de révolutionnaires au cours de la Grande terreur des années trente. Le stalinisme s’empara aussi de l’Internationale communiste et força ses sections à adopter un cours entraînant d’autres défaites du prolétariat international. La plus catastrophique d’entre elles eut lieu en Allemagne en 1933, où la politique du KPD (Parti communiste allemand), inspirée par Staline, divisa la classe ouvrière et la paralysa si bien qu’Hitler put prendre le pouvoir sans combat.

Pour justifier sa propre politique, le SPD renvoie régulièrement aux crimes du stalinisme. Il oublie cependant de mentionner le rapport existant à l’origine entre sa propre politique et la naissance du stalinisme. Le stalinisme a même emprunté ses outils théoriques au SPD. La théorie de la « construction du socialisme dans un seul pays », la pierre angulaire de la pensée stalinienne, vient du social-démocrate allemand de droite Georg von Vollmar. Vollmar considérait l’Etat national comme la base de la construction du socialisme. La fraction du SPD au Reichstag put se réclamer de lui lorsqu’elle se prononça pour la « défense de la patrie » en août 1914.

Les causes de la trahison

Il est approprié de parler de trahison pour qualifier la conduite du SPD le 4 août 1914. En approuvant les crédits de guerre, le SPD a trahi tout ce qu’il avait défendu jusque-là. Mais, il serait incorrect d’interpréter cette trahison de façon purement subjective. La dégénerescence d’un parti s’appuyant sur une histoire de plusieurs décennies et comptant des millions d’adhérents et d’électeurs ne peut pas s’expliquer par la conduite individuelle de ses dirigeants mais doit avoir des causes objectives profondes.

La Première guerre mondiale marquait la fin de toute une époque au cours de laquelle le développement économique et, avec lui, le développement du mouvement ouvrier s’était effectué principalement dans un cadre national. Léon Trotsky écrivit en 1914 une analyse pénétrante de l’effondrement de la Seconde internationale, « La guerre et l’Internationale ». « Le sens objectif de la guerre consiste en la destruction des centres économiques nationaux au nom de l’économie mondiale ».

« La guerre de 1914 conduit au naufrage des Etats nationaux », écrivait-il. « Les partis socialistes, appartenant à une époque désormais révolue, étaient des partis ’nationaux’. Ils se sont développés sous l’égide des gouvernements nationaux et les ont toujours défendus, alors même que l’impérialisme, s’appuyant sur la base nationale, détruisait les entraves constituées par les différents nationalismes. Dans leur chute historique, les gouvernements nationaux entraînent avec eux les partis socialistes nationaux. »

C’était sous une forme ou une autre valable pour toutes les sections de la Deuxième internationale. La contradiction entre la réthorique révolutionnaire officielle et la capitulation devant l’intérêt national de la classe dominante était particulièrement forte en Allemagne, parce que le SPD s’était toujours présenté comme le représentant du marxisme orthodoxe.

Trotsky fit à ce propos ce commentaire : « Le mouvement ouvrier allemand marchait, en théorie, sous le drapeau du marxisme. Mais celui-ci était considéré, en tenant compte des conditions régnant à cette époque, non comme l’algèbre de la révolution, tel qu’il l’était quand il fut créé, mais comme une méthode théorique d’adaptation au capitalisme coiffé d’un casque prussien. Tout le travail de la social-démocratie consistait à éveiller chez les prolétaires la conscience de classes dans le regroupement des forces révolutionnaires, le recrutement de membres, le ramassage des fonds, le développement de la presse, l’investissement des positions à prendre, leur usage, leur accroissement, leur approfondissement. Ce fut l’immense travail d’éveil de conscience et d’éducation d’une classe jusqu’alors ’non-historique’. Ce travail immense, de portée historique incalculable, était, cependant, imprégné de ’possibilisme’. En cinquante ans, le Parti ne fut pas capable d’emporter une position de force ! Toute sa concentration de forces lui servait soit à contourner les obstacles soit à s’adapter à eux. »

« Il est évident que le marxisme n’était ni fortuit, ni insignifiant dans le mouvement ouvrier allemand. Mais il serait superficiel de conclure au caractère social-révolutionnaire marqué de la social-démocratie. L’idéologie est un facteur important en politique, mais non décisif : son rôle est au service de la politique. C’est un fait que le révolutionnaire dut s’adapter aux méthodes d’un Etat policier s’appuyant sur le puissant développement capitaliste et que, ce faisant, il créa une organisation aux millions de membres disposant d’une nombreuse bureaucratie. Ce fait n’a pas cessé d’exister et ne perd rien de sa grande signification, même si le marxisme a anticipé sur le caractère social-révolutionnaire du développement futur du parti. »

Aux congrès du SPD, le révisionnisme déclaré s’opposant à la révolution sociale avait bien toujours représenté une minorité. Mais, « bien que théoriquement battu, [il] continua d’exister, vivant de la pratique du mouvement et de sa psychologie. Le député, le fonctionnaire du Parti, le coopérateur continuèrent de vivre et d’agir dans une atmosphère ’possibiliste’ et bornée par le sentiment nationaliste. »

Ce furent ces éléments qui donnèrent le ton lorsqu’en 1914 le SPD se vit confronté à la guerre. Celle-ci révéla en même temps la banqueroute politique de sa perspective réformiste. Si les révisionnistes avaient auparavant prêché la transition pacifique du capitalisme au socialisme par les réformes, ils défendaient à présent les intérêts du capitalisme allemand par la force des armes.

Leçons pour le présent

Les leçons du 4 août 1914 sont importantes pour comprendre le SPD aujourd’hui.

La vitesse et l’amplitude du tournant à droite effectué par ce parti, depuis qu’il est arrivé au pouvoir il y a 6 ans, a surpris beaucoup de monde. Certes, peu de gens espéraient le voir s’engager sur la voie du socialisme, mais l’attente générale était qu’il fasse preuve de plus de mansuétude dans sa politique à l’égard des socialement faibles et de plus de considération pour les principes démocratiques. Il organisa au contraire, avec l’Agenda 2010, la destruction de gains qui remontent à l’époque de Bismarck, il élimina de fait le droit d’asile et favorisa le militarisme en transformant la Bundeswehr en troupe internationale d’intervention.

Si l’on tire les leçons de l’histoire du SPD, ce virage à droite ne saurait guère surprendre. Après la Première guerre mondiale, beaucoup de travailleurs s’étaient détournés de la social-démocratie pour rejoindre le KPD. Ce n’est qu’en raison de la politique catastrophique du stalinisme, que le SPD vit son déclin se ralentir. La guerre froide et l’essor économique de l’après-guerre l’aidèrent finalement à remonter la pente. La perspective réformiste qui avait si lamentablement échoué auparavant, semblait alors d’une certaine manière légitime. Le niveau de vie de la classe ouvrière augmentait sans que celle-ci eût à remettre le capitalisme en question. Le SPD se comportait en parti du progrès démocratique non sans prendre définitivement congé de la lutte des classes et du marxisme.

La mondialisation de l’économie, l’effondrement de l’Union soviétique et l’attitude agressive de l’impérialisme américain ont enlevé tout fondement à la politique réformiste de la social- démocratie. Le monde se dirige à nouveau vers des éruptions semblables à celles du début du siècle dernier, et le SPD réagit en conséquence. Incapable de réconcilier les antagonismes de classe, il prend sans réserve le parti des riches et des puissants. L’Agenda 2010 n’est là que le prélude de choses à venir.

Les tentatives en vue de résusciter le programme réformiste social-démocrate des années 1970, en faisant pression sur le SPD ou en créant un nouveau parti réformiste, sont, dans ces conditions, tout à fait ridicules. Elles ne peuvent que mener dans une impasse. Il faut, pour défendre les droits démocratiques et sociaux de la population, un programme fondamentalement différent de celui du SPD et tenant compte du changement de la situation mondiale. Au coeur de ce programme doivent figurer le rassemblement international de la classe ouvrière et la réorganisation de la vie économique sur une base socialiste.


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