Retailleau parle comme l’extrême droite, la macronie se fracasse

dimanche 6 octobre 2024.
 

Nouvelle fissure dans les cales du Titanic. Le responsable ? Bruno Retailleau, le successeur de Darmanin à l’Intérieur. Dans les propres rangs de la macronie et ses alliés, les dernières déclarations de l’homme de « l’ordre, l’ordre, l’ordre ! » ne passent pas. Pour Bruno Retailleau, l’État de droit « n’est pas intangible ni sacré ». La phrase de trop ?

Les alliés du nouveau ministre s’étaient tenus bien sages pour ses précédentes sorties réactionnaires. Après « les belles heures de la colonisation » et les habitants des quartiers populaires qui « régressent vers les origines ethniques », Bruno Retailleau récidive. L’État de droit, fondement de la démocratie, de la séparation des pouvoirs et de la protection des libertés individuelles, est aujourd’hui ciblé par le ministre de l’Intérieur.

A-t-il oublié que l’une de ses fonctions est d’être le « garant du libre exercice et du respect des libertés publiques » ? Va-t-il prochainement réinstaurer le service du travail obligatoire (STO) ? Même pour la macronie, la pilule Retailleau ne passe plus. Pour preuve, même la très réactionnaire Yaël Braun-Pivet l’a taclé sans détours : « Lorsque la situation est tendue, lorsqu’il y a des crises, il ne faut surtout pas remettre en cause l’État de droit ». Idem pour le député Sacha Houlié se disant « consterné par la gravité et l’accumulation des déclarations scandaleuses du nouveau ministre de l’Intérieur ».

L’ancienne première ministre Elisabeth Borne n’a pas mâché ses mots non plus : « Quand on est aux responsabilités, il faut absolument avoir des propos apaisants, éviter des propos clivants, a fortiori quand on est face à l’Assemblée telle qu’elle se présente aujourd’hui ». Un comble, lorsque l’on sait toutes les atteintes à l’État de droit, déjà orchestrées maintes fois par les nouveaux détracteurs de Bruno Retailleau. Notre article.

Panique en macronie : les saillies d’extrême droite de Retailleau fracturent le camp présidentiel Une interview sur LCI en direct et en grande pompe, une longue interview au Journal du Dimanche… Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’Intérieur, a lancé son offensive. Homme fort de ce nouveau gouvernement à la durée de vie pourtant limitée, celui-ci compte bien affirmer sa place et peser de tout son poids en défendant ses idées ultra-réactionnaires. Sur LCI, il a réaffirmé son opposition au mariage pour tous et à la PMA. « L’immigration n’est pas une chance » pour la France, élucubrations sur une soi-disante culture judéo-chrétienne en France, attaques frontales contre l’État de droit, pourtant pilier de notre démocratie, dénonciation d’une société multiculturelle soi-disant créatrice de racisme…

Même pour les macronistes sans colonne vertébrale idéologique, cela fait trop de couleuvres à avaler. Yaël Braun-Pivet, Élisabeth Borne, Sacha Houlié, mais aussi Prisca Thévenot, ancienne porte-parole du gouvernement, sont sortis du bois pour dénoncer les saillies d’extrême droite de Bruno Retailleau. Point culminant de ces critiques : la menace d’un vote de censure de la part de Sacha Houlié : « J’observe dans ce cas précis l’absence de recadrage valant approbation du Premier Ministre et je sais, selon les principes élémentaires, que tous les ministres sont solidairement tenus par ses propos. En conséquence, sans autre forme de réaction de l’exécutif, cette politique justifie à elle seule la censure du gouvernement. »


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