« Si le Parti communiste espagnol maintint une stratégie insurrectionnelle jusqu’en 1948, les maquis espagnols en territoire français furent actifs jusqu’en 1950 et le PCE abandonna définitivement la lutte armée en 1952 », écrit Jean Ortiz, universitaire, auteur de plusieurs ouvrages ayant trait à la guerre d’Espagne, militant de tous les instants à qui l’on doit, entre autres de ses travaux, la mise au jour des fosses communes en Espagne.

Cet ouvrage, volontairement écrit en espagnol (1), retrace l’épopée de ces républicains espagnols qui, après la victoire de Franco, connurent l’exode, l’exil, les camps de concentration en France ; l’histoire de ces militants communistes, anarchistes qui participèrent à des actes de résistance contre l’occupant nazi, à la libération de la France et poursuivirent le combat antifasciste depuis des bases arrière dans les Pyrénées. De la Retirada (l’exil) à la Reconquista (la reconquête de la République), Jean Ortiz dresse le portrait d’hommes et de femmes qui ne se résignèrent pas, raconte les errements, les hésitations, les combats communs avec leurs camarades français, le lâchage des autorités françaises qui, très vite après la Libération, s’empressèrent de donner des gages au général Franco, n’hésitant pas, en 1950, en pleine guerre froide, à monter de toutes pièces une opération « Bolero-Paprika » où ces hommes passèrent officiellement du statut de héros à celui de terroristes.

Ouvrage concis, précis, qui met en lumière le rôle de ces hommes animés d’un idéal de liberté, internationalistes et antifascistes jusqu’à en mourir, qui avaient à cœur la République espagnole. Cela se lit comme un roman mais cet épisode historique n’a rien de romanesque. Il est l’œuvre d’un universitaire qui se base sur des récits, des témoignages, des faits rapportés, qui croise les recherches d’autres historiens, anglais, français ou espagnols. Il lève un pan sur une histoire qui dérange encore, l’histoire de la lutte armée antifasciste des communistes espagnols qui refusèrent de rendre leurs armes à la Libération. Le combat actuel pour la récupération de la mémoire en Espagne face à l’amnésie générale qui a paralysé l’Espagne post-franquiste s’enrichit de ce livre.

(1) Ouvrage disponible en France à la Librairie 
de la Renaissance, Toulouse. 05 61 44 16 32 
ou librairie.renaissance@wanadoo.fr

M.-J. S.