Mes abeilles ne veulent pas mourir !

samedi 1er avril 2023.
 

Depuis une cinquantaine d’années, deux colonies d’abeilles ont choisi de s’installer au-dessus de mon bureau, dans le faux plafond. Chacune dispose d’une petite entrée par l’extérieur (un petit trou dans le mur côté Sud, un passage sous les lauzes les plus basses côté Nord) et de plusieurs sorties vers l’intérieur de la maison.

Il s’agit d’abeilles noires, c’est à dire la variété d’origine en France et plusieurs pays proches. Elles ne prennent absolument pas en compte la présence d’humains dans leur rayon d’action. Personne de notre famille n’a jamais été piqué, même en étendant ou ramassant le linge à 50 centimètres de leur habitat, même lorsque je suis obligé de les sortir du clavier pour pouvoir continuer à utiliser l’ordinateur.

Je lis sur les pages spécialisées du web que cette espèce mellifera mellifera est peu essaimeuse, c’est à dire que les essaims se subdivisent peu au printemps pour former de nouvelles colonies ; pourtant, j’ai vu partir sept nouveaux essaims en un week-end voici quelques années.

Ces insectes posent-ils des problèmes aux humains ? Très minimes. Par exemple, si un drap jaune ou vert clair est étendu pour sécher le jour où elles décident de sortir de leur hivernage, il sera vite décoré de milliers de petites crottes jaunes. Ce n’est pas bien méchant puisque le drap passé à nouveau par la machine à laver ne garde aucune trace.

J’ai lu et entendu plusieurs fois que les frelons asiatiques constituent un danger considérable pour les colonies d’abeilles de nos régions. Sur la base de mon expérience locale, je ne le crois pas. Un essaim de ces frelons s’était formé ces dernières années sur un arbre à quinze mètres de mes abeilles. Lorsque un de ces frelons entrait dans le jardin, en particulier s’il approchait de leur antre, des abeilles l’attaquaient, généralement à une dizaine, pas plus, mais selon la technique des corbeaux face aux buses, c’est à dire par dessus, par dessous, par le côté en même temps ; j’ai toujours vu le frelon partir même s’il tuait quelques combattantes.

L’emprise des humains sur le cadre naturel est bien plus destructrice. En vingt ans, elles ont subi quatre attaques considérées comme définitivement mortelles. La dernière survint du fait d’un couvreur qui ne voulait pas travailler sur le toit du voisin sans exterminer mes abeilles. J’ai cherché plusieurs solutions pour éviter leur extermination. Elles ne furent pas tentées par les ruches appâtées placées par un apiculteur. Il s’avéra également impossible de les prendre vu l’emplacement des essaims entre faux plafond, trous dans un mur en pierre et ancien conduit de cheminée.

Pour agréer au voisin comme au couvreur, j’ai donc laissé boucher tous les trous extérieurs et intérieurs puis enfumer les abeilles par un produit à la dose mortelle habituelle multipliée par trois contenue dans des vaporisateurs puissants. Notre famille a quitté la maison toute la journée afin de ne pas en inhaler. Des dizaines de milliers d’abeilles moururent mais quelques centaines survécurent. Assez rapidement, les colonies se sont reconstituées, essaimant même chaque printemps.

Lorsqu’une partie de la colonie va quitter l’essaim autour d’une reine pour former une nouvelle colonie ailleurs, j’entends toujours un vrombissement puissant (type avion préparant le décollage) comme si elles chauffaient les moteurs. Je me permets d’informer le néophyte du fait qu’une reine pond entre 1500 et 2000 oeufs par jour au printemps ; aussi, la création de nouveaux essaims est nécessaire.

Ce 1er juin 2013, je manifestais à Toulouse (lever à 5h30, retour à 22 h 30). Pendant mon absence, Anne Marie aperçut soudain une énorme colonie d’abeilles dans le cerisier derrière la maison. Elle en informa un apiculteur qui avait perdu 25 ruches sur 26 ces dernières années du fait des maladies dont tout le monde a entendu parler. Il est venu rapidement. L’essaim venait de quitter la colonie mère ; il était énorme, disposé en U, une partie disposée sur deux branches de cerisier, une autre liant les deux premières autour d’un rosier. Avec l’aide de Bertran, l’apiculteur plaça un panier renversé en osier au dessus de l’essaim légèrement enfumé avec des branchettes. Pour fuir la fumée les abeilles sont montées dans le panier ; il a suffi que la reine se soit installée là pour que l’essaim ne parte plus et pouvoir l’ emporter dans une ruche. Un second essaim s’était installé tout en haut d’un piquet en fer, à environ 15 mètres de haut ; d’après l’apiculteur, il s’agissait d’un essaim formé autour d’une reine immature d’où plusieurs bizarreries, en particulier l’emplacement. Avec plus de difficulté, l’essaim s’est retrouvé lui aussi dans un panier en osier ; destination : les ruches. Comme toujours, il restait ce matin environ une centaine d’abeilles ayant raté la transplantation.

Quelle a été ma première préoccupation le matin du 2 juin ? Aller constater s’il restait bien deux essaims comme d’habitude après l’essaimage, l’un au Nord, l’autre au Sud. C’est bien le cas. Il faut dire que je les gâte. Par exemple, j’ai bouché leurs portes vers l’intérieur de la maison par de fines toiles de gaze pour que leurs essaims ne manquent pas d’aération mais qu’elles ne m’envahissent pas trop si je veux allumer l’ordinateur à minuit (elles sont assez attirées par la lumière croyant qu’il s’agit du lever du soleil). Ce système ne sert à rien l’été lorsque nous sommes obligés d’ouvrir les fenêtres en raison de la chaleur.

Le 3 juin vers 13 heures, un nuage d’abeilles couvre à nouveau le jardin. Pendant environ vingt minutes, elles volent en tous sens. Ensuite, un essaim commence à se former autour de la nouvelle reine ; l’essaim grossit, grossit au point de rassembler tous les insectes. Surprise ! il se divise en deux essaims posés sur un jeune pêcher à cinquante centimètres de distance. J’informe à nouveau l’apiculteur pour réaliser les mêmes opérations que l’avant-veille. Nouvelle surprise ! Soudain, les deux essaims se rassemblent à la pointe d’une autre branche du pêcher ; qui donc a pu donner un seul ordre à deux groupes, ordre aussi rapidement exécuté ? Lorsque l’apiculteur arrive, il estime l’essaim entre 15000 et 20000 insectes. Comme il est posé à seulement 1m50 de hauteur, il suffit de poser une ruche ouverte sur les rayons, de couper la branche concernée puis de la poser sur la ruche. Rapidement, le plus grand nombre d’abeilles entre dans la ruche qu’il suffit de refermer au bout d’un quart d’heure pour le porter dans une ruche définitive.

Je les aime bien ces abeilles. Elles permettent la pollinisation du cerisier du jardin, pourtant le seul à cent mètres à la ronde ; cette année, il est chargé de fruits. Elles permettent également la pollinisation du poirier, pourtant tout aussi isolé...

Conclusion : si vous voulez vivre heureux, installez quelques colonies d’abeilles au plafond de votre bureau.

Jacques Serieys

B) Le déclin mondial des pollinisateurs n’est pas une fatalité

par Béatrice Robrolle-Mary, cofondatrice et présidente de Terre d’abeilles

Les chiffres de l’ONU sont sans appel  : «  Sur les cent espèces végétales qui fournissent 90 % de la nourriture dans le monde, plus de 70 % dépendent des abeilles pour leur pollinisation  », a insisté le directeur du PNUE, Achim Steiner, à l’occasion de la sortie du rapport rendu public en mars 2011 – ajoutant que «  la manière dont l’humanité gère, ou gère mal, le potentiel de la nature, notamment les pollinisateurs, définira en partie notre avenir collectif au cours du XXIe siècle  ».

Les spécialistes en matière de pollinisation de l’Inra d’Avignon sont également formels  : 84 % des espèces de plantes à fleurs répertoriées sur notre Terre ont besoin des abeilles et 85 % des plantes cultivées en Europe ne survivraient pas sans ce service de pollinisation irremplaçable qu’assurent les butineuses… depuis la nuit des temps  ! Apparues 100 à 150 millions d’années avant l’homme, selon les scientifiques, les abeilles ont permis l’évolution des plantes à fleurs et en garantissent aussi la survie.

Les abeilles ont ainsi survécu aux bouleversements climatiques successifs, montrant une capacité d’adaptation surprenante de la part d’un insecte dont le poids moyen est d’un dixième de gramme.

Pourtant, les apiculteurs sont inquiets… Lanceurs d’alerte depuis plus de quinze ans contre les effets dévastateurs de l’agrochimie constatés sur leurs colonies, ils dénoncent aussi des dysfonctionnements majeurs dans le processus d’autorisation de mise sur le marché des pesticides, une faillite gravissime en matière d’évaluation du risque, des conflits d’intérêts dans les processus d’homologation et de commercialisation de ces produits appelés phytopharmaceutiques dont dépendent les filières agricoles «  conventionnelles  ». Et alors que ces faits sont aujourd’hui admis par les pouvoirs publics, les apiculteurs attendent encore les mesures réellement utiles qui leur permettraient de réenvisager durablement l’avenir.

Le déclin mondial des pollinisateurs n’a rien d’une fatalité  : ses causes sont désormais scientifiquement identifiées. Avec la toxicité surmultipliée des pesticides et de nouvelles technologies d’application, il s’accélère depuis plus d’une dizaine d’années… mais il est encore possible de l’enrayer. Au moyen de décisions politiques courageuses, fondées sur une reconnaissance objective des causes du désastre et une volonté délibérée de les faire cesser, par la transformation radicale de notre modèle agricole dans l’intérêt général – pour qu’il puisse offrir aux pollinisateurs des fleurs saines à butiner, garantir aux consommateurs plus de sécurité sanitaire et assurer fondamentalement aux populations leur indépendance alimentaire. Enrayer le déclin des abeilles, c’est mettre un terme à la dictature agrochimique qui fait la pluie et le beau temps sur la planète depuis plus d’un demi-siècle, qui entretient, parallèlement, le marché du médicament par la dépendance de malades de plus en plus jeunes et en constante augmentation, atteints de problèmes irréversibles liés à la dégradation de notre environnement  : eau, air, sol.

Tant que perdure ce fléau qui condamne aussi les générations futures, aucune loi ne saurait avoir d’effet notoire sur la biodiversité. Car sans abeilles, il n’est plus de biodiversité. Sans abeilles, il n’est plus de fleurs, ni parfums, ni saveurs. Sans abeilles, il n’est plus de graines, ni d’animaux granivores. Sans abeilles, c’est la flore et la faune qui disparaissent peu à peu. Et l’humanité avec elles. Les abeilles sont notre avenir. L’apiculture, la voie de leur restauration, et l’agroécologie, leur seul partenaire durable. Les politiques l’admettront-ils avant qu’il ne soit vraiment trop tard  ?

C) Le signal d’alarme a été donné par l’abeille domestique

par Axel Decourtye et Yves 
Le Conte, responsable et coresponsable de l’UMT protection des abeilles dans l’environnement à Avignon

Il existe environ 20 000 espèces d’abeilles répertoriées dans le monde, elles présentent une large diversité de formes, de tailles et de modes de vie. Plus de 80 % des espèces sont solitaires, mais les plus connues vivent en société  : l’abeille produisant le miel et les bourdons. Toutes ces abeilles constituent la grande partie des forces de pollinisation des plantes à fleurs. Depuis près de 120 millions d’années, ces pollinisateurs évoluent avec les fleurs pour assurer le transfert du pollen vers le pistil, assurant ainsi la fécondation de la plante. La récompense pour les abeilles  : le pollen et le nectar des fleurs, qui constituent l’essentiel de leur alimentation. Alors que certaines plantes comme les graminées (le blé, l’orge, l’avoine…) par exemple n’ont pas besoin de pollinisateur car le transfert du pollen est assuré passivement, d’autres en ont absolument besoin. Ainsi, on estime que les insectes contribuent à la survie de 80 % des plantes à fleurs  : un impact écologique majeur. Les pollinisateurs sont essentiels à l’agriculture  : environ 36 % de ce que nous mangeons dépend directement du service de pollinisation des abeilles et 85 % des plantes cultivées en dépendent également. La valeur du service de pollinisation a été estimée à 153 milliards d’euros dans le monde. La disparition progressive des pollinisateurs aurait donc un impact majeur sur la survie de ces plantes, ce qui représente un enjeu écologique et agricole considérable.

Depuis plus de quinze années, les populations d’abeilles subissent de lourdes pertes dans la majeure partie du monde. Cela est particulièrement vrai pour l’abeille mellifère Apis mellifera, espèce utilisée par les apiculteurs pour produire miel, cire et autres produits de la ruche et pour assurer le service de pollinisation des cultures. Si ces services sont assurés par l’ensemble des espèces pollinisatrices, l’abeille mellifère en est un acteur majeur. Le déclin des abeilles est vérifié scientifiquement. Le signal d’alarme a été donné par l’abeille domestique, qui perd environ 20 à 30 % de ses colonies chaque année, que les apiculteurs doivent reconstituer dans beaucoup de pays européens.

Ce déclin n’est pas dû à un seul facteur mais à l’action conjuguée de nombreux stress. Parmi eux, les pesticides utilisés en agriculture, de nombreux agents pathogènes et parasites, ainsi que le manque de nourriture sont des facteurs admis pour expliquer le phénomène. Il existe de nombreux pesticides (insecticides, fongicides et herbicides) auxquels les abeilles sont exposées et qui constituent un cocktail qui peut être mortel. Vingt-deux virus, plusieurs bactéries pathogènes, des prédateurs (comme le frelon asiatique nouvellement introduit en France) s’associent au varroa (un acarien parasite omniprésent qui tue les colonies) et interagissent sur la santé des abeilles. L’appauvrissement de la flore dû à la simplification des paysages agricoles et à l’expansion des zones urbaines réduit la nourriture disponible pour les abeilles. Les autres espèces d’abeilles sauvages subissent également l’effet des pesticides, des pathogènes (dont certains sont communs avec l’abeille mellifère) et du manque de nourriture ou de lieux de nidification. Les solutions sont connues  : limiter l’emploi de pesticides, lutter contre les agents pathogènes des abeilles et leur fournir un habitat plus adapté et non pollué.

D) Les pollinisateurs sont un maillon indispensable à l’équilibre de nos écosystèmes

par Laurence Abeille, députée Europe Écologie-les Verts du Val-de-Marne

Les écologistes, mais aussi les scientifiques, en sont certains. Nous vivons actuellement la 6e crise massive d’extinction des espèces, et la disparition des espèces animales et végétales a lieu actuellement à un rythme 1 000 fois plus rapide que le rythme naturel. Les pollinisateurs sont un maillon indispensable de l’équilibre de nos écosystèmes, dont nous connaissons la fragilité sans en comprendre encore tous les mécanismes. Sans abeilles, nos écosystèmes, et donc nos sociétés humaines qui dépendent des écosystèmes, seraient complètement déstabilisés, notamment du point de vue alimentaire. Nous ne pouvons pas attendre sans agir, c’est la survie de l’humanité qui est en jeu.

C’est pourquoi, dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité, j’ai proposé de protéger certaines espèces en raison de leur rôle indispensable dans les écosystèmes  : je visais avant tout les pollinisateurs, mais cette protection peut aussi s’appliquer au ver de terre – espèce essentielle pour la préservation des fonctions écosystémiques des sols – ou encore aux coccinelles. En effet, si toutes les espèces sont indispensables tant les interactions au sein des écosystèmes sont nombreuses, variées, et encore largement méconnues, nous savons que la disparition de certaines espèces serait catastrophique. Le statut d’espèce protégée que j’ai proposé a été adopté en commission en juin 2014, mais il a été repoussé en séance publique tout récemment. En seconde lecture à l’Assemblée, je compte bien revenir sur la façon dont on entend protéger les pollinisateurs.

Mais pour bien les protéger, on doit savoir pourquoi les abeilles disparaissent. Plusieurs causes sont avancées  : frelon asiatique, problème de gestion des ruches, parasites comme le varroa, etc. Mais le problème principal, nous le connaissons  : les pesticides, notamment ceux de la famille des néonicotinoïdes.

Le but d’un pesticide insecticide est de tuer les insectes, il est donc évident que cela affecte les abeilles. Dans le cas des néonicotinoïdes, l’effet est encore pire. Cette classe de pesticide agit sur le système nerveux central. Les abeilles sont alors incapables de se localiser, de retourner à leur ruche, et meurent d’épuisement, comme l’ont prouvé de nombreuses études scientifiques. Lorsque la toxicité des pesticides est évaluée, il n’est pas tenu compte de cet effet «  sub-létal  »  : l’abeille ne mourant pas immédiatement, on en déduit que le produit n’est pas suffisamment toxique pour être interdit. Surtout, ces pesticides sont «  systémiques  »  : le pesticide enrobe la graine et se diffuse tout au long du cycle de vie de la plante. L’effet délétère du pesticide est donc permanent.

Dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité, les députés écologistes et une partie des socialistes ont voté l’interdiction à compter de 2016 des pesticides néonicotinoïdes, contre l’avis du gouvernement et de la commission. Ce texte de loi est encore en cours d’examen et l’interdiction risque d’être remise en cause – le lobby de l’agriculture intensive est puissant  ! –, mais ce vote est un signal fort et, sur ce sujet essentiel, les écologistes ne se contenteront pas de demi-mesures. Nous souhaitons même aller plus loin en supprimant l’ensemble des pesticides, et mettre en place la transition nécessaire vers l’agriculture biologique qui peut nourrir le monde tout en préservant l’environnement et la biodiversité. Ayons le courage politique d’aller de l’avant  !

Il est urgent de mieux comprendre et surtout d’agir ensemble par Eugénie Pommaret, directrice générale de l’UIPP

Un monde sans abeilles n’est tout simplement pas envisageable. Car cela signifierait un monde sans agriculture. Donc sans alimentation.

Plus de 70 % des cultures, dont presque tous les fruits, légumes, oléagineux et protéagineux, ainsi que les épices, le café et le cacao dépendent très fortement des 
insectes pollinisateurs, sauvages ou domestiques, dont les abeilles.

Au-delà du symbole de la biodiversité qu’elles représentent, les abeilles sont essentielles à notre alimentation, tant sur le plan de sa diversité que des quantités qui doivent être produites pour permettre à l’humanité de se nourrir. Pour nos entreprises, acteurs à part entière de la filière agricole, la préservation de la biodiversité ne fait pas débat, de même que la protection des cultures est une impérative nécessité.

C’est là tout l’enjeu de l’activité de notre secteur  : permettre aux agriculteurs de ne pas avoir à choisir entre la qualité et la sécurité de leurs récoltes, ou la préservation de la faune et de la flore, elle-même bénéfique pour leurs terres et leurs productions.

C’est pour garantir cet équilibre subtil que la conception de tout produit phyto s’appuie sur une forte innovation, pan majeur de notre secteur. Tous nos produits, qu’ils soient de synthèse, d’origine naturelle utilisés en bio (cuivre, soufre…) ou encore de bio-contrôle comme les phéromones, font l’objet d’une batterie de tests de sécurité extrêmement exigeants  : 300 en moyenne, durant une dizaine d’années avant leur mise sur le marché. Et 40 % des études sont spécifiquement dédiées à l’observation de leur comportement dans l’environnement  : biodiversité, sol, air, eau.

Aujourd’hui, chaque nouveau produit, avant de pouvoir envisager sa mise sur le marché, doit avoir apporté la garantie que son action ne cible que ce pour quoi il a été conçu  : lutter contre les ravageurs des cultures, sans nuire aux autres organismes vivants non ciblés (vers de terre, oiseaux, insectes pollinisateurs…).

Au-delà du développement des produits, une mission essentielle de notre profession est de mettre au point et promouvoir des pratiques agricoles équilibrées. À titre d’exemple, des recommandations précises sont données pour une utilisation de nos produits uniquement lors des périodes où les pollinisateurs ne butinent pas. Nous soutenons les initiatives des agriculteurs qui agissent pour faciliter l’alimentation des abeilles, en implantant des haies, en mettant en place des jachères apicoles  : ce que l’on appelle les jachères fleuries, ou encore en cultivant des plantes attractives pour les insectes pollinisateurs (par exemple les légumineuses ou les cultures fruitières). Notre filière est convaincue que l’objectif de l’agriculture de demain est l’alimentation durable  : qualité, quantité et prix abordables pour le consommateur, mais aussi pratiques agricoles respectueuses de la santé de l’homme, des animaux, des ressources naturelles et de la biodiversité, tout en étant suffisamment productive et compétitive. 
Et si la grande majorité des scientifiques s’accordent à dire que la préservation des insectes pollinisateurs est un sujet à appréhender sous un angle multifactoriel, il est urgent de mieux comprendre et surtout d’agir ensemble pour accélérer les actions déjà engagées.


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