24 mai 1968 : Appel unanime des employés de la FNAC Paris

samedi 25 mai 2024.
 

« Nous travailleurs des magasins de la FNAC, Nous nous sommes mis en grève non pas pour la satisfaction de revendications particulières, mais pour participer au mouvement qui mobilise actuellement 10 millions de travailleurs manuels et intellectuels. Nous avons déjà obtenu au mois d’avril par un accord d’entreprise des avantages qui ne sont pas satisfaits dans d’autres entreprises et si nous soutenons toutes les revendications des travailleurs et étudiants :

- augmentation de salaire ;

- semaine de 40 heures ;

- Sécurité sociale ;

- université libre ;

- retraite, etc.

NOUS N’EN FAISONS PAS UNE FIN !

Nous participons à ce mouvement qui n’est pas seulement corporatif et revendicatif, parce que 10 millions de travailleurs ne cessent pas leurs activités en même temps pour 6,30 ou 100 centimes d’augmentation, mais pour remettre en cause toute la direction du pays et toutes les structures de la société.

Jusqu’ici une petite minorité de possédants dirige effectivement le pays ; les trusts, les monopoles et les banques décident de toute notre vie, du berceau jusqu’à la tombe.

Par exemple, pour vendre leur pétrole, ils ont décidé que passerait au premier plan l’industrie automobile plutôt que la construction de maisons ou de villes humainement habitables.

Les écoles et les lycées, les facultés et les universités ont la structure, la durée et le programme qu’ils ont décidés pour former des techniciens, des ingénieurs, des professeurs et des cadres qui viendraient docilement se mettre à leur service.

Personne ne nous a demandé si la masse énorme de connaissance et de travail que nécessite l’emploi de l’atome servira au bien-être de tous ou à la fabrication de la bombe A ou H !

C’est ce groupe, cette direction, c’est ce pouvoir répressif dans tous les sens du terme, que nous récusons dans sa forme actuelle et dans toute autre forme aménagée.

Les travailleurs veulent le remplacer par un pouvoir qui les représente véritablement et démocratiquement, c’est-à-dire par l’instauration de l’autogestion, aussi bien au niveau de l’entreprise et des services publics qu’à l’échelle nationale.

Jusqu’à présent, personne n’a demandé aux grévistes eux-mêmes pourquoi ils combattent, ni ce qu’ils veulent.

Il faut qu’ils puissent s’exprimer et pas seulement chacun dans son entreprise.

DE LARGES DÉLÉGATIONS ÉLUES PAR TOUS LES GRÉVISTES DE CHAQUE ENTREPRISE DOIVENT SE RENCONTRER DANS DES ÉTATS GÉNÉRAUX DES TRAVAILLEURS ET ÉTUDIANTS POUR DISCUTER DE L’AVENIR DU PAYS.

Personne ne peut s’arroger le droit de parler au nom des 10 millions de grévistes, de leur interdire de discuter avec les étudiants, de décider, de donner l’ordre de reprise du travail.

Plus de responsables inamovibles !

Pour une démocratie ouvrière véritable ! »


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