B) Les Brigadas Internacionales furent constituées le 22 octobre 1936
A) 22 octobre 1936 2016 : De la gare d’Austerlitz aux fronts d’Espagne
Elles étaient constituées de volontaires, initialement des Partis Communistes de nombreux pays du monde, devant rejoindre l’Armée républicaine. Le centre de recrutement était à Paris, supervisé par Karol « Walter » Świerczewski, l’un des principaux commandants de brigades par la suite (puis général de l’Armée rouge, général polonais lors de la bataille de Berlin).
Les premiers bataillons formés étaient regroupés dans la 11e Brigade, appartenant légalement à l’Armée républicaine ; très rapidement différentes brigades furent formées et leur composition enfin stabilisée dans la première partie de 1937, après des changements selon les langues parlées afin de faciliter les communications, la formation d’une presse interne, la questions des soins hospitaliers, etc.
Il st à noter que sur le plan de la santé, le communiste canadien Norman Béthune joua un rôle important, étant le premier à systématiser la transfusion sanguine lors des interventions sur les fronts militaires, rejoignant par la suite l’Armée rouge chinoise, Mao Zedong ayant porté une grande attention à saluer sa mémoire.
Le premier bataillon fut fondé le 19 octobre 1936, surtout composé de Polonais, mais également de gens de pratiquement tous les pays slaves. Il avait comme nom Dombrowski, du nom du révolutionnaire polonais Jarosław Dombrowski qui fut général de la Commune de Paris de 1871.
Le second fut le bataillon Commune de Paris, fondé un peu plus tôt, le 22 octobre 1936, principalement composé de Français et de Belges, mais également de gens de Grande-Bretagne et d’Amérique du Nord.
Le troisième bataillon formé fut celui d’Edgar André, formé en 28 octobre 1936. Le nom est celui de l’ouvrier portuaire Edgar André membre du Parti Communiste d’Allemagne en 1933, torturé à mort par les nazis pendant trois ans et demi puis exécuté en 1936.
Le quatrième bataillon fondé, le 29 octobre 1936, avait comme nom Garibaldi, républicain ayant joué un rôle historique dans l’unification de l’Italie ; il était surtout composé d’Italiens.
Le 10 novembre 1936 furent fondés deux bataillons, un s’appelant bataillon Thaelmann, du nom du secrétaire général du Parti Communiste d’Allemagne emprisonné par les nazis, l’autre le bataillon Franco-Belge, qui prit ensuite le nom d’André Marty, du nom du leader de la mutinerie de l’armée française de la mer Noire en 1919, lui même était membre des Brigades.
S’ensuivirent toute une série de bataillons fondés sur le même modèle. On a ainsi le bataillon Louise Michel, composé de Français et de Belges, du nom d’une des figures de la Commune de Paris, le bataillon Tchapaiev, composé de multiples nationalités de l’Est de l’Europe, du nom du commandant de l’Armée rouge russe en 1919.
On a le bataillon Henri Vuillemin, composé de Français (du nom d’une figure communiste française), ainsi que les bataillons Rakoski (du nom de Mathias Rakoski, chef historique communiste ukrainien) et Adam Miskiewicz (composé de Polonais et d’autres slaves, du nom du poète national polonais).
On a le Bataillon 12 février, composé uniquement d’Autrichiens, qui fut fondé en juin 1937 ; le 12 février 1934 fut la date d’un putsch austro-fasciste et de la résistance ouvrière s’ensuivant.
On a également le Bataillon Hans Beimler, enfin, qui était composé surtout de Scandinaves et de Néerlandais ; fondé en mars 1937, son nom est celui du commissaire politique du bataillon Thaelmann tombé lors de la bataille de Madrid, deux millions de personnes allant par la suite saluer son cercueil.
Avec surtout des Français, on a les bataillons La Marseillaise, Henri Barbusse, Vaillant-Couturier, Six Février ; d’Amérique du Nord principalement, on a les bataillons Abraham Lincoln, Georges Washington, Mackenzie-Papineau, d’Amérique du Sud, le bataillon Spagnolo. Furent également formés des bataillons Masaryk, Dimitrov, etc.
La raison de cette mobilité fut les importantes pertes des Brigades Internationales, qui formaient des bataillons de choc ; le nombre de brigadistes tués atteint, selon les sources, les 10 000 personnes au moins. Il fallait réorganiser les bataillons, tout en les inscrivant au mieux dans l’Armée Populaire de la République.
On considère que grosso modo pratiquement 60 000 personnes ont participé aux Brigades Internationales, avec une rotation faisant qu’il y avait à chaque fois 20 000 brigadistes présents. 53 nationalités étaient représentées, avec grosso modo 9000 Français, 5000 Allemands, 3350 Italiens, 3000 Polonais, 3000 Soviétiques, 2800 Américains, 2300 Britaniques, 1600 Belges, 1500 Autrichiens, 1500 Tchécoslovaques, 800 Cubains.
Source : http://lesmaterialistes.com/guerre-...
Depuis le 18 juillet 1936, des généraux ont rompu l’ordre de la Seconde République. En Allemagne, au Portugal ou encore en Italie, les fascistes sont déjà à l’œuvre. Partir en Espagne, c’est défendre Paris, Londres, l’Europe contre le monde de la bête immonde.
Dès les premières heures du soulèvement militaire sous la férule de Franco, des sportifs progressistes sont à Barcelone pour participer aux Olympiades populaires. Ils prendront les armes, iront sur les barricades aux côtés de leurs frères espagnols progressistes. Ce sont les premiers volontaires internationaux. S’ensuivront des milliers d’autres, 35 000 au total, venus de plus de 53 nations, dont près de 10 000 Français qui, par clairvoyance du danger qui menace les démocraties, s’engagent pour défendre le jeune Front populaire sorti victorieux des urnes espagnoles en février 1936. Ces hommes et ces femmes « se levèrent avant le jour », selon l’expression du colonel Henri Rol-Tanguy, le métallo qui s’engagea comme brigadiste, puis devint chef de la Résistance avant d’être connu comme le libérateur de Paris. Ont-ils seulement conscience qu’ils s’apprêtent à rédiger, souvent au prix de leur vie, l’une des plus belles pages de l’histoire du XXe siècle, celle de la paix, de la fraternité ?
Paris, épicentre de la solidarité
Ces femmes et ces hommes sont communistes, syndicalistes, anarchistes. Ce sont des internationalistes de cœur et de raison. De l’autre côté des Pyrénées, le Front populaire avance un programme de progrès et de justice sociale qui bouscule l’ordre établi par une bourgeoisie, une armée et une Église profondément réactionnaires. Les gradés félons voient l’Espagne vaciller entre réformes et révolution. Insupportable à leurs yeux. En France, le 15 août 1936, le gouvernement français du Front populaire, dirigé par le socialiste Léon Blum, fait le choix de la « non-intervention », livrant à leur sort les démocrates espagnols.
Rue Mathurin-Moreau, désormais siège du PCF, ou encore à la Maison des métallurgistes – où des plaques d’hommages ont depuis été apposées –, les militants se pressent pour venir en aide à la République menacée. Le 22 octobre, cette dernière donne son feu vert à la création officielle des Brigades internationales. Paris devient un épicentre de la solidarité. D’autres rejoignent l’Espagne en bateau ou encore à pied. Albacete sera le QG militaire de ces combattants de la paix qui seront des dures batailles sur les fronts, comme à Madrid où le bataillon Commune de Paris dispute avec ferveur le terrain aux fascistes pressés de faire tomber la capitale. En 1938, sur le fleuve de l’Èbre, ils livrent leur dernier combat. 10 000 d’entre eux ne reverront jamais leur pays.
L’oubli, voire le déni ceinturent encore cette fantastique épopée des Brigades internationales dont on célèbre cette année le 80e anniversaire. Il aura fallu le courage et la ténacité de l’association des Amis des combattants en Espagne républicaine, et son inlassable travail de mémoire, pour qu’enfin justice soit (un peu) faite, avec l’inauguration samedi d’un monument en hommage aux volontaires internationaux, gare d’Austerlitz, que nombre d’entre eux ne refoulèrent plus jamais.
Ces interbrigadistes, sous la plume du poète communiste espagnol Miguel Hernandez, avaient pourtant « des âmes sans frontières, le front balayé de mèches du monde entier, couvert d’horizons, de bateaux, de cordillères, de sable et de neige ». Ils ont répondu « à la coupable non-intervention (…), prêts à mourir loin de chez eux la tête hantée par un idéal. Ils ont porté la solidarité ouvrière en bandoulière », encensent Jean Ortiz et Dominique Gautier dans un bouleversant documentaire consacré à ces héros et héroïnes . « Que reste-t-il aujourd’hui des mythiques Brigades internationales ? » interrogent-ils, lors d’un voyage à Albacete. L’hagiographie franquiste s’est chargée de les ravaler au rang de sbires staliniens avides de sang et d’or au même titre que les républicains encore ensevelis dans les fosses communes, et à qui les autorités, dans un silence complice, refusent toujours de rendre justice. De ce côté-ci de la frontière, les manuels d’histoire souffrent de la même dangereuse amnésie, taisant ainsi le combat pourtant précurseur qu’ont livré ces femmes et ces hommes contre le fascisme et qu’ils ont poursuivi pour libérer la France.
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