Macron, leader mondial des marchés libres

dimanche 1er juillet 2018.
 

1) Macron couronné «  leader des marchés libres  » par Forbes

Frapper vite et fort pour neutraliser ses opposants, dépolitiser le débat public  : la méthode du chef de l’État pour mener à bien sa politique en faveur des plus riches pourrait lui revenir comme un boomerang.

«  Quand tout sera privé, on sera privé de tout.  » Si ce slogan fait florès dans les cortèges des dernières manifestations, c’est qu’il résume le projet de société auquel compte s’opposer la Marée populaire de samedi «  pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité  ». Autant d’objectifs politiques absents du logiciel macronien, qui tente de transformer tout problème social en problème individuel. Car, un an après son arrivée au pouvoir, la cohérence du projet politique de la majorité ne fait plus de doute  : le candidat «  progressiste  », chantre de la bienveillance, a laissé place à une pratique autoritaire et un projet d’une brutalité sociale inédite. Du droit du travail à la fiscalité, des retraites à la SNCF, en passant par les rêves d’avenir de toute une jeunesse balayés par la sélection, c’est le socle de solidarités de la société française que Macron est en train de détruire.

Macron couronné «  leader des marchés libres  » par Forbes

Une politique entièrement vouée aux plus privilégiés  : les 2 % les plus riches capteront «  42 % des gains à attendre des mesures  » à l’horizon fin 2019, selon les prévisions de l’OFCE. De quoi s’attirer les faveurs des cadors de la finance, satisfaits de leur retour sur investissement. Le président de la République vient d’être couronné début mai du titre de «  leader des marchés libres  » par le magazine américain Forbes, dans lequel il avoue que ses choix économiques sont déterminés par les intérêts des investisseurs, par qui la «  transformation  » du pays est censée arriver  : ce fameux «  ruissellement  », qui, en confortant les «  premiers de cordée  », redistribuerait spontanément de la richesse du haut vers le bas…

Dans ce même entretien, Emmanuel Macron répète à deux reprises «  there’s no other choice  », soit une version édulcorée du «  there’s no alternative  » de Margaret Thatcher. Car, avec lui, la politique serait une affaire d’efficacité et de «  bon sens  », pour lequel il irait puiser «  et à droite et à gauche  ». On sait un an après qu’il n’en est rien. Cette vaste entreprise de dépolitisation, sur laquelle fructifie le néolibéralisme, s’inscrit dans ce qu’Alain Deneault appelle «  l’extrême centre  ». Un projet politique qui consiste, selon le philosophe québécois, à «  recouvrir de naturalité des positions idéologiques qui ne veulent pas dire leur nom  ». Soit une «  révolution anesthésiante  », qui remplace la politique par «  la gouvernance  », les représentants du peuple par des «  experts  », et tente de réduire la démocratie au management ou à de la «  pédagogie  ». Pour Alain Deneault, «  les politiques de l’extrême centre sont destructrices, inégalitaires et impérialistes. Il s’agit d’assurer le maximum de revenus possible aux grandes entreprises, le maximum de dividendes possible aux actionnaires et de faciliter l’accès aux paradis fiscaux  ».

Ce projet d’une extrême brutalité risque de paupériser toujours plus des pans entiers de la société. Car il n’y aura pas de «  et en même temps  » pour les classes populaires. Alors qu’il vient d’enterrer le plan Borloo sur les banlieues, l’exécutif réfléchirait également à une baisse des prestations sociales, comme l’a laissé entendre dimanche dernier Bruno Le Maire. Dans son programme présidentiel, le candidat Macron s’était pourtant engagé à «  faire plus pour ceux qui ont moins  ». Il avait notamment promis d’augmenter de 100 euros l’allocation adulte handicapé, le minimum vieillesse et la prime d’activité pour les travailleurs pauvres. Mais, alors que près de neuf millions de Français survivent sous le seuil de pauvreté, tout juste élu, son gouvernement choisit de baisser de 5 euros par mois les aides au logement qui bénéficient à six millions de personnes, dont un tiers de travailleurs pauvres…

Le gouvernement veut provoquer un effet de sidération

Partisan des réformes à marche forcée, en présentant sans cesse de nouveaux projets, Emmanuel Macron tente de désorienter l’opposition, dans un paysage où la gauche est encore très fragile. «  Avant qu’il y ait tempête, il faut enclencher le maximum de réformes, accélérer et non pas ralentir  !  » expliquait Bruno Le Maire en mars. Car la méthode est rodée  : «  produire par l’accumulation des mesures un effet de sidération, faisant le pari de l’anesthésie de la société, analysent dans un texte collectif Jean-Marie Harribey, Pierre Khalfa et Aurélie Trouvé, pour Attac et la Fondation Copernic. En s’en prenant aux salariés à statut, fonctionnaires et cheminots, il espère faire sauter une digue importante  ». Autrement dit isoler et épuiser les fronts sociaux. «  Macron, il joue à attrape-moi si tu peux. C’est comme un joueur de rugby. Il a pris la balle, il court et il sait que, s’il se retourne, il est mort  », commentait un ministre dans les colonnes du Parisien en mars. Et Dominique de Villepin de lui lancer une mise en garde  : «  Mettre tous les dossiers sur la table provoque un effet de sidération, mais il faut faire attention à ce que les oppositions ne se cristallisent pas.  » C’est tout l’enjeu de la réussite de la Marée populaire de samedi.

Maud Vergnol Chef de la rubrique Politique

2) Macron, "le leader des marchés libres" selon "Forbes", souhaite supprimer "l’exit tax"

Source : https://www.nouvelobs.com/politique...

L’étiquette "président des riches" ne semble pas près de s’estomper. Le chef d’Etat a déclaré dans un entretien accordé au prestigieux magazine américain "Forbes" – dont il fait la une – qu’il supprimera dès l’an prochain l’exit tax, instaurée en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Cet impôt avait pour objectif de freiner l’exil fiscal, notamment en Belgique. Souhaitant éviter une fiscalité qu’ils jugeaient trop lourde, nombre d’entrepreneurs français qui voulaient vendre leur société choisissaient de vivre à Bruxelles, car celle-ci n’impose pas les plus-values réalisées lors de la vente d’entreprise.

"Les gens sont libres d’investir comme ils le souhaitent"

Or, depuis l’instauration de l’exil tax, ces entrepreneurs ne peuvent plus échapper au fisc français. Ils sont ainsi redevables d’une taxation calculée sur les revenus qu’ils tirent via des obligations, des actions ou encore des participations dans des entreprises qui versent des dividendes.

Cette mesure fiscale vise depuis le 1er janvier 2014 les contribuables détenant un patrimoine en actions et obligations supérieur à 800.00 euros ou détenant au moins 50% du capital d’une entreprise.

Dans cet entretien, le chef d’Etat, présenté par le magazine comme "le leader des marchés libres" estime que l’exit tax "envoie un message négatif aux entrepreneurs en France, plus qu’aux investisseurs".

""Pourquoi ? Parce qu’elle implique qu’au-delà d’un certain seuil, vous allez être pénalisé si vous quittez le pays.""

Il poursuit, jugeant cette situation "problématique pour nos propres start-ups, parce que la plupart d’entre elles, considérant la France moins attractive que l’étranger, ont décidé de se lancer de zéro depuis l’étranger rien que pour échapper à cette taxe".

Le locataire de l’Elysée prolonge sa réflexion, en tentant une curieuse analogie avec le mariage/divorce.

""Les gens sont libres d’investir où ils veulent : si vous êtes capable d’attirer des investisseurs, tant mieux pour vous, mais si vous n’y arrivez pas, alors il faut pouvoir divorcer."" ""Et je crois que si vous voulez vous marier, vous ne devez pas avoir à expliquer à votre conjoint ’Si tu m’épouses, alors tu ne pourras jamais divorcer.’ " ""Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure manière d’être avec quelqu’un que l’on aime. Alors je suis pour que l’on soit libre de se marier, mais aussi de divorcer.""

"Il est plus simple de rencontrer l’échec"

Aussi, Emmanuel Macron termine sur cette proposition, ajoutant que cet impôt n’est pas véritablement bénéfique pour la France. ""Elle n’est pas particulièrement bonne pour les finances publiques françaises non plus. C’est infime et cela représente un coût d’opportunité."" ""La plupart des réformes que notre gouvernement a mises en place depuis le début de mon mandat ont pour objectif de réduire le coût de l’échec entrepreneurial."" ""Et désormais, il est plus simple et quasiment sans coût de rencontrer l’échec, ce qui est le meilleur moyen d’encourager les entrepreneurs à essayer et à réussir.""


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