La loi d’orientation agricole n° 2006-11 du 5 janvier 2006 destinée à "répondre aux attentes des citoyens et des consommateurs" vient de rendre illégales toutes les préparations à base de plantes, non homologuées. On ne peut que souscrire au souci de protéger les consommateurs de tout charlatanisme. Ceci dit, l’interdiction soudaine et sans preuve de nocivité d’un grand nombre de recettes de cuisine et techniques de jardinage ancestrales présente un aspect ridicule ; la soupe d’orties ( de fleurs de pissenlit...) comme la tisane de pointes de ronces et autres préparations rurales ancestrales méritaient une attention rapide des services concernés plutôt qu’une perquisition dans une ferme bio. Aussi, nous reproduisons cet article d’un producteur qui nous est parvenu par le réseau ATTAC.
Non seulement la commercialisation des extraits d’ortie est interdite mais aussi leur utilisation, leur détention et même leur simple recommandation. Le simple fait de communiquer publiquement la recette de l’extrait d’ortie est dorénavant punissable de 2 ans de prison et 75000€ d’amende !
Des milliers de publications se retrouvent de fait hors la loi. Cette législation est totalitaire.
Personnellement, pour le projet de jardinerie sur lequel je travaille depuis plus d’un an, cela représente près de la moitié de ma gamme de produits qui se retrouve de interdite. Sans ces produits et sans semences paysannes, le bio se retrouve de fait soit inefficace, soit productiviste. Dans le premier cas, cela revient à ne rien avoir le droit de faire pour favoriser un bon équilibre du potager nécessaire à une production saine et abondante, bref le bio reste une démarche archaïque et utopique. Dans l’autre, les produits chimiques de synthèse sont simplement remplacés par des produits chimiques biologiques mais dont les modes d’application et la logique restent les mêmes que dans l’agriculture intensive.
En attendant, vous trouverez ci-dessous un communiqué de l’association des Amis de l’Ortie publié suite à la perquisition, jeudi dernier, chez un paysagiste de l’Ain spécialisé dans la promotion des extraits de plantes.
Cordialement Valérie Peyret
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La nouvelle avait perturbé les ondes.
Un chroniqueur horticole courageux s’insurgeait, sur France Inter, de la parution imminente d’un décret (prenant effet en date du 01 juillet 2006), qui l’empêcherait dorénavant de donner à ses auditeurs des recettes leur permettant de traiter naturellement leurs jardins et balcons.
Interdit de dire que l’eau chaude est un bon désherbant pour les allées.
Interdit de dire que de simples feuilles de fougère éloignent les chenilles des choux.
Interdit de donner la recette séculaire d’un extrait d’ortie, appelé purin !
L’information paraissait si énorme que personne n’y a cru !
L’interdiction de fournir, par quelque moyen que ce soit, les recettes pour confectionner des produits naturels non-homologués, le simple fait d’en parler, avait beau être assortie d’une peine 2 ans de prison et 75000 euros d’amende, elle faisait sourire !
Et pourtant l’action menée vendredi dernier conjointement par les services de l’Inspection Nationale des Enquêtes de Concurrence, de Consommation et de Répression des Fraudes et le Service Régional de la Protection des Végétaux de l’Ain chez un promoteur de techniques agricoles alternatives marque un tournant nouveau dans ce que l’on appelle désormais la guerre de l’ortie !
L’intervention des services de l’état s’est conclue par la saisie de cours théoriques , la profération de menaces non dissimulées et l’interdiction de pratiques aussi diverses et incongrues que celles d’aller récolter avec les stagiaires des plantes sauvages dans la nature !
Qu’on se le dise, il est donc bien désormais interdit de faire référence et de transmettre des savoirs et traditions populaires séculaires qui sont pourtant un inaliénable bien commun !
Voilà pourquoi l’Association des Amis de l’ortie souhaite interpeller les pouvoirs publics et sollicite pour cela le soutien des médias concerné par une telle confiscation de nos libertés fondamentales.
Comment un décret pourrait-il amputer les citoyens d’un pays de leur mémoire collective ?
En vertu de quel principe un décret prive-t-il le citoyen de ses droits démocratiques les plus élémentaires, à savoir celui d’expression, gravement menacé ici, mais aussi celui du choix de cultiver son jardin comme il l’entend ?
C’est Voltaire qui doit se retourner dans sa tombe ?
Qui a pu initier une telle ineptie législative qui prétend confisquer le savoir des anciens et prône l’inquisition contre les techniques alternatives et naturelles de production, qui jusqu’à preuve du contraire ne sont que bénéfique pour la santé publique ?
Voilà quelques-unes des interrogations soulevées par l’intervention des pouvoirs publics jeudi dernier, qui a n’en pas douter sera la première d’une longue série, si une mobilisation rapide ne vient pas mettre un frein à cette nouvelle vague répressive.
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