Dans le processus qui conduit aux guerres de la Révolution française, notons l’importance de la fuite de Varennes. En mai 1791, Marie-Antoinette, reine de France, avertit son frère, Léopold II, empereur d’Autriche, du projet partagé avec Louis XVI de quitter Paris pour se placer sous la protection de l’armée française (marquis de Bouillé, général en chef de l’armée de Meuse, Sarre-et-Moselle) et des armées étrangères proches de la frontière.
Cette décision du couple royal français pousse les cours européennes à se concerter pour agir. L’empereur d’Autriche accélère les préparatifs militaires, provoquant une riposte de Paris ; le 11 juin 1791, l’Assemblée nationale décrète la « conscription libre de gardes nationales », premier appel à la levée de volontaires. Le même jour, 11juin 1791, une entrevue est décidée par les cours européennes (Pillnitz) pour une concertation sur la Pologne et la France.
La fuite de Louis XVI et Marie Antoinette échoue retardant la guerre mais provoquant une nouvelle radicalisation de la Révolution française.
1) Les nobles émigrés français poussent sans cesse à la guerre des royautés d’Europe contre la Révolution
2) Les rois d’Europe contre la Révolution française
3) Marie-Antoinette, fille de l’empereur d’Autriche plus que reine de France ?
4) La fuite du roi et l’appel aux volontaires en juin 1791
5) La déclaration de Pillnitz
2) L’empereur d’Autriche fait chaque mois un pas de plus vers la guerre
3) L’Assemblée législative lance un ultimatum à l’empereur d’Autriche le 25 mars 1792
4) Rapport de Dumouriez le 18 avril 1792 en "Conseil du roi" (Louis XVI et les ministres)
En 1789, 1790, 1791, la révolution française continue d’elle-même à se radicaliser :
suite à la campagne de nombreux religieux catholiques contre la Déclaration des Droits de l’Homme,
suite à la fuite de Varennes
suite à la fusillade du Champ de mars le 17 juillet 1791.
suite à l’agitation permanente des Emigrés complotant et agissant pour écraser militairement les nouvelles institutions françaises.
Les hommes politiques qui dirigent alors la France sont des modérés qui voudraient arrêter la Révolution et en particulier stopper ce processus de radicalisation dans les formes de lutte, dans les aspirations et dans les objectifs institutionnels.
Plusieurs personnalités influentes comme Lameth ou Lafayette voient dans une guerre limitée l’occasion de terminer la révolution en les rapprochant du Roi et en imposant leur primat politique sur le pays.
Le roi et la Cour comprennent rapidement qu’une guerre représente une occasion unique de stopper leur marginalisation et de s’imposer à nouveau
Une majorité de personnes engagées dans le processus révolutionnaire (élus, clubs, volontaires...) considère que l’intervention militaire autrichienne est inéluctable et qu’il vaut mieux marquer assez tôt une limite au rapport de force que Vienne crée pour engager d’autres pays à ses côtés.
Elle commence vers midi dans une salle comble, portes fermées tellement le public est présent à l’intérieur et à l’extérieur.
Dumouriez, ministre des Affaires étrangères, présente aux députés le même rapport que celui déjà développé devant le roi et les députés le 18 avril. Puis il attaque les menées de Vienne et des émigrés pour séparer Louis XVI de son peuple. Considérant qu’il s’agit là d’une offense à la nation en la personne du roi, il en demande réparation. Il propose donc dans un premier temps le rappel de l’ambassadeur de France à Vienne, Monsieur de Noailles, la rupture de toutes les relations ; enfin, se basant sur "la justice de ses motifs", conformément à la constitution de 1791, il conseille au roi "qu’il propose à l’Assemblée nationale la guerre contre l’Autriche."
Louis XVI intervient alors de façon aussi claire que brève « Vous venez d’entendre le rapport qui a été fait à mon conseil. Les conclusions y ont été adoptées unanimement. J’en ai moi-même adopté la détermination. Elle est conforme au vœu plusieurs fois exprimé de l’assemblée nationale et à celui qui m’a été exprimé par plusieurs citoyens de divers départements. J’ai dû épuiser tous les moyens de maintenir la paix. Maintenant je viens, aux termes de la Constitution, vous proposer formellement la guerre contre le roi d’Hongrie et de Bohême. »
Le roi sort alors pour laisser le président de l’assemblée continuer à chauffer les esprits « Sire, l’assemblée nationale prendra en très grande considération la proposition formelle que vous lui faites. Votre majesté sera instruite par un message du résultat de sa délibération. » Après une interruption, le débat s’engage.
Cette formule de Dumouriez, reprise par le Louis XVI, « roi de Bohême et de Hongrie » tient compte d’une part du fait que Léopold II est décédé et que son héritier n’est pas encore couronné officiellement empereur, d’autre part du désir de ne pas impliquer dans la guerre la totalité des États allemands du Saint-Empire romain germanique.
A Paris, qui a poussé à ce conflit qui, en fait, va durer 23 ans ? Globalement :
les Feuillants qui groupent à la droite de l’Assemblée la bourgeoisie favorable à un compromis avec le roi pour arrêter la révolution et des nobles favorables à un tel compromis constitutionnel. Ce sont eux qui constituent l’essentiel du gouvernement à ce moment-là. Claude-Emmanuel Pastoret représente un bon exemple de ces Feuillants. Jurisconsulte réputé, élu procureur général syndic du département de Paris puis député à la Législative (et son premier président), c’est un Feuillant nettement positionné à droite qui émigrera après le 10 août 1792 et ne reviendra qu’après le 9 thermidor qui sera ensuite comte de l’Empire en 1810, rédacteur de la Charte pour Louis XVIII en 1815, marquis en 1917... Ce 20 avril 1792, son discours brille d’un d’enthousiasme surprenant « La liberté va triompher ou le despotisme va nous détruire... Nous ne pouvons douter du succès d’une guerre entreprise sous de si généreux auspices, la victoire sera fidèle à la liberté... »
les Girondins et en particulier leur ami Dumouriez, ministre des Affaires étrangères qui a présenté à l’Assemblée le rapport concluant à la nécessité d’une déclaration de guerre. Guadet argumente autour de la nouvelle puissance militaire de la France révolutionnaire avec ses quatre millions de gardes nationaux et ses six cent mille volontaires. Aux objections des Robespierristes sur le risque de voir déserter beaucoup d’officiers ce qui désorganiserait l’armée, Jean-Baptiste Mailhe coupe la parole sous les applaudissements « Si votre humanité souffre à décréter la mort de milliers d’hommes, songez aussi qu’en même temps, vous décrétez la liberté du monde ». « Paix aux chaumières, guerre aux châteaux », renchérit Condorcet le lendemain.
le Roi, présent ce 20 avril à l’Assemblée, qui appelle les députés à valider la proposition de Dumouriez car il « adopte cette détermination, conforme au voeu de l’Assemblée et de plusieurs citoyens de divers divers départements »
Le Journal de la noblesse se félicite le lendemain de la décision prise ce qui montre bien les arrière-pensées de beaucoup de va-t-en-guerre en ce 20 avril 1792 « Cette guerre était nécessaire comme l’est un fléau qui fait cesser un autre plus destructeur encore »
Au moment où l’Assemblée législative vote en faveur de la guerre, il est très important de noter un point :
Les républicains avancés comme Robespierre, Marat, Billaud-Varenne, Camille Desmoulins, Collot d’Herbois, Danton, Sylvain Maréchal, Hébert, Fréron... sont tous opposés à une déclaration de guerre qui mettrait les généraux en avant aux dépens du processus de révolution sociale et démocratique.
La guerre va entraîner dans les deux années suivantes des tensions que certains historiens réactionnaires appellent la Terreur. En fait, Robespierre par exemple, va contribuer à prendre ou couvrir des décisions permettant à la Révolution de ne pas être balayée par l’invasion des armées étrangères royalistes, mais il n’est en rien responsable de la déclaration de guerre.
« L’Assemblée nationale délibérant sur la proposition formelle du roi, considérant que la Cour de vienne, au mépris de tous les traités, n’a cessé d’accorder une protection ouverte aux français rebelles, qu’elle a provoqué et formé un concert avec plusieurs puissances de l’Europe contre l’indépendance et la sûreté de la Nation française... et après avoir décrété l’urgence, décrète la guerre contre le roi de Bohême et de Hongrie. »
L’Assemblée législative vote donc la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie ».
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