Pouvons-nous croire en la "liberté de la presse" ?

dimanche 24 avril 2022.
 

Nous sommes évidemment des défenseurs permanents de la liberté de la presse face à toutes les répressions du pouvoir politique, face aux courants autoritaires réactionnaires dont le fascisme, face aux fanatismes religieux.

Ceci dit, la « liberté de la presse » devient, de plus en plus, la « liberté » des multinationales à maîtriser les médias : Le Figaro à Dassault, TF1 à Bouygues, Europe 1 à Lagardère... Cette évolution économique là n’a rien de démocratique. Constatant le rôle essentiel des grands périodiques dans la montée du fascisme en France durant les années 1930, le Conseil National de la Résistance avait pris position clairement contre la main mise du grand capital sur la presse... leçon bien oubliée aujourd’hui.

Sur cette question comme sur bien d’autres, nous constatons que la liberté ne peut être celle du renard dans le poulailler mais un élément complémentaire de l’égalité et de la démocratie. Cette liberté-là demande à être organisée dans la société actuelle ; par exemple, la presse d’opinion se voit malheureusement bien peu soutenue par les subventions publiques en comparaison des programmes télé.

Liberté d’information ne doit pas signifier liberté de déformation !->19675]

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« Il y a une contradiction entre logique capitaliste et pluralisme » (Dominique Wolton, directeur au CNRS du laboratoire « Information, communication et enjeux scientifiques »)

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Pouvoir politique, milieux patronaux.... et médias à leur service

L’actionnaire principal de Paris Match (Lagardère toujours !) congédie le directeur Alain Genestar qui avait laissé publier une photo de Cécilia avec son amant. L’actionnaire principal de Libération (Rotschild) conduit Serge July au départ. Karl Zéro est renvoyé de Canal+ (propriétaire Vivendi). Même France Inter est touché avec le renvoi de professionnels jugés trop indépendants et la volonté de casser « Là-bas si j’y suis » de Daniel Mermet en changeant ses horaires d’émission.

La « liberté de la presse » règne en maître à présent aux dépens des repères déontologiques journalistiques. La recherche de la rentabilité commerciale et l’adaptation au consensus libéralo-sécuritaire ont déjà pesé dans le jugement catastrophique d’Outreau. Plus que la répression des journalistes, c’est leur auto-censure fréquente qui pose problème.

Durant la campagne sur le Traité Constitutionnel Européen La Montagne publie le même jour le compte-rendu de deux réunions : l’une pour le Oui (50 présents), l’autre pour le Non ( 2000 participants).

-  qui bénéficie d’une superbe grande photo légendée en première page ? les 50 du Oui

-  qui est relégué en brève au fond de la sixième page : les 2000 du non.

Est-ce que ce type de désinformation agit sur la conscience collective ? Bien sûr ! Tout bon Français a ingurgité des dizaines de fois des photos, des images télés, des articles, des reportages sur les Allemands de l’Est tués en tentant de passer à l’Ouest. Le nombre de morts mexicains tentant de passer aux Etats-Unis est 20 à 25 fois plus important chaque année ; qui le sait ?

La manipulation de la presse, sous des formes diverses, relève aujourd’hui du grand art et d’une rigueur tout à fait professionnelle. Ainsi, l’agence américaine NED (National Endowment for Democraty) se voit largement gavée en subventions par son gouvernement afin d’aider les « médias » putschistes et d’extrême droite d’Amérique latine. La « liberté de la presse » devient alors la liberté des multinationales et de la droite à utiliser les médias pour préparer les coups d’Etat. Ce fut déjà le cas pour Allende au Chili ; c’est encore le cas pour Chavez que 99% de la presse vénézuélienne vomit chaque jour. Libération, Le Monde et autres médias ont largement repris de cette presse l’accusation ridicule d’anti-sémitisme portée contre Chavez mais guère son appel à un mouvement international authentiquement socialiste.

Pour la « Journée de la liberté de la presse », nous avons eu droit à une campagne énorme dans les journaux et à la télé de Reporters Sans frontières sur les journalistes morts dans le cadre de leur travail. Or, des doutes planent sur la nature de cette association. Ses liens avec le gouvernement et les intérêts américains ainsi que ses méthodes contestables ont amené plusieurs pays (dont le Brésil et l’Afrique du Sud) à engager une procédure de sanction qui s’est conclue par une suspension de son statut d’observateur à l’ONU.

Terminons par un extrait de la chronique de Jean Luc Mélenchon concernant la journée de la presse. Pour lui « La liberté de proposer des candidats » est devenue « une conquête médiatique fondamentale »

« Je pense que la plupart d’entre nous savourons spécialement le rôle des médias dans l’organisation du débat pour l’élection présidentielle alors même que celle-ci n’aura lieu que dans un an. Je trouve que la palette des analyses qui nous sont présentées, la comparaison des programmes, tout cela nous aide beaucoup à nous préparer intelligemment. Je n’oublie pas dans ce coup de chapeau la mention des sommes considérables dédiées à des sondages dont je dois dire qu’ils nous font découvrir à propos de cette élection des aspects et des personnalités auxquelles nous n’aurions jamais pensé sans cela... Bref, je pense que nous avons avec la journée de la liberté de la presse enfin une de ces manifestations qui s’écarte du style convenu des auto célébrations entre jeanfoutres qui se moquent du pauvre monde qu’ils méprisent. Et qui le leur rend bien. Demain c’est la journée mondiale des personnes qui se fourrent le doigt dans l’œil. A ne pas manquer dans chacun de vos journaux préférés ».

Jacques Serieys le 24 juillet 2006

Billet d’humeur supplémentaire : La tonalité pro-israélienne actuelle de la presse contribue à la passivité de l’opinion publique au moment où, en droit international, Israel ne cesse de perpétrer depuis 15 jours, seconde après seconde, des crimes de guerre que la justice poursuivra, un jour, peut-être dans 50 ans, mais sans aucun doute.


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