Voeux : Le monarque Macron contre le peuple

dimanche 7 janvier 2018.
 

Délivrant ses vœux audiovisuels, le président Macron s’est délivré un vibrionnant satisfecit pour ses 7 premiers mois à la tête du pays. Il peut à nouveau compter, comme pendant sa campagne, sur l’encensement du système médiatico-sondagier. Ce dernier a organisé sa résurrection sondagière quasi miraculeuse, sans que n’existe pourtant aucun indicateur d’amélioration concrète dans la réalité vécue par les citoyens. Le plus emblématique d’entre eux, le chômage, ne parvient par exemple à baisser de 0,1 % qu’au prix de radiations toujours plus massives des chômeurs inscrits à Pôle Emploi et de nouvelles progressions des contrats précaires.

Ce fossé entre la satisfaction décomplexée du président et une réalité quotidienne durablement dégradée pour le grand nombre est d’autant plus choquant que les grands médias assument désormais une forme de complaisance avec la culture monarchique remise au goût du jour par Emmanuel Macron. Triste banalisation d’une pratique anti-républicaine des institutions, typique des phénomènes de cour dignes d’un autre âge politique, la fascination médiatique pour le monarque et ses agissements exprime aussi une forme de mépris culturel pour le peuple et sa condition. Les médias, et en leur sein les journalistes eux-mêmes, semblent avoir oublier que, dans une démocratie vivante, leur rôle est aussi d’offrir au peuple une forme de droit permanent à la représentation de son existence.

Au-delà de l’auto satisfaction, la seule position politique avancée par le Président dans ses vœux concerne l’Europe. Plus encore que ses prédécesseurs, Macron cultive le mirage européen. Au point de s’adresser dans ses vœux à ses « concitoyens européens ». Un étrange qualificatif pour une allocution destinée au peuple français. Et une pure illusion politique puisqu’il n’existe pas de citoyenneté européenne dans une UE technocratique dont le Parlement n’exerce aucun pouvoir véritable de décision et d’initiative. Le président a ensuite plaidé pour une « souveraineté européenne », manière pour lui de conforter l’enchaînement du peuple français au cadre libéral et autoritaire de l’UE et donc, la fin pure et simple de sa souveraineté. Une des traductions concrètes de cette dépossession est l’envolée annoncée pour 2018 des prix de nombreux services privatisés ou ouverts à la concurrence. Des hausses démesurées par rapport à l’inflation générale prévue de 1,1% : + 6,9% en moyenne sur le gaz, + 4,7% sur les tarifs postaux, + 2% sur des péages d’autoroute. C’est une forme de dépossession domestique du cours de sa vie quand on se fait ainsi rançonner à répétition pour se loger, s’éclairer, se chauffer, se déplacer ou échanger du courrier. Reste à convaincre les citoyens que la reconquête d’une forme d’aisance matérielle de leur quotidien passe forcément par le reprise en main complète de sa souveraineté par le peuple.

Laurent Maffeïs


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