Hier, Benjamin Netanyahu a bombardé volontairement le quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dans le sud du pays. Bilan : deux casques bleus blessés. Ce matin, des Casques Bleus ont à nouveau été pris pour cibles. Plusieurs soldats du contingent sri-lankais ont été blessés.
En prenant la Finul pour cible, l’armée israélienne rallonge un peu plus sa liste de violations du droit international dans la région. Pour rappel, 700 Français font partie de la Finul. En juillet 2024 déjà, Jean-Luc Mélenchon alertait à ce sujet.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le génocide mené par Netanyahu à Gaza a tué plus de 200 000 Palestiniens (estimation The Lancet). Au Liban, des massacres de masse ont lieu : 2 000 habitants, dont des femmes et des enfants. Parmi eux, deux Français. Au moins 10 000 personnes ont été blessées. Cette semaine, Netanyahu a menacé de raser le Liban comme il a rasé Gaza. Alors que l’Espagne appelle la communauté internationale à ne plus livrer d’armes à Israël ou que l’Italie convoque son ambassadeur israélien, la France brille par son inaudibilité. Il aura fallu attendre cet après-midi pour que Paris se décide à convoquer l’ambassadeur israélien et à condamner la frappe. Notre article.
Pas une, mais deux. Netanyahu a fait tirer sur les Casques bleus de l’ONU postés au Liban, hier soir et ce matin. « Un obus a visé l’entrée du quartier général de Finul à Naqoura, au même moment qu’un char israélien Merkava a frappé une tour de surveillance près de Tyr », explique le journaliste Arthur Sarradin. Pour rappel, la FINUL a été déployée comme force de maintien de la paix après la dernière guerre de 2006. « Netanyahu fait de nouveau tirer sur la Finul. Délibérément, volontairement. Il rabaisse et ridiculise ainsi les pouvoirs qui pourraient le contredire », dénonce Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.
Enquête. Le phosphore blanc, l’arme incendiaire mortelle utilisée par Netanyahu à Gaza et au Liban->47947]
À Beyrouth, on vit au jour le jour, envahis d’effroi. Zaman Ayach, étudiante, l’explique sur Brut : « La situation est invivable. On est train de suffoquer ici. […] Le sol tremble, les bâtiments tremblent. On a peur que nos propres bâtiments s’effondrent. La banlieue qui est bombardée, c’est à 5 minutes de chez moi ». Les drones israéliens tournent au-dessus des immeubles. « Il y a beaucoup de gens qui pensent à partir. Le problème, c’est l’incertitude. Ça fait peur », témoigne Mona, habitante à Beyrouth pour L’insoumission.fr. Le soir du début de l’invasion israélienne, un message de sa part nous a profondément marqués : « Ça commence… »
Inaudible et complice, la France essaie de se donner bonne conscience Alors que des casques bleus de l’ONU sont désormais des cibles pour Netanyahu, l’Italie a convoqué l’ambassadeur israélien et accuse Israël de possibles « crimes de guerre ». L’Irlande a condamné avec fermeté la frappe contre la FINUL, de même que l’Espagne. Pedro Sánchez, Premier ministre du pays, appelle la communauté internationale à ne plus livrer d’armes à Israël. António Guterres, secrétaire général de l’ONU a qualifié les frappes sur les Casques bleus d’« intolérables » et de « violation du droit humanitaire international ».
La France, elle, a demandé… des « explications » à Netanyahu ; avant de finalement, sûrement sous la pression des autres États européens, convoquer l’ambassadeur israélien cet après-midi. Complice des massacres de Netanyahu du fait des livraisons d’armesà Tsahal, la France essaie de se donner bonne conscience.
Sous Emmanuel Macron, la voix de la France dans le concert des Nations a décliné. Cela n’a jamais été aussi vrai depuis un an. Le « soutien inconditionnel » à Benjamin Netanyahu, les appels au cessez-le-feu de façade, les livraisons d’armes ininterrompues à Tsahal, l’absence de sanctions économiques et la non-reconnaissance de l’État de Palestine ont profondément ridiculisé la France aux yeux des pays du Proche et Moyen-Orient. Des positions allant même à l’encontre de la politique étrangère traditionnelle de la France. À tel point que les diplomates du Quai d’Orsay s’étaient fendus d’une lettre ouverte pour le dénoncer.
Inaudible et complice des massages de Netanyahu dans la région, la France dirigée par Emmanuel Macron abandonne un pays ami, le Liban. De son côté, LFI et Jean-Luc Mélenchon alertent depuis des mois. En novembre 2023, le leader insoumis faisait déjà part de son inquiétude, face à un embrasement généralisé du Proche-Orient. En juillet 2024, Jean-Luc Mélenchon prévoyait déjà comment la situation pouvait dégénérer. « S’il y a une intervention de l’armée israélienne au Liban, les Français sont en première ligne. Nous avons 700 casques bleus sur place. S’ils reçoivent un coup, quelle doit être la réaction de la France ? ». Cette question conclura cet article. M. Macron, comment réagir la France si des casques bleus français sont touchés ?
Par Nadim Février
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