Une Europe qui attise la guerre économique (éditorial national du Front de Gauche)

mercredi 6 mai 2009.
 

L’Europe libérale accélère les délocalisations et le dumping social en :

- refusant toute harmonisation sociale par le haut (en 2006, le coût du travail d’un ouvrier polonais était cinq fois plus faible que celui de son homologue français et sept fois inférieur à celui d’un ouvrier allemand)

- favorisant les reculs sociaux, y compris dans les pays de l’est (par exemple via le projet de directive autorisant jusqu’à 65h de travail hebdomadaire, au lieu des 48h maximum qui étaient jusqu’ici la règle en Europe)

- en empêchant les Etats de protéger les productions et les industries, et interdisant les aides aux productions locales

Quand la Commission défend le droit de délocaliser au nom de la libre concurrence dans l’automobile :

Quand Sarkozy a présenté son plan d’aide au secteur automobile, l’obsession de la Commission européenne ne s’est pas porté sur le montant des aides ou la nature des entreprises aidées mais sur la clause de principe qui prévoyait que les constructeurs ne devraient fermer ou délocaliser aucun site de production en contrepartie des aides. Dès l’annonce du Plan français, le porte parole de la Commission a déclaré le 10 février 2009 : « toute obligation de garder une unité de production en France rendrait ces aides illégales » « La Commission n’autorisera pas des aides qui auraient tendance à miner le marché unique, le marché unique est source de prospérité et d’emplois en Europe »

Et, en dépit des promesses de Sarkozy en France, la Commission l’a fait plier à peine trois semaines après ses annonces tonitruantes en France A l’issue du Sommet européen du 2 mars, la Commission s’est réjoui d’avoir obtenu de la France que « les conventions de prêt avec les constructeurs automobiles ne contiennent aucune condition relevant de la localisation de leurs activités ou de l’approvisionnement en priorité auprès de fournisseurs installés en France. »

En clair : au nom de la libre concurrence, les constructeurs et leurs fournisseurs doivent avoir le droit de délocaliser.

Pendant ce temps, les délocalisations continuent, exemples :

- Renault a déjà délocalisé la production de la Logan en Roumanie

- Peugeot a déjà délocalisé la production de la 207 en Slovaquie

Maintenant ce sont les équipementiers qui suivent :

- Continental liquide ses sites dans l’Oise et l’Ariége pour investir en Roumanie

- Molex qui a annoncé la fermeture de son usine de Villemur sur Tarn (Haute Garonne), pour la délocaliser en Slovaquie, avant de décider d’abandonner carrément toute production

- Valéo et Faurécia délocalisent vers la République tchèque et la Roumanie

- Key Plastics qui délocalise la fabrication des planches de bord en Slovaquie et ferme l’usine de Voujeaucourt (Doubs)

- Sony ferme ses usines de Pontonx sur l’Adour (Landes) et de Ribeauvillé (Haut Rhin) pour investir en Slovaquie

- Le groupe Cauval, leader français de l’ameublement (Steiner, Simmons, Dunlopillo ...) qui prépare des délocalisations (de sa filiale Diva) en Roumanie et en Pologne

- le constructeur informatique Dell délocalise de l’Irlande vers la Pologne, dans une vraie course au moins disant social

Ces délocalisations ne profitent à personne à part les capitalistes :

- pas aux travailleurs des pays de l’Est, mis sous la pression du dumping (comme l’illustre le conflit social très dur de Renault-Dacia en Roumanie)

- pas à l’environnement car chaque délocalisation génère des milliers de nouveaux camions sur les routes pour ré acheminer le production vers les marchés d’origine

Cette Europe attise la guerre économique avec les pays de l’Est :

- quand elle refuse tout plan massif d’aides aux pays de l’Est en faillite (la Hongrie réclamait un plan d’aide global de 180 milliards pour les pays de l’Est alors que seuls 24 milliards de prêts ont été consentis par le Berd sur 2 ans)

- quand elle refuse tout assouplissement des règles pour entrer dans l’euro, empêchant ainsi ces pays d’entrer dans la zone euro ce qui les expose à des crises de change terribles sur leurs monnaies.

La catastrophe sociale est déjà là en Europe :

Hausse du chômage à 8,2 % dans l’UE, soit 13 millions de chômeurs dont (chiffres début 2009) :

- 3,5 millions de chômeurs en Espagne (record depuis 13 ans, + 1 million de chômeurs depuis 2007)

- 3,1 millions de chômeurs en Allemagne

- 2,2 millions de chômeurs en France

- 2,1 millions de chômeurs en Grande-Bretagne (record depuis 12 ans)


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