C’est officiel, depuis lundi soir, le groupe Lagardère a cédé pour 160 millions d’euros ses quotidiens régionaux du sud de la France à Groupe Hersant Média (GHM) de Philippe Hersant, fils du « papivore » Robert Hersant. La Provence, Nice-Matin, Corse-Matin, Var-Matin et le gratuit Marseille Plus changent donc de mains. Lagardère était en négociation exclusive avec GHM depuis le 19 juillet pour la vente de son pôle de presse régionale. Cette vente a été bien accueillie en interne dans les journaux concernés, surtout inquiets du risque d’être vendus au fonds britannique Mecom, qui avait proposé 300 millions d’euros pour le rachat des titres régionaux de Lagardère et ceux voisins du Monde (Midi libre, l’Indépendant...) qui négocient avec le groupe Sud-Ouest.

« Nous considérons comme une bonne nouvelle le fait qu’un spécialiste des médias de proximité reprenne le groupe, mais nous voulons un maintien des effectifs pour les quatre médias du groupe La Provence, soit 230 personnes pour la Provence le journal, la Provence le site Internet, le gratuit Marseille Plus et Marseille Hebdo », a réagi lundi Serge Mercier, représentant du SNJ au comité d’entreprise (CE) de La Provence. La semaine dernière, le CE du groupe La Provence a donné un avis favorable au projet présenté par le président du directoire de GHM, Frédéric Aurand, alors que les syndicats de Nice-Matin se sont abstenus, tout en jugeant « rassurante » la présentation du projet.

« Pendant les vacances, les concentrations continuent, a relevé le SNJ-CGT dans un communiqué rendu public mardi. Cette nouvelle concentration dans la presse quotidienne régionale (...) permet à Philippe Hersant d’effectuer un grand retour après avoir été écarté du rachat des quotidiens du groupe Rhône-Alpes de l’ex-Socpresse (le Progrès, le Dauphiné libéré, le Journal de Saône-et-Loire et le Bien public) au profit du groupe de l’Est Républicain. »

La SNJ-CGT juge que cette opération de concentration « met un peu plus à mal le pluralisme. En effet, rappelle-t-il, le groupe Hersant possède déjà 31 titres de presse quotidienne, parmi lesquels Paris-Normandie, les deux titres du Havre, en Normandie, l’Union-l’Ardennais de Reims et l’Aisne nouvelle, en Champagne-Ardenne, et 6 titres outre-mer, 16 hebdomadaires régionaux sur la côte Atlantique et en Normandie. Le groupe est un acteur majeur de la presse gratuite, avec le groupe Comareg éditant les titres Paru Vendu, distribué dans 260 villes (...). Mais, surtout, le groupe est un opérateur majeur de la télévision locale avec Canal 32, à Troyes, Télé Grenoble, Paris Cap’, Télé Alsace et des participations dans Orléans TV (37,8 %), Cityzen TV, à Hérouville-Saint-Clair et Caen, et Télé Miroir, à Nîmes. » Philippe Hersant, qui est résident suisse, y possède 4 quotidiens.

« Le nombre d’acteurs du secteur est passé en quelques années de 20 à 10, note Jean-Clément Texier, spécialiste des médias, interrogé par le Figaro. En trois ans, le montant des transactions a dépassé 800 millions d’euros. Dans dix ans, le paysage comptera au maximum quatre à cinq acteurs », prévoit-il.

Claude Baudry (dans l’Huma)